Chapitre 2 : Fleur fanée

17 0 0
                                    

Ça aura donc finit comme ça. On représente souvent la mort dans une grande lumière blanche dans laquelle nous apercevons les êtres que nous aimons avant de s'en aller définitivement.

Mais Malia ne voit aucune lumière blanche. Elle se trouve en fait actuellement dans un vide noir. Elle a peur et ne voit rien autour d'elle. Elle ne marche pas. Son corps flotte en suspension. Il n'y a personne. Elle voit ressortir tout un côté sombre en elle. Tout ce qu'elle a pu vivre de plus horrible dans sa vie refait surface. Elle commence alors à entendre des cris autour d'elle, et ressent comme si une présence voire plusieurs l'effleuraient dans un rapide mouvement. Elle se sent oppressée. Serait-ce alors comme ça que nous arrivons en enfer ? Non, elle ne peut pas être en enfer. Elle a pu mal agir dans sa vie et ne pas toujours prendre les bonnes décisions, mais au fond d'elle-même elle sait qu'elle a toujours été d'une sensibilité pure pour les choses et pour les gens. Elle s'est juste laissée emportée par le temps parce que les choses et les gens n'ont pas été d'une sensibilité pure envers elle.

Elle se retrouve donc ce 18 novembre 2016

dans un immense vide noir par lequel elle se sent complètement enfermée. Les muscles de sa poitrine se contractent comme si l'air se resserrait sur elle. Tout s'accélère : les mouvements autour d'elle la font vaciller, les cris deviennent de plus en plus forts. C'en est trop. Elle sent qu'elle va exploser. Malia émet alors un hurlement qui semble provenir des profondeurs de ses entrailles qui résonne fort et longtemps et devient de plus en plus sourd.  Mais d'horribles souvenirs continuent à refaire surface. Ils défilent autour d'elle comme des forces démoniaques.

Elle se dit alors à ce moment-là qu'elle est morte alors qu'aucun de ses rêves ne fut réalisé. Au contraire elle s'est laissé moisir dans une dépression depuis le plus jeune âge. Elle a été trimbalée pour voir des milliers de psychologues alors qu'elle-même ne comprenait pas en quoi elle devait y aller. Trouver quelqu'un qui la comprenne était alors devenu un espoir mort depuis bien des années. C'était ça la réalité derrière son sourire enjoué. Elle était le profil type de la belle jeune fille douce et aimante avec des boucles d'un blond doré et de jolis yeux bleus. Sa peau était pale et fragile comme de la porcelaine. Malia était le genre de fille qui paraissait s'attacher aux gens et vouloir toujours les faire passer avant elle-même. Elle se démenait afin de toujours se montrer sous son meilleur jour, était tout le temps en train de rire avec les autres. Comme hyperactive, elle s'attachait à une vie ou elle laissait les événements s'enchaîner le plus vite possible afin de diminuer ses moments de souffrance. Mais cela l'aura détruite. Au fond d'elle-même elle détestait la forme qu'avait pu prendre l'humanité. Elle détestait les humains plus qu'autre chose. Parfois, en cours ou dans le métro, il lui arrivait de fixer les gens et de se rendre compte à quel point ils pouvaient être débiles. Oui, elle les trouvait vraiment stupides.

Pour elle le monde ne valait rien. La société n'était qu'une cruelle manière de contrôler les gens de la manière la plus horrible qu'il soit. Elle ressentait juste constamment une rage envers les gens parce qu'elle se sentait attaquée par tous et par tout le monde. Ses pensées étaient remplies de frustration envers les hommes qui refusaient d'entendre ses cris de détresse. Comment le monde avait-il pu tourner ainsi ? Comment l'humanité s'était autant laissée emportée par l'égoïsme et la violence ? Parfois elle n'arrivait plus à sourire à tout le monde, mais elle se trouvait alors prise d'une tristesse dont elle avait l'impression qu'elle n'en sortirait jamais. Elle s'isolait donc seule pendant quelques heures, allait se promener pour s'échapper comme elle avait pu le faire plus tôt dans la journée. Parfois savoir qu'elle était différente l'anéantissait plus que tout, mais d'un autre coté elle se sentait fière et se réjouissait de ne pas faire partie de tous ces gens qu'elle trouve si stupides. Il peut paraitre bien narcissique de penser comme ça, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver qu'il y avait les gens qui vivaient dans la normalité, et d'autres qui étaient emmêlés tout comme elle dans des tourbillons de réflexions et de sentiments beaucoup plus profonds.

Le temps n'existait plus. Elle continuait de flotter en suspension dans ce vide noir. Un silence profond avait pris place, qui dura des heures, des jours peut-être même. Malia s'était laissée abandonnée à sa mort par épuisement. Elle aura donc fini comme ça. Sans rêve, sans but, sans rien. Seule. Dans le noir. Comme elle s'était toujours sentie à l'intérieur d'elle-même.

Oui, ça aura donc fini comme ça.

MataraWhere stories live. Discover now