Chapitre 5 : Lettre ébranlante (2)

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Ma fille. Je ne pourrais tout t'expliquer en une simple lettre. Mais des personnes en qui j'ai confiance s'occuperont de toi. Je suppose que le petit Zachary que j'avais recueilli sous mon toit à la mort de ses parents a du bien grandir. Il saura te guider et t'aider à t'adapter à Matara. Je vais alors seulement t'expliquer les événements tragiques qui ont eu lieu à ta naissance, et qui m'ont forcé à me séparer de ta mère, ta sœur et toi.

La famille Soluna qui descend de la petite fille dont je t'ai conté l'histoire plus tôt possède un pouvoir naturel beaucoup plus intense et puissant que les autres. En effet, nous ne sommes pas rattachés à un élément particulier de la nature, mais nous sommes la nature elle-même. Notre force provient de chaque microcellule dont est faite la Terre, mais aussi l'univers. Nous sommes reconnaissables par cette légère poussière dorée qui émane des gestes de notre corps lorsque nous passons à l'acte. Cependant, certains d'entre nous dans certaines générations se sont vu accorder un pouvoir différent, mais tout aussi puissant, voir plus. C'est le pouvoir que possédait Amattia. Comme je te l'ai dit, nos pouvoirs s'accordent avec chaque éléments de la nature, et rentre en rythme avec le cycle même de l'univers, s'accordant parfaitement avec la rotation de chaque planètes de la galaxie, en osmose avec chaque étoile du ciel. Seulement, le pouvoir d'Amattia était plus fort encore : elle ne faisant pas qu'entrer en concordance avec l'univers, mais pouvait influencer le cours des cycles, les modifier et les ré ajuster si besoin. Ne trouves-tu pas étrange que seul le bateau sur lequel elle se trouvait avec son village ait pu aborder une île, et n'ai pas dérivé dans la mer comme tant d'autres ?

Seulement, rares sont les membres de notre famille qui ont eu ce pouvoir durant ces derniers siècles. Mais ta grand-mère elle, Irmis, en fait partie. Elle eut deux enfants : Matrina, ma sœur, et moi-même. Aucun de nous deux n'avons hérité de cette force. A défaut de cela, nous avons tous deux été très interrogés par la provenance de ce pouvoir, au point de nous demander s'il était possible de l'éveiller au cours de notre vie, où s'il n'était attribué qu'à la naissance. Il est vrai que la base des pouvoirs des habitants de Matara provient de la nature, et s'accorde avec ses éléments. Or ce pouvoir semble être plus fort encore que la force que la nature nous donne, donc il devenait intrigant pour nous de savoir d'où provenait cette force. De plus, nous avions toujours eu l'impression que notre mère nous cachait quelque chose, que ce soit positif ou négatif. Elle disparaissait dans la montagne durant plusieurs jours, sans jamais nous dire ce qu'elle y faisait. Nous avons essayé de la suivre plusieurs fois, mais elle réussissait à se volatiliser et à nous échapper. Un jour, nous décidâmes de le lui demander directement. Elle nous prit dans ses bras, et doucement, nous expliqua que les autres populations présentes sur Terre enchainaient depuis trop longtemps des blessures à la nature, qui pour se défendre, était obligée de leur infliger des blessures en retour comme de violentes tempêtes, des tsunamis où encore des inondations. Les cycles de vie de l'univers s'en trouvaient bien souvent déréglés, c'est pour cela qu'Irmis partait s'isoler de temps à autre pour les aider à se réajuster, quand elle sentait que la Terre allait trop à contresens dans l'univers. Cette explication me suffit amplement, et je grandis sans jamais plus me poser de questions, en faisant pleinement confiance à ma mère, et en admirant le rôle qu'elle endossait à elle seule pour le monde entier.

Mais Matrina ne s'en contenta pas, et sans que je le sache continua pendant des années à faire ses recherches, persuadée qu'un jour elle arriverait à devenir aussi puissante que notre mère.

Les années passèrent, et je fus nommé chef du village à 21ans, lorsqu'Irmis décida qu'il était temps pour elle de laisser sa place afin de se reposer pour le restant de sa vie. Je me mariai ensuite avec ta mère, avec qui j'eu d'abord ta sœur, puis toi, qui naquit l'année de mes 30ans. Le jour de ta naissance, en allant rejoindre ma mère pour lui annoncer la nouvelle, je la surpris en train de pleurer. Elle se tenait sur un balcon dans ses appartements, au clair de lune, et semblait communiquer avec les astres. Remarquant ma présence, elle sécha ses larmes, et en posant sa main sur mon épaule, elle me murmura : « nous entrons dans l'ère du changement, celui qui n'épargnera personne. ». Puis, avant même que je prononce un mot, elle dit « allons voir ta fille, la lune souhaiterai la bénir de sa protection. »

MataraWhere stories live. Discover now