Retour dans le passé (Première Partie)

712 59 1
                                    

Ndoura Niass (Mère de Fatima Sow)

(19 ans auparavant)

Je m'appelle Ndoura Niass, une jeune femme issue d'une famille niassène. Je suis née à Taïba Niasséne, un petit village non loin de Kaolack. J'y ai passé toute mon enfance. À mes 18ans, juste après le décès de mon grand-père, mon papa a été affecté à Dakar, raison pour laquelle, avec ma maman, nous avions tous aménagé là-bas afin que je puisse continuer mes études à L'UCAD. Ce fut un nouveau départ pour moi, car les modes de vie avaient changé. En effet , à Taïba Niassène, on vivait en communauté, nous étions une très grande famille, tandis qu'à Dakar, bop sa bop leu (chacun pour soi ). Mon papa lui, avait pu y gagner un très grand marché, d'où l'obtention de son entreprise , l'une des plus renommées de Dakar d'ailleurs. J'étais tellement fière de cet homme, mon repère, mon meilleur ami. Il ne voulait que je manque de rien, il était toujours là pour moi , pour me consoler et me tirer vers le haut. Qu'en est-il de ma mère ? Ah ! Cette femme, une vrai maman poule, aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Trois ans plus tard, me voici pleins de regrets et d'amertumes face à ses souvenirs. Un véritable amour m'a coûté ma propre famille. J'ignore si je les reverrai un jour... Aujourd'hui, je vis à Ndioum, un village peulh du Ferlo. Je suis mariée à Hemetel Sow, et mère d'une magnifique petite fille, Fatima Sow.

Hametel Sow (Papa de Fatima Sow)

Je suis Hametel Sow, le mari de Ndoura Niass. Vous vous demanderez sûrement comment ça se fait que Ndoura se retrouve aujourd'hui au village, avec un mari et un enfant. Eh bien je vais vous raconter notre histoire.
En effet, lorsqu'elle étudiait à L'UCAD, moi je n'étais qu'un vendeur de fruits. À l'époque, j'avais quitté le domicile familial à la recherche d'un boulot. C'est grâce à un oncle que j'ai pu devenir un vendeur. Avec Ndoura, ce fut le coup de foudre, on s'est aimés à la seconde où on s'est rencontrés. Au début je n'avais pas le courage de lui avouer mes sentiments, j'avais peur qu'elle n'accepte pas mon statut social parce qu'elle faisait partie des familles les plus riches de Dakar. Avec le temps, elle s'est ouverte à moi, et m'a donné la chance de sortir avec elle. Je n'avais jamais rencontré auparavant une femme aussi belle, simple et humble à la fois. Elle avait tous les caractères pouvant plaire à un homme, une vrai princesse, ma LINGUÈRE. J'avais prévu de la marier juste après son master. Mais le destin en avait décidé autrement, nous avions eu un enfant, hors mariage. Et j'aurais préféré que les choses soient différentes, parce qu'à cause de cet incident, Ndoura fut déshéritée par sa famille. De mon côté, mes parents ne voulaient pas que je l'épouse, pensant qu'elle était comme certaines : une traînée mais aussi parce que j'avais déjà une promise, Aminata Campbell Sow, la nièce de mon père.
Ensemble, nous avions parcouru épines et ténèbres jusqu'à la naissance de notre fille, Fatima.
C'est seulement après cet événement que j'ai pu enfin la marier avec la seule et unique condition : que j'épouse ma cousine aussi.
J'étais sans choix, me trouvant dans l'obligation d'accepter sans broncher.

Aminata Campbell Sow ( Tante de Fatima Sow)

Je suis Aminata Campell Sow, alias Amy. Je suis la deuxième épouse de Hametel Sow. J'étais sa promise mais j'avoue que je suis tombée amoureuse de cet homme à mes 13ans. À l'époque, lui, il était à Dakar à la recherche de travail. J'avais tellement hâte qu'il rentre afin que je suis puisse  enfin être Madame Sow.
Mais mon enthousiasme ne fût pas pour longtemps, car ce con avait déjà une histoire à Dakar avec une certaine Ndoura, et le pire, cette dernière était enceinte de lui, MON HAMETEL. Ce fut le choc pour moi, j'étais tellement déçue que la seule chose que je voulais, c'était de les séparer, et pour ça , j'étais prête à tout.
(Toute seule, dans ma chambre)
Ma mère : Qu'est ce que tu as ma fille ?
Moi : Pourquoi tu ne m'as pas dit que Hametel allait épouser Ndoura?
Ma mère : Parce que je ne voulais pas que tu te sentes mal chérie , mais t'inquiètes pas , tout n'est qu'une question de temps, Hametel t'épousera par A ou par B. D'ailleurs prends ça ( elle me tend une bouteille )
Moi : C'est quoi ça ?
Ma mère: (Avec un sourire malicieux), c'est Serigne Sossé qui me l'a donné, tu dois te laver avec ce safara cette nuit même, au bord du lac.
Et demain inchallah, nous irons ensemble chez Hametel Sow. Il ne paie rien pour attendre celui-là.
Moi : Je ferai tout pour le récupérer même si je devrais perdre la vie pour ça.
Ma mère : Rassure toi princesse, j'ai déjà élaboré mon plan, Hametel fera de toi sa deuxième épouse ce week-end.
Chose promise, chose faite, aujourd'hui, me voici devenue Madame Sow, la deuxième épouse de Hametel Ibrahim Sow. Cette Ndoura mom, elle ne paie rien pour attendre, je l'ai mis en mal avec toute la famille, même ma belle-mère me préfère à elle. Malgré tout ça, elle reste toujours souriante et douce à la fois. Je ne la supporte pas celle-là.
Grâce à Serigne Sossé, mon mari n'a yeux que pour moi, à part sa fille bien sûre, Fatima. Elle est le portrait craché de Hametel , je n'avais jamais vu une personne aussi belle qu'elle ne l'est, elle a de très beaux yeux marrons et de longs cheveux noirs : une vraie Halpullar. Elle est l'alliée de son père, ils sont inséparables ces deux-là.
Un an après mon mariage, une terrible nouvelle m'est tombée dessus : que je ne pourrais jamais avoir d'enfants, oui je suis stérile. Moi qui rêvais tant d'avoir un enfant avec l'amour de ma vie, oui un petit garçon, l'héritier de mon mari.

Fatima Sow ( j'avais 12ans )

J'étais une fille pas tout à fait comme les autres, une vraie boule d'énergie. J'aimais bien être à la quête de l'impossible. À l'époque, je vivais avec mes parents et ma tante Amy dans une petite maisonnette, juste à côté, vivait mes grands-parents, là où mon père a grandi. J'avais pas d'amis, les autres filles du village se moquaient toujours de moi pour la simple et unique raison, que je suis un enfant né hors mariage. Ma mère était mon repère, mon ange gardien. Elle trouvait toujours les bons mots pour me consoler. J'étais aussi très proche de mon père, il était mon complice.
Ma tante Amy, était une femme très bizarre, à chaque fois que je la voyais le soir, avant de dormir, elle avait toujours une bouteille à la main en faisant les 100 pas dans la maison.
Son point fort , c'était de faire du maraboutage. Tout le temps elle essayait de mettre en mal mes parents.
C'est ainsi que je vivais au sein de ce village, entre discrimination, haine, colère , dispute...
Six ans plus tard, ma mère commençait à prendre de l'âge. Mon papa, lui, avait complètement changé, il n'était plus le même. Ils nous parlaient à peine, ma mère et moi, parfois il pouvait nous priver de nourriture. Quelquefois il nous arrivait de toquer à la porte des voisins pour demander des restes, mais en vain, ma tante les avaient tous montés contre nous. Jamais je ne pourrais vous décrire entièrement la cruauté de cette femme.
Avec mon père , ils vivaient sur leur petit nuage, entre rire, joie et bonheur... Ma mère en souffrait énormément.
Un jour alors qu'elle était dans la cuisine, entrain de préparer le repas, j'ai surpris tante Amy dans la chambre de ma mère avec à la main une tête de serpent. J'eus la plus grosse peur de ma vie. Elle m'avait ensuite menacée de nous laisser sans abris si jamais j'ouvrais la bouche.
J'étais terrifiée, et je ne savais pas comment en parler à ma mère, façon je n'avais pas le choix, je devais me taire pour ne pas finir dans la rue avec elle.
(Le même jour)
Ma mère: Pourquoi tu ne manges pas chérie ? En plus t'arrête pas de pleurer depuis un bon moment. Tu peux te confier à moi tu sais.
Moi: (En larmes) Je ne peux plus rester dans cette maison maman , je n'en peux plus, je suis fatiguée... Je ne supporte plus de voir tante Amy te rabaisser, et de te faire du mal. Regarde toi maman , tu prends de l'âge... Et cette femme se permet de te laisser toutes les taches ménagères, tu as les mêmes droits qu'elle dans cette maison maman.

Fatima, un destin épineux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant