Le chat et la souris - SkyWoolf

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Il avait toujours plus ou moins frôlé la mort.

Petit, il enchainait bêtises sur bêtises, jouant toujours avec elle. Ses parents étaient devenus rapidement terrifiés à l'idée qu'il se fasse emporter par la faucheuse. Mais lui aimait jouer.

Rapidement, le risque était devenu quasiment inexistant dans la prison où il avait grandi. Ses parents avaient veillé sur leur fils, voulant à tout prix le protéger du danger. Mais ils ne comprenaient pas.

Personne ne comprenait.

Il avait besoin de ce risque permanent. Il voulait sentir l'adrénaline courir dans ses veines, jouer avec la mort comme on joue avec un chat. On le provoque, on se fait parfois mal, mais c'est souvent sans risques. Enfin, souvent... Quand on ne joue pas trop.

Mais lui, il voulait jouer. C'était son souhait le plus cher. Rapidement, ce risque quasi inexistant ne lui suffisait plus. Il lui fallait plus de risques. Plus d'émotions. Plus de sentiments.

Il avait commencé par demander à faire de l'escalade. Puis de l'escrime quand la précédente activité ne lui suffisait plus. Et puis il était arrivé.

Plagg.

Grâce à lui, il avait pu côtoyer le danger en permanence. Il était devenu accro au risque. Accro au danger. Cette addiction allait finir par le perdre, il le savait. Mais c'était sa drogue à lui. Sa combinaison de cuir enfilée, il sautait de toits en toits, jouant encore à chat. Il gagnait toujours contre elle. C'était si facile.

Le chat gagnait toujours, il aurait dû le savoir. Et la souris finissait par être dévorée. C'est ainsi.

La coccinelle, comme sa mère, lui demandait à chaque fois de se modérer. Mais elle ne comprenait pas.

Personne ne comprenait.

Ce risque lui collait à la peau, comme une mouche sur un bovidé. Il en avait besoin pour se sentir vivant. Il voulait ce danger. Il le cherchait. Dans les combats, il était le premier à se mettre au-devant du danger, combattant ces méchant avec une hargne élevée, vivant ces instants comme une bénédiction.

Souvent, la divinité chat, comme son père, le priait de prendre moins de risques.

Pourquoi personne ne le comprenait ?

Le garçon se devait d'être sage, pour son apparence, pour son père.

Le Chat se devait d'être libre, pour vivre, pour elle.

La faucheuse le comprenait, savait. C'est pour elle qu'il prenait tant de risques, qu'il aimait autant le danger. Il se perchait souvent en haut de la tour, guettant la ville comme un chat guettant sa proie. Comme elle le fait.

Il se demandait souvent pourquoi personne ne savait, ne comprenait.

La coccinelle semblait toujours prendre ce rôle comme un devoir, une obligation dont il faut se défaire au plus vite. Mais le chat voulait qu'elle ressente cette adrénaline déferlant dans ses veines, comme un torrent de lave qui le brûlait de l'intérieur pour qu'il se consume, encore et encore.

C'était électrisant, un grand huit constant, comme se pencher au-dessus du vide pour ensuite essayer de se laisser tomber. C'était dangereux, mais bordel que ça lui faisait du bien ! Ce risque s'insinuait dans sa peau, le consumant, cherchant toujours à en avoir plus. Il voulait sentir son sang bouillir dans ses veines, il aimait le sentir.

C'était un drogué. Un drogué du risque. Un chat marchant au danger. C'était de la folie.

Il aimait courir sur les toits jusqu'à perdre haleine, à avoir du mal à reprendre son souffle difficilement court. Il aimait être la souris du jeu. Mais il oubliait la première règle.

Ne jamais s'arrêter.

Il avait pris une pause. Avait donné sa bague à la coccinelle, prenant conscience qu'il ne pouvait continuer, au risque de perdre. Quelques semaines sans danger, et le garçon n'était que l'ombre de lui-même. Il finit par succomber à la tentation. La bague enfilée, son costume revenu, il continua de jouer.

Seulement, le chat attrape toujours la souris. L'inverse ne peut pas exister.

L'adrénaline fut accueillie avec un immense sourire. Courant, sautant, jouant encore et toujours avec elle. La coccinelle le regardait avec un sourire amusé, ne comprenant pas le chat.

Personne ne pouvait le comprendre.

C'était injuste. Pourquoi personne n'aimait le risque comme lui l'aimait ?

Le danger était énergisant. La vie sans danger était comme un plat sans goût. Fade. Déprimant. Décevant.

Son père attendait de lui un garçon qui n'existait pas. Qui ne pouvait exister. Il avait pourtant tenté de renoncer au péril. Mais il avait lamentablement échoué. Comme un alcoolique essayant de ne plus toucher à la bouteille.

Il ne pouvait abandonner l'adrénaline qui lui collait à la peau. C'est comme demander à un écrivain de ne plus jamais écrire. Infaisable.

Il l'aimait à en mourir. Il recherchait cette angoisse perpétuelle. La mort le suivait comme son ombre, guettant chaque instant de faiblesse pour attaquer, et tenter de prendre le dessus sur son faible corps d'humain, le remettant à sa place.

Il n'avait qu'elle qui le comprenait.

Le risque finit par prendre le contrôle du chat. Il vivait à présent pour le risque. Lui et lui seul. Comme la boisson prenant contrôle d'un être. Mais comment en était-il arrivé là ?

Pourquoi il ne comprenait plus ?

La souris avait fini par échouer. Comme prévu par le chat.

Le chat n'en était plus un. Il était devenu qu'un jouet de plus entre les mains du plus grand des chats.

La mort l'accueillit avec un immense sourire. Courant, sautant, jouant encore et toujours avec lui.

Il avait joué, il avait perdu.

Comme le misérable homme qu'il était. Ou plutôt qu'il avait été.

Car c'était la fin.

Ils avaient remporté sur le papillon, lui et la coccinelle.

La marionnette qu'il était aux yeux du plus grand des chats ne lui était plus d'aucune utilité.

Elle lui laissa une dernière volonté. N'importe laquelle, tant que la faucheuse acceptait. Il lui formula son souhait, puis le plus grand des chats accepta.

Le drogué qu'il était voulait finir dans le risque.

Il dit adieu à sa coccinelle, la serra dans ses bras. Son sourire se fana lorsqu'elle comprit ce qui allait advenir du super-héros. Il lui demanda cependant de ne pas le retenir. Elle laissa couler une unique larme avant de laisser le héros finir sa vie.

Il se percha en haut de sa Tour. Guettant la ville comme un chat guettant sa proie.

Mais aujourd'hui, il n'était plus le chat.

Il ferma les yeux, savourant une dernière fois l'adrénaline consumer son être.

Il avait toujours plus ou moins frôlé la mort.

Mais maintenant, il allait la toucher.

Et il sauta sous les ricanements du plus grand de tous les chats.

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Expression utilisée : Risquer sa peau.

Hm....C'était bien...L'idée était super...et j'ai rien trouvé à redire...Donc...

10/10

Bravo à toi ;)

Concours d'écriture - Miraculous LadybugWhere stories live. Discover now