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"Ce qu'il avait dit me fit réfléchir : allions-nous tous mourir ? N'y avait-il vraiment plus d'espoir ? Il devait forcément y avoir une solution... Lorsque j'y songea, même si sa création était biscornue, le plus j'y pensai, le plus cela faisait du sens. Cela partait d'un bon sentiment, et, de toute façon, il n'avait plus rien à perdre."

"Dis-moi..." il tourna sa tête dans ma direction, attentif  "Est-ce que c'est vrai, ce que tu as dit avant ? Que l'on va tous mourir et qu'il n'y a rien que l'on puisse y faire ?"

-Et bien, tu l'as vu toi-même non ? Le niveau de l'eau augmente. Vite. Trop vite. La populace a essayé d'éviter le cataclysme, mais que trop tard. Pour les autres, c'est sans espoir.

"Mais, dans ce cas, pourquoi avoir donné de l'argent à ceux qui veulent sauver l'humanité, si tu penses que cela ne va pas marcher ?"

-Pour la même raison que j'ai créé l'intelligence artificielle : plus rien à perdre. Lors de leur discours, j'ai vu qu'ils avaient de bonnes intentions, mais leur idée est débile. Je souris rien qu'en y pensant. - effectivement, un léger et narquois sourire apparu sur sa face - Enfin bon, j'ai un plan pour nous, une idée un peu folle pour nous sortir de ce pétrin.

"Franchement, existe-t-il une idée à toi qui ne l'est pas ?"

"Une expression amusée se manifesta sur chacune de nos visages, et je l'entendis laisser échapper un petit rire. Sur le moment, ce mince ricanement me rassura un petit peu, et je ronronnai chaleureusement en réponse. Puis, je réalisai que je n'avais aucune idée d'où nous allions, et je lui demandai, à nouveau soucieux : "

"Par ailleurs, où allons-nous ? Cela fait bien une vingtaine de minutes que l'on marche et que je ne sais toujours pas où l'on va."

-Ne t'en fais pas, nous sommes presque arrivés.

"Nous marchâmes encore un petit peu, les rues désertes, avant d'arriver en face de notre destination. Je ne pouvais pas bien voir de l'extérieur : il y avait quelques arbres clairsemés à l'intérieur, mais pas de maison quelconque. L'endroit était entouré d'une vieille muraille en grès rougeâtre qui n'avait pas survécu aux affres du temps : abîmée, couverte de lézardes avec des morceaux de lichens dispersées sur ses murs. Le seul moyen d'accès n'enfreignant pas la loi fut en face de nous : un énorme portail en bois, lui aussi ayant souffert, étant craquelé de partout. Ces protections étaient plus décoratives qu'autre chose : n'importe qui pouvait défoncer la porte ou grimper sur les façades. 'Le Professeur' poussa la porte de droite, et rentra à l'intérieur. Je ne me fis pas prier non plus, et le suivi. L'intérieur m'interloqua : il n'y avait aucun bâtiment, juste quelques chemins en basaltes, et des rangées de pierres mises à la verticale. Certaines avaient le sommet arrondi, d'autres non, et d'autres arboraient des motifs complètement différents, comme des croix perpendiculaires ou des cœurs. Il ne s'arrêta pas pour les observer, son chemin étant tout tracé. Sa démarche habituelle était relativement rapide, et dynamique ; or, celle-ci était lente et marquée, comme s'il hésitait à faire la suite, à affronter son pire cauchemar. Je le suivais au pas, observant à gauche et à droite cet étrange endroit. Puis, vers la fin du sanctuaire, il se stoppa en face d'une pierre. Celle-ci ne sortait pas de l'ordinaire : sommet arrondi, marbre, et comme le reste des roches, quelques lignes inscrites. 'Le Professeur' les lit à voix haute, inébranlable : "

-Ici repose le corps et l'âme de Magalie L. . Cette femme honorable a donné sa vie en essayant de sauver des personnes en difficulté dans un horrifique incendie. Paix à son âme.

"Il resta là, quelques instants le visage penché en avant. Sa main droite fouilla dans la poche droite de son manteau, et il en sortit une photo ; la même photo qui le traumatisait à mon arrivée. Photocopie ou originale ? Impossible de dire. Il fléchit les jambes, pour s'accroupir en face de la fameuse pierre. Sans un mot, il y déposa la photo, en l'adossant contre la roche, avant de poser le bouquet de fleurs en face de la pierre. Je le regardais, tout aussi silencieusement, hébété, derrière lui. Il se releva, et se dirigea vers moi. Il me prit dans ses bras, et emprunta la direction de la sortie, tout en caressant machinalement mon pelage. Je ressentis une goutte d'eau tomber sur mon dos ; il n'y avait pas de nuages, mais je ne réagis pas. Nous sortîmes du sanctuaire, et il ferma la porte avec l'un de ses pieds. Immédiatement après l'avoir fait, il s'adossa contre cette dernière, et s'écroula par terre. Je l'entendis lâcher un puissant soupir de soulagement, identiquement s'il venait de surmonter l'insurmontable. Il resta là, dans cette position, me tenant dans ses bras comme un enfant égaré agripperai sa peluche. Cela continua encore pendant quelques minutes, avant qu'il ne me déposa au sol, et se releva. Il chevrota, clairement marqué par ce qu'il venait de faire : "

LE RETOUR : une fanfiction SplatoonWhere stories live. Discover now