41. Epilogue

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Le général Kléber ouvrit le pli du général en chef qui lui était destiné. En lisant la lettre, il poussa un juron et faillit se trouver mal. Il s’assit pesamment sur une chaise. Son aide de camp appela à l’aide. Rapp entra.

-Que se passe-t-il, citoyen-général ?

-Ah, le saligaud ! Il part en nous laissant ses culottes merdeuses. Mais je vais aller à Paris, moi, et lui foutre sur la gueule !

Kléber s’était mis en colère tout seul et, ne pouvant se soulager en passant son indignation sur quelqu’un, il en était devenu cramoisi. Rapp était un des seuls à pouvoir calmer Kléber. Il lui parla longuement en dialecte alsacien puis, ayant dégrafé le bouton de son col, il lui apporta un petit verre d’alcool de figues.

-Où va la France ? La République est devenue impossible à réaliser. La liberté s’est évanouie. A-t-elle d’ailleurs jamais existé ? Seule la gloire de nos armes est à son comble.

-Peut-être Bonaparte sera-t-il un nouveau Washington ?

-Mon pauvre Rapp, j’ai bien peur que ce soit un nouvel Alexandre.

***

Une femme brune, habillée en homme, un bandeau sur l’œil, pénétra dans le salon du comte d’Entraigues. Le comte était occupé à écrire un poème.

Tombé dans le bassin au cygne,

Grand lys, pétale après pétale.

Là-bas, piétiné dans la boue,

Jeté pitoyable et sanglant.

Brandi si bien de main d’enfant,

Lancé sur le bassin du cygne…

Neigeux et superbe, à nouveau

Grand lys ; dispersés, tes pétales.

-Il n’y a pas à dire, fit la visiteuse, vous avez un beau brin de plume.

-C’est vrai, se rengorgea le comte. Je la mets au service des Princes. Tenez… Lisez ceci.

Il lui tendit un document diplomatique intitulé : Instructions du Ministère des Relations extérieures

au citoyen Lacombe Saint-Michel, Ministre de France à Naples.

La jeune femme leva la tête.

-Ce n’est pas vous qui avez écrit cela ?

Sultan BonaparteWhere stories live. Discover now