Il hocha la tête, semblant satisfait de mon honnêteté. Je mentirais si je disais que je n'avais pas eu peur, en lui disant franchement ce détail de ma vie, qu'il me juge, qu'il me catalogue comme quelqu'un que je ne suis pas. Même si je trouve qu'il aurait été très mal placé pour le faire, au vu de son palmarès de conquêtes.

- Je vois.. Un ex petit-ami donc ?

- Plus ou moins, soupirais-je.

Il haussa un sourcil dans ma direction, se demandant sans doute le pourquoi du comment. Mais il se re-concentra bien vite sur la route, nous étions désormais dans mon quartier, à l'entrée de ma résidence. Il conduit jusque devant chez moi, se gara et me sourit, sans descendre pour autant.

- Arrêtes d'être aussi mystérieuse, Madeleine. Pourquoi, toi, tu aurais le droit d'en savoir bien plus que n'importe quelle fille vis à vis de ma vie, mais pas moi ?

Sa question était légitime. J'avais cette tendance à être beaucoup trop renfermée sur moi-même, pour le plus grand malheur de ma mère. Je ne parlais pas énormément de moi. Je ne me confiais pas énormément, préférant tout garder pour moi. Lorsque la situation se corse autour de moi, je rentre dans mon cocon de sureté, et n'en sors que très difficilement.

J'étais toujours enfermée dans ce cocon, cette coquille, depuis l'année passée. Depuis Keith. Je n'arrivais pas à m'en sortir. Selon ma mère, et cette psychologue que j'avais vu à Dallas, je devrais parler, déballer ce que je pense, comment j'ai vu les choses, les évènements qui se sont déroulés. Mais je ne me sentais pas encore prête. Ce que je savais, en revanche, c'est que Quinton avait des chances pour être cette personne qui aura la chance, surtout la malchance, de devoir supporter mon monologue.

- Tu as raison. Je vais être franche.. C'était l'année dernière, en janvier. Nous étions en période de flirt, c'était le premier garçon qui avait réussi à obtenir mon attention. Nous nous sommes rapprochés, petit à petit, tout semblait simple. Alors, j'ai profité du moment, quand l'occasion s'est présentée. Mais ça s'est arrêté là, on ne s'est pas mis ensemble, on n'a pas couché ensemble non plus, pas concrètement.

- Ce serait risqué, si je te demandais pourquoi vous vous êtes éloignés, sans aller plus loin ?

- Oui, très. Une prochaine fois, peut-être, dis-je, en ouvrant la portière pour sortir de l'habitable qui devenait de plus en plus restreint pour moi.

Comme à chaque fois que le sujet est envoyé sur le tapis, je me sauve, je fuis.

J'entendis Quinton sortir à son tour, claquant la portière. Ses pas raisonnaient faisant abstraction au silence de la fin de soirée.

Je ne me suis pas retournée, montant deux à deux les marches de l'escalier, arrivant le plus vite possible dans ma chambre. Il me suivait, je sentais sa présence. Quoi que pas si désagréable.

- Je peux dormir sur la canapé, si tu veux, proposa-t-il, arrivant dans la pièce quelques secondes après moi.

Quoi ? Non. La dernière fois que j'avais dormi avec lui, je n'avais eu aucune insomnie, j'avais rarement étais aussi reposée. Je voulais voir si c'était un coup de chance, ou l'effet de sa présence à mes côtés.

Tu veux juste dormir avec lui, c'est tout, susurra ma conscience, m'agaçant, comme d'habitude.

- Tu peux dormir dans le lit, ce ne serait pas la première fois de toute façon, lui dis-je, tentant un petit sourire.

- Ni la dernière. Vu que, maintenant, tu es au courant qu'on doit te surveiller, prépare-toi à me voir ici souvent, si ça ne te dérange pas ?

SHYNESS 1Where stories live. Discover now