CHAPITRE 55

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MADELEINE "MADDY" MOORE, QUINTON HARTLEY

- Disons qu'à cet instant précis, je tente, tant bien que mal, de la garder tourner vers la route, et non vers toi.

J'en perd mes mots. Disait-il vrai ?

Je sais. Il avait précisé qu'il détestait mentir, mais peut-être avais-je mal entendu ?

- Co.. Quoi ? bégayais-je, pitoyablement.

Il sourit, me laissant apercevoir ses dents dignes d'une pub pour du dentifrice, laissant apparaitre deux petites faussettes, sur chacune de ses joues. Je devais faire de plus en plus attention à ne pas baver. Était-ce si fort ce sentiment, l'attirance ?

- Tu m'as très bien compris, susurra-t-il.

Était-ce moi ou sa voix était plus grave qu'habituellement ? Plus rocailleuse ? Presque comme s'il venait de se réveiller.

- Ouais, c'est bien ce que je pensais. Ta naïveté est intéressante.

Étais-je si naïve ? Tout le monde semblait le penser, puisqu'ils avaient tous l'air de me le reprocher, ou de s'en amuser. Hors de question de passer pour la bête de foire.

- La ferme, Quinton Hartley. Je ne suis pas si naïve que tu le prétends, me défendais-je.

Il ne dit rien, se contentant de son éternel sourire en coin. Sourire qui, je l'avoue, commençait à me taper sur les nerfs. Qu'il soit franc, qu'il me dise la façon dont il me voyait. Je ne voulais pas me faire de films, je détestais les faux espoirs.

- Ah oui ? Très bien, en sommes-nous au point des questions plus intimes ?

Sa question m'a prise de court. Comme à peu près chaque fois qu'il ouvrait la bouche, c'est vrai. Je pense que c'est aussi pour ça que je suis si intriguée par sa personne. Je n'arrive pas à le cerner, il est comme une énigme, un parchemin, qui n'est pas accessible à tout le monde. Comme le dit si bien le dicton : "L'inaccessible attire, la facilité lasse.".

- Tu entends quoi, par question intime ? demandais-je, sortant de mon flot de pensées incessantes.

- Tu es vierge ?

De but en blanc. D'un coup d'un seul. Sans crier gare. Je me suis citée presque toutes les expressions qui me venaient à l'esprit pouvant correspondre à sa franchise assez, ou trop, directe. C'était bien un point que j'avais remarqué chez ce garçon aux cheveux de jais, il était parfois maladroit dans le choix de ses mots, dans sa façon de les annoncer, ou, comme ici, dans sa façon d'aborder un sujet.

Pour moi, le sexe n'est pas un sujet tabou. Au contraire, il faudrait que plus d'adolescents échangent à ce sujet. Mais qu'ils échangent intelligemment. Qu'ils cessent de rire sur des sujets qui, au final, sont bien plus importants qu'ils ne le paraissent. L'adolescence est l'âge des premiers amours, des découvertes, des premières fois en tous genres.

Je suis vierge. Je ne prend pas ça comme une honte. Je n'ai pas honte de lui dire. Ce qui, en revanche, me dérange, c'est que cela me rappelle des souvenirs que je voudrais enfouir.

Vierge ne veut pas dire coincée. Vierge ne veut pas dire que nous n'avons jamais rien fait. Et cela vaut aussi bien pour un garçon, être puceau n'est pas une honte, pas un tabou.

- Oui, je suis vierge, répondis-je, regardant par la fenêtre distraitement, je ne te pose pas la question, je sais déjà que tu n'es plus puceau.

- Non, je ne le suis plus depuis un bout de temps déjà. Je suppose donc que tu n'as jamais rien fait ?

- C'est bien la première fois que tu supposes mal. J'ai déjà fait des choses, des préliminaires..

SHYNESS 1Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt