Chapitre 7

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Chapitre 7 : « Les cendres »

|Bientôt, Poudlard retrouverait une élève, plus brisée qu'elle ne l'était déjà à son départ. Et cette élève s'appellerait Charlie.|

Trouver une excuse pour le départ à servir au lycée. Fait.

Faire les valises. Fait.

Rendre l'appartement à son propriétaire. Fait.

Régler l'arrivée à Pré-au-Lard, commander une calèche jusqu'aux portes de l'école. Fait.

-N'oublie pas ce sac, dit ma mère avant de disparaître, m'attendant dans un taxi en bas pour aller au ministère de la magie.

Mais ce sac, je voulais qu'il reste là. Je voulais rester là avec lui et tout expliquer. Je voulais revoir Ethan et qu'il me pardonne. J'espérais que June allait bien et que ce n'était pas le cas pour Alexander. Mais ce sac, mon père le saisit et l'emporta.

Et il ne resta plus aucune raison pour que je reste assise ici.

Le trajet fut si silencieux que chacun d'entre nous se sentit seul, plus que jamais. Moi, et mon regard vide. Ma mère, et ses inquiétudes. Mon père et son indifférence apparente. L'employé du ministère et ses ordres de surveiller notre obéissance.

Les sombrals s'arrêtèrent et je les voyais. Je ne dis rien. Léah, Ethan, June, ils étaient la raison de cette vision. Ces cheveux semblaient hideux. Mais ils volaient et j'aurais voulu le faire. J'aurais voulu m'envoler loin d'ici. J'aurais voulu avoir des ailes comme eux. A n'importe quel prix.

La grille s'ouvrit, les sombrals repartirent. Encore un espoir qui s'enflamme et devient cendres.

Je ne dis pas au revoir à mes parents. Ni à l'employé. Je pris ma valise et je relevais la tête. Ils voulaient me punir pour une chose que je n'avais pas faite. Alexander n'était pas un moldu, et mon crime avait été d'user de la magie devant lui.

Mais ils m'avaient tout de même puni, et s'ils pensaient que j'allais me laisser faire, ils étaient vraiment naïfs.

Quatre panneaux d'affichages indiquaient mon retour.

Le vert disait « La fausse Serpentard est de retour ».

Le rouge annonçait « Un serpent en plus ».

Le bleu clamait « La fille d'Hermione Granger est à Poudlard ».

Le jaune précisait « Charlie Malefoy-Granger revient ».

Bénits soient les Serdaigle et les Poufsouffle. Qu'aillent au diable les Serpentard et les Gryffondor.

Dois-je préciser la raison de toute cette haine injustifiée ? Les Serpentard me détestent car mon sang n'est pas totalement « pur » et parce que j'ai été anéantie de la mort d'une moldue, Léah. Les Gryffondor ne me portent pas dans leur cœur parce que je suis une Serpentard et que je suis le fruit de leur « perte précieuse de l'intelligente Hermione Granger » qu'ils ne considèrent plus des leurs depuis qu'elle a épousé mon père.

Mais qu'est-ce que je fous là ?

J'avançais dans les couloirs en feignant de ne pas voir les regards des élèves. J'allais simplement manger, et tout le monde trouvait ça... passionnant.

« Mais lâchez-moi... »

Je m'assis à la seule place libre à la table. Entre le groupe de Cassandra Wilson et celui de Rosa Johnson. Les personnes clichés de Serpentard : les superficielles et les junkies.

-Regardez-là, lâcha Cassandra sans la moindre discrétion.

Oui, regardez-moi. J'étais si heureuse et si joueuse alors que mon lycée moldu explosait, et si brisée alors qu'on me jugeait d'un regard.

Je relevais la tête :

-Et toi, Cassandra, regarde-toi. T'as encore pris du poids. Et ne me dis pas que tes notes ont encore baissées ! Oh sérieusement Cassandra, que vont penser les ESMM quand tu voudras les intégrer ?

J'avais touché le point faible de Cassandra. Les Ecoles Supérieures de Mode Magiques, c'était sa passion, son plus grand rêve, et elle n'était pas franchement bien partie pour les intégrer.

Elle se leva furieuse, envoya valser son repas et quitta la salle, suivie de son groupe. Je vis le regard de Rosa et me tournait vers elle :

-Quoi ? Tu sembles indignée. De toutes manières, tu es sûrement tellement défoncée que tu auras tout oublié demain matin.

Elle voulut répliquer mais une de ses amies, aussi défoncée qu'elle, l'en empêcha, prônant la paix dans le monde et l'équilibre de la colère. Je me demandais quelle drogue sorcière elles prenaient pour avoir l'air si... à l'ouest.

C'est à ce moment précis que me vint l'idée la plus merveilleuse que j'avais eu depuis mon arrivée à Poudlard.

Ils voulaient m'enfermer ici. Ils voulaient que j'y reste, que je ne sorte pas. C'était ma punition.

Dans ces cas-là, franchement, qui serait autorisé à me renvoyer pour mauvaise conduite ?

Le matin se levait déjà et de la tour d'astronomie, je vis le soleil se lever. Je le fixais, assise au bord de la tour, pour me rappeler Ethan et notre Chasse.

Je traçais un bouclier derrière moi pour empêcher quiquonque de venir près de moi, et tout fut en place. La tour d'astronomie donnait sur une cour, en bas, où les élèves commençaient à se rassembler avant de partir pour un cours commun dans la forêt.

J'attendis un peu qu'il y ait du monde. Les professeurs apparurent un à un. La foule s'agrandit.

-Eh, en bas !

Ma voix porta au loin et tous levèrent les yeux. Je vis des sourires, des expressions choquées, de l'inquiétude.

Si j'allais sauter ? Bien-sûr. Et pas toute seule.

-Je voudrais passer un message avant de disparaître. Cette école est loin d'être la meilleure de toutes. Les clans, les maisons, ça peut paraître magique mais c'est une concurrence qui ne cesse jamais et qui éteint les flammes dans les yeux des sorciers. La haine qui nous partage, tous, elle n'a jamais servi à rien, et elle ne servira jamais. Elle n'est même pas fondée.

J'essayais de capter un maximum d'attention et je vis que j'avais réussi. Certains élèves se précipitèrent à l'intérieur, sûrement pour monter et me retenir.

-Ce que nous sommes ne compte pas. C'est ce que nous voulons devenir qui a de l'importance. Je m'appelle Charlie Malefoy-Granger et l'on m'a jugée sur ce que j'étais, pas sur ce que je voulais devenir. En premier, parce que mes parents étaient rejetés, eux aussi. Puis, parce que mon sang n'est pas entièrement pur. Parce que j'ai des amis moldus. Parce que j'ai voulu vivre parmi les moldus.

Je serais dans ma main ma baguette.

-Alors peut-être que tout le monde se portera mieux sans moi ?

J'agitais ma baguette, et l'air sembla manquer.

Avant de me laisser tomber, je pensais à ce qui m'avait donné l'idée d'un plan pareil. Le Portland High School III, peut-être ?

J'eus un sourire, le dernier avant la chute, j'avançais dans le vide et soudain, l'air remplaça la pierre.

Le silence se fit. Je sentis l'air dans mes cheveux, sur mon visage. Je vivais autant que je le devais.

Derrière moi, je sentis la chaleur de la tour d'astronomie qui explosait. J'entrevis les flammes qui se mirent à ronger son toit. Un sortilège ne servirait à rien, je m'en étais assurée. La tour d'astronomie exploserait quoiqu'il se passe, et tout se passait à merveille.

Le sol se rapprochait. Je le vis, et soudain, ma chute se stoppa pour me descendre en douceur sur les dix centimètres restant.

Je me levais, la tête haute, les bras levés :

-Vous y avez cru, hein ! Mais si tout le monde se porte mieux sans moi, je reste, rien que pour vous énerver.

Je marchais, la tête bien haute, jusqu'aux portes.

Sans me retourner, je fis fermer d'un coup de baguette les portes en fer.

Ils m'avaient cherché.

Ils m'avaient trouvé.

CHARLIEDär berättelser lever. Upptäck nu