Chapitre 41

650 75 0
                                    

Un ange passe. Je fixe un long moment le grand brun qui me regarde désormais avec une curiosité non dissimulée dans ses yeux dorés.

Ils ont les mêmes traits, même si ceux de Nate sont plus mûrs et plus masculins. Il dégage plus de virilité et d'élégance que son frère, qui, devant moi, se tient avec l'échine courbée et s'approprie une démarche assez peu naturelle.

— Je ne l'ai pas vu, m'empressé-je de dire, en me préparant à refermer la porte aussi vite que je l'ai ouverte.

— Attends ! S'écrit-il, en marchant jusqu'à mon bureau. Est-ce que... Tu crois que tu peux m'indiquer son bureau, au moins ?

Je sens une boule dans ma gorge qui ne veut pas se dissiper. Je m'apprête à lui donner les indications pour s'y rendre, quand il lève les yeux et lit la plaque qui l'informe de mon nom.

— Hé... mais... C'est toi, Lory ?

Je fronce les sourcils, un peu perplexe.

Comment ça, c'est moi Lory ?

— Eum... Je suppose que... oui ? Soufflé-je, d'une petite voix.

Si c'est le frère de Nate, je devine que le seul moyen qu'il ait eu de me connaitre est par le biais de ce dernier. Cependant, je n'ai jamais rencontré aucun des membres de sa famille, et durant notre relation naissante et beaucoup trop courte, il ne m'a pas parlé d'eux. Mais leur aurait-il parlé de moi ?

— T'es la fille qui a tapé dans l'œil de mon frère ! S'enquiert-il, d'une voix forte. Il avait pas menti, alors...

Mon cœur, à mesure qu'il entend les mots prononcés par cet étrange jeune homme, devient de plus en plus lourd. Tout ça, c'est pour me rappeler que Nate ne veut plus m'adresser la parole. Qu'il ne souhaite ni entendre mon nom, ni m'apercevoir. Que l'unique fait de me croiser dans les couloirs le force à faire demi-tour... Comme si ça ne me faisait pas déjà assez mal de savoir tout ça, on m'envoie son frère pour retourner le couteau dans la plaie.

Une plaie qui s'ajoute à celles qu'il aurait pu guérir.

— Je...

La voix grave et rauque de Nate me coupe la parole, mais je ne l'avais pas vu arriver. Instantanément, mes doigts se crispent contre la poignée de porte, toujours dans ma main. Le cri du cœur douloureux qui s'étouffe dans ma gorge m'empêche de respirer correctement en sa présence.

— Nel ! Jappe-t-il, visiblement furieux.

En me retournant, sa prestance me frappe de plein fouet. Depuis que j'ai compris mes sentiments à son égard, c'est-à-dire il y a quelques heures, je sens que je pose sur lui un regard différent. Je me sens fébrile, maladroite... Je l'étais déjà avant, sauf que maintenant, c'est pire, et désagréable. D'autant plus qu'il ne veut plus me voir.

— Je peux savoir ce que tu fous ici ?! Tempête Nate, en agrippant férocement le bras de son frère.

J'aurais dû me douter qu'il serait toujours au bureau à cette heure-ci. Il a tendance à travailler tard, lui aussi, lorsqu'il est perturbé ou qu'il a envie de se vider la tête. Je suppose que l'arrivée de son frère y est pour quelque chose... S'il ne m'en a jamais parlé, c'est qu'ils ne doivent pas être particulièrement proche...

— Je faisais connaissance avec la petite-amie que tu ne nous as toujours pas présenté convenablement ! Ricane son frère, en se défaisant de la poigne de Nate.

Ce dernier, dont la pomme d'Adam remonte amèrement, lève un regard prudent dans ma direction. Ses yeux dorés se figent dans les miens. Toutefois, le lien qui se créait autrefois est brisé par sa réticence à me laisser pénétrer dans la carapace qu'il s'est construite. Je le comprends, à quelque part j'ai toujours fait pareil.

LotusWhere stories live. Discover now