Les frères Piquelli Tome 3 Luigi

Chapitre 19

Luigi

Je détache mes lèvres des siennes et le même gémissement nous échappe. Ses magnifiques yeux bleus s'ouvrent sur les miens et je perds pied. Ma colère est toujours là mais assourdie par quelque chose de plus intense. Je vois toujours la peur dans son regard et je la sens m'envahir, comme un épais buisson de ronces qui s'enroulent autour de moi.

Sa main se pose sur ma joue , j'embrasse sa paume en fermant les yeux et en inspirant profondément pour chasser ce sentiment, seulement quand ce dernier diminue, c'est ma colère qui revient et elle a atteint un stade que je ne me connaissais pas. Ce n'est plus une simple colère, la rage et la haine s'y mélangent et le cocktail m'effraie moi-même. Mes oreilles bourdonnent, je tremble et mon cœur martèle si fort que ça me fait mal. Les lèvres d'Akemi se posent sur les miennes avec tendresse mais je la plaque sur le lit avec rage avant de m'éloigner d'elle, à l'opposé de la chambre. Je me tourne face au mur pour ne plus la voir et je cogne ma tête de plus en plus fort. Je dois la faire sortir, d'une façon ou d'une autre je dois extérioriser toute ma colère. Je sens sa main se poser sur le bas de mon dos et elle la fait glisser sous le tissu, le long de ma colonne et je me retiens de la plaquer entre le mur et moi.

Je me vois parfaitement me servir de son corps pour me défouler, l'entendre crier mon nom dans le plaisir serait un excellent exutoire mais avec ce qu'elle vient de me raconter, je ne peux pas faire ça. Ma volonté flanche, je me sens durcir juste en imaginant ses gémissements contre ma bouche quand je m'enfoncerai en elle. Je n'ai plus l'impression d'être moi mais plutôt une bête sauvage.

- Non toccarmi. (Ne me touche pas.) Je sais qu'elle ne m'a pas compris mais sa main quitte ma peau et j'entends ses pieds frotter contre la moquette quand elle recule.

- Tu ne peux même plus me regarder ? C'est de ça que j'avais peur. Je me tourne rapidement vers elle et je vois les larmes dans ses yeux.

- Je suis juste en colère. Je réponds, la mâchoire serrée.

- Tu ne m'aimes pas ? Tu ne me pardonneras pas ?

- C'est ça qui t'inquiète ? C'est ce que tu crains ?

- Non, pour être honnête il y a beaucoup de chose qui m'effraient là, tout de suite. Mon père, Ha... mon regard suffit à la dissuader de finir son prénom. Toi. Mais pas pour les mêmes raisons. La peur reprend le dessus sur ma colère et je lui fais signe d'approcher, elle m'obéit et je l'enlace.

- J'ai besoin de connaître tes peurs pour te rassurer.

- J'ai peur de ce que mon père va me faire s'il apprend pour nous.

- Pas si, Mia Alba, mais quand il l'apprendra et il ne te fera rien, j'y veillerai. Elle renifle contre moi et je glisse mes doigts dans ses cheveux.

- J'ai peur du moment où je vais à nouveau être seule avec... Elle ne finit pas sa phrase mais je comprends, ma colère revient en force et je la comprime contre moi. Mais ce que je crains le plus, c'est de te perdre. Sa voix se casse mais je la laisse continuer, j'ai besoin d'entendre tout ce qu'elle a à me dire. Quand je t'ai vu, la façon dont tu m'as regardée, j'ai eu l'impression de mourir. Les coups de mon père et ses mains sur moi m'ont fait moins mal que la simple idée de te perdre. Je m'en foutais de ce que j'allais devoir faire pour pouvoir te parler, il fallait juste que je le fasse. Je n'arrive pas à exprimer ce que j'ai ressenti... J'étouffe le reste de ses mots en l'embrassant mais elle s'éloigne doucement. J'avais peur de dire la vérité parce que j'avais peur que tu ne veuilles plus de moi, mais j'avais encore plus peur de te perdre. Est-ce que tu me trouves sale maintenant ? Mon pouce cajole sa joue et je me perds dans son regard.