Les frères Piquelli Tome 3 Luigi

Chapitre 23 PDV Akemi et Aninia

PDV Akemi

Je regarde Luigi s'éloigner et je dois me retenir de pleurer. À quel moment je suis devenue cette fille fragile, qui pleure tout le temps ? J'aimerais revenir dans sa chambre, pendant qu'on faisait l'amour ce matin. Ce semblant de vie normale était rassurant. Là, au milieu des autres étudiants sans lui, je ne me sens pas en sécurité.

J'avance au milieu de Jake, Marvin et Aninia, cette dernière a crocheté son bras au mien et tente de me faire sourire, mais l'air grave que promène Jake ne me rassure pas. Les gars nous laissent devant notre salle de cours et Annie me tire vers le premier rang en souriant. J'attends qu'elle me lâche pour m'asseoir et commencer à sortir mes affaires. J'arriverais presque à croire que tout va bien si Aninia n'était pas si silencieuse d'un seul coup et à l'inverse la classe tellement bruyante. Même l'arrivée du prof ne calme pas le bourdonnement. Je me retourne pour essayer de comprendre d'où provient toute cette agitation, et je tombe sur le sourire mauvais de Julie qui me fait un clin d'œil et, d'un mouvement de doigt circulaire, me désigne l'ensemble de la salle.

Tous les regards convergent vers moi et c'est à peine si je sens mon amie tirer sur la manche de mon haut pour que je me retourne, c'est le coup de règle en bois sur le bureau du prof qui me fait sursauter, moi et les autres élèves, et enfin le calme revient dans la salle. Je me retourne vers Annie dans l'espoir d'avoir une explication sur ce qui vient de se passer mais elle hausse les épaules en grimaçant et je m'énerve.

— Pour une fois que tu aurais pu dire quelque chose d'intéressant. Le regard blessé qu'elle me renvoie me fait aussitôt regretter mes mots. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Excuse-moi.

— Je sais, ne t'inquiète pas. Ignore-les, on règlera ça plus tard. Un problème à la fois.

J'acquiesce et le prof se racle la gorge en me lançant un regard que je n'arrive pas à déchiffrer, et je ne comprends rien å ce qui est en train de se passer. Quand le cours se finit, mon sac est déjà prêt et je n'attends pas Aninia.

J'ai besoin de sortir de cette salle, de ne plus sentir tous les regards sur moi et ne surtout plus entendre le brouhaha de leurs chuchotements. Je bouscule quelqu'un dans ma précipitation mais je n'y fais pas attention, tout ce que je sais, tout ce que je veux, c'est m'éloigner d'ici le plus vite possible.

Je marche tête baissée, mes livres serrés contre ma poitrine et j'ai à peine le temps de voir une paire de chaussures rentrer dans mon champ de vision que je me heurte à un mur et me retrouve sur les fesses au milieu du couloir. Je n'ose pas relever la tête, je suis bien trop sonnée.

— Jake ! Arrête la muscu, bon sang...

J'entends Marvin rigoler à la pique d'Annie et Jacob ronchonner avant de s'accroupir pour être à mon niveau. Il tente de dégager une mèche de cheveux pour voir mon visage mais je le chasse d'une tape sur la main. Je ne veux pas qu'on me touche, je ne veux pas qu'on m'atteigne. Avant j'étais hermétique à tout ça et je m'en sortais très bien. Alors certes, la petite pimbêche prétentieuse ne plaisait pas à tout le monde mais au moins personne ne la prenait pour cible et surtout elle n'avait pas constamment peur.

— Ake ? Ça va ?

— J'ai l'air d'aller bien ? Vous êtes tout le temps sur mon dos, je n'ai pas besoin de vous. Je repousse la main qu'il me tend pour m'aider à me relever. J'ai juste besoin que vous me foutiez la paix.

Je me redresse sans son aide et pousse Marvin qui est sur mon chemin avant de partir en courant. J'entends Aninia vouloir me suivre et Jacob la retenir. Avec un peu de chance ils vont m'en vouloir et Luigi m'en voudra aussi, comme ça je pourrai disparaître comme c'était prévu initialement. Je ne laisserai personne derrière moi qui me regrettera.