Les frères Piquelli Tome 3 Luigi

Chapitre 27

Luigi

Quand j'arrive sur le campus, j'hésite entre aller à l'entraînement comme prévu ou aller chercher Lucie au gymnase. Je suis en colère et j'ai beau essayer de relativiser, rien n'y fait. C'est quoi son problème ? C'est elle qui m'a largué en me disant que j'étais comme mon frère et qu'elle ne voulait pas finir comme Sabrina. J'en ai voulu à Nino mais avec du recul et une bonne remise en place par ma famille, j'ai rapidement compris que ce n'était pas mon frère le problème. Non, j'avais simplement fait confiance a la mauvaise personne et depuis j'essaie de ne pas recommencer.

Je me gare devant mon bâtiment pour aller récupérer mes affaires de sport mais j'ai à peine le temps de refermer ma portière qu'une énorme berline noire se gare derrière moi. Je n'y prête pas forcément attention, je suis bien trop en colère. Si je ne traîne pas, j'arriverai sur le terrain vingt minutes avant tout le monde et ça me laissera le temps de faire quelques tours de terrain pour décompresser, me vider l'esprit, sinon je serai bon à rien pendant l'entraînement.

Je cours presque pour monter les quatre marches qui mènent à la porte de l'immeuble quand j'entends mon prénom au loin. Je me retourne pour voir Jacob et Marvin me faire signe de les attendre, sauf que je ne suis pas sûr d'en avoir envie, pas maintenant, je suis trop énervé encore une fois et je ne comprends toujours pas pourquoi personne n'a trouvé utile de me prévenir qu'Akemi était partie en balade. Je mets la main sur la poignée, prêt à rentrer, mais cette fois c'est un raclement de gorge qui me fait pivoter de l'autre côté. Je me retrouve face à un homme d'une cinquantaine d'années, grand, carré, les cheveux savamment coiffés. Il porte un costume qui doit valoir aussi cher que sa voiture, une énorme montre en or brille à son poignet, mais ce qui me frappe c'est son teint et la forme de ses yeux. Il n'a pas besoin d'ouvrir la bouche, je sais parfaitement qui il est et d'un signe discret de la main, je fais comprendre aux gars de ne pas me rejoindre.

Nous nous observons sans parler, j'essaie d'estimer le pourcentage de chance que j'ai de le mettre KO, mais l'homme derrière lui décale sa veste et je vois la crosse d'une arme. Ce n'est pas que le chauffeur, c'est aussi le garde du corps. Mes chances sont donc nulles. Lui continue de m'observer, l'air d'attendre quelque chose que je ne suis pas prêt de lui donner. Peu importe ce qu'il est venu chercher, aujourd'hui je ne suis pas d'humeur à lui céder quoi que ce soit.

- Je suis à la recherche de ma fille.

- Vous savez combien il y a de filles sur le campus ? Je me retiens de lui envoyer mon poing dans la tronche.

- Mon nom est Suh-Oh Kim Jong et je cherche ma fille, Akemi Kim Jong. Tu connais ?

- Jamais entendu parler. Je lui tourne le dos pour pouvoir rentrer avant de craquer et de faire un truc qu'il ne faudrait pas.

- On m'a dit qu'elle fréquentait le Quarterback des Bulldogs, qu'il résidait dans ce bâtiment et que lorsque je trouverai Luigi Piquelli, je ne pourrai pas me tromper. Un grand brun aux yeux verts avec des airs d'Italien raté. Donc je te repose une dernière fois la question. Où est ma fille ? Je me retourne rapidement et avant que je ne le réalise, mes deux mains serrent le col de sa chemise, seulement il ne réagit pas, il se contente de faire un signe à son garde du corps que j'ignore.

- Je me fous de qui tu es, de ce qu'on t'a raconté sur moi et de ce que tu crois pouvoir me faire. Elle n'est pas là et commence à t'habituer à son absence, elle ne sera plus jamais là pour toi. Je le relâche et recule de trois pas. Une voiture de la sécurité approche au loin et je vois Jacob et Marvin approcher.

- Tu ne sais pas dans quoi tu mets les pieds. Tu n'es qu'un gamin qui oublie où est sa place. Il défroisse sa chemise en me souriant et je bous intérieurement.