Chapitre 37 : Silence

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Je ne cessai de jeter un regard acerbe sur le dos de Leith, en espérant qu'il comprenne les mots que je ne pouvais crier à voix haute : touche un seul de ses cheveux, et notre alliance part en fumée.

Après des secondes interminables collée dans les bras de Sean, ce dernier émit un petit ricanement avant de me lâcher, presque sûr que son président ne ferait rien.

— Je pense que tu as suffisamment compris ta position, n'est-ce pas ? susurra Leith à l'oreille d'Angie. Je vais essayer d'être clément ce soir.

Lorsqu'enfin, il le lâcha avec un sourire satisfait, le corps d'Angie s'écrasa au sol dans un craquement inquiétant. Leith fit signe à Sean et Alec de quitter les lieux, chose qu'ils firent comme de bons soldats.

Je me précipitai à la suite d'Angie en trébuchant presque sur ses longues jambes étalées sur les débris en pierre. La grimace qui lui tordait le visage me fit plisser les yeux, mais son hiératisme me noua d'autant plus l'estomac. Ses cheveux blonds étaient parsemées d'une fine pellicule de poussières, et son arcade sourcilière semblait complètement ouverte, bien que la guérison ne commençait déjà. Les quelques mèches qui cachaient une partie de ses yeux me gênaient dans mon observation.

Je voulais plonger dans ses yeux et m'assurai que tout allait bien pour lui, qu'il ne m'en veuille pas, qu'il me montre sa determination et son sourire comme il le faisait à chaque fois lorsque tout allait mal, mais la réalité était bien plus amère. Lorsque j'enlevai les quelques mèches blondes de son front, les larmes qui roulaient sur ses joues faillirent me faire tout abandonner.

— Je suis désolé, gémit-il en prenant mon visage en coupe dans ses mains tremblantes. J'ai essayé de t'aider et ...

— Chhht, lui murmurai-je en caressant ses cheveux, tout ira mieux.

— C'est à cause de moi que les autres sont morts ! Comment est-ce que je pourrais vivre avec ça et faire comme-ci de rien était ?

— Je ne te demande pas d'oublier, Angie, lui dis-je sur un ton ferme en le tenant par le menton.

La culpabilité menaçait de me faire éclater en sanglot moi aussi. Si Angie avait dépassé les bornes, nul doute que j'étais bien la cause de son malheur, et lui,  l'innocent et serviable meilleur ami dévoué à ma petite personne. Mais aujourd'hui, les rôles étaient inversés. Il ne s'agissait plus de moi qui pleurais et m'apitoyais comme un petit enfant. Lorsque j'étais dans un état similaire, et ô combien de fois cela m'était arrivé, la maîtrise et la rationalité d'Angie avaient toujours eu le don de me rassurer.

— Tu vas aller prendre une douche et te coucher, fis-je en me levant.

— J'ai cours, me répondit-il par automatisme.

Son regard fantomatique me prouvait bien qu'il n'était pas avec moi en ce moment. Je le pris donc par le bras puis le traînai vers la porte. En longeant les couloirs qui ondulaient encore il y a quelques heures, je pris soudain conscience du soleil qui se levait, laissant des reflets orangés et rosés sur les murs en pierre. Le paysage aurait été idyllique si il n'y avait pas les couinements des chaussures d'Angie sur le parquet.

J'hésitai avant d'entrer dans le dortoir des garçons, certaine que l'absence des loups-garous pèserait surement sur le moral d'Angie, déjà au plus bas. Je rebroussai finalement chemin vers l'endroit que je connaissais le plus sur le campus, ma propre chambre. Avec un peu de chance, Hélène et Saphira étaient déjà parties en cours ...

GOD'S RETURNWhere stories live. Discover now