Chapitre 20 : Frisson

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Lors du trajet Sean n'avait cessé de m'exposer ses conquêtes de la semaine. Je me demandais comment il n'avait pas encore attrapé une MST – la seule explication possible pouvait être leur robustesse surnaturelle -- mais le plus drôle restait surtout les regards outrés des étudiants. Sean n'avait pas sa langue dans sa poche, et avait pour habitude de crier au lieu de parler. Et lorsque vous entendiez de la bouche d'un enfant de tels propos scabreux, il était bien normal d'être interloqué.

Finalement, la route avait été bien plus amusante que je ne l'aurais cru. Lorsque j'aperçus enfin le dortoir des garçons, je reconnus immédiatement Ali devant les portes. Elle portait la tenue de sport habituelle, et baillait à s'en casser la mâchoire. Elle se tourna dans ma direction, le regard sceptique, et courut dans notre direction à une vitesse inhumaine.

Ambre ! On t'a cherchée partout, t'étais où ?

Tu avais l'air si inquiète de sa disparition, ironisa Sean, qui se tordait le cou pour pouvoir lui parler dans les yeux.

C'est qui ce gamin ? dit-elle en se penchant légèrement pour être à sa taille.

Un... un... sûrement un nouveau, mentis-je en tapotant la tête de Sean.

Sean m'en voudrait si qui que soit avait vent de son petit secret. Ce n'était pas à moi de dévoiler ses faiblesses, encore plus dans cet environnement où la loi du plus fort régissait la vie sur le campus. À son regard dubitatif, je compris qu'Ali avait compris mon mensonge, elle avait plutôt entendu les battements affolés de mon cœur, mais n'y fit pas attention et nous laissa passer.

Je t'attends ici. Les cours sont banalisés pour l'après-midi, on ira s'entraîner avant le massacre, me cria-t-elle en levant le poing.

Ali n'avait pas l'air de s'inquiéter du match. Au contraire, elle semblait ravie de pouvoir faire mordre la poussière à d'autres étudiants, surtout aux métamorphes. Malheureusement la mésentente entre les vampires et les loups-garou n'était pas un mythe, ils se détestaient. Moi qui avais du mal au début, à distinguer les différentes espèces du campus, j'y voyais maintenant plus clair. La méthode était plutôt simple. Lorsque vous voyiez deux gaillards se jauger du regard tout en fronçant les sourcils prêts à se sauter dessus, vous êtiez sur la bonne voie ! Dans ce genre de situation j'avais pour habitude de raser les murs, essayer de me faire la plus petite possible, car un seul regard dans leur direction et vous gagniez un allé simple à l'hosto, d'après les dires de Diana. Si les étudiants étaient déjà méfiants à mon égard, les métamorphes l'étaient d'autant plus.

Sean et moi marchions désormais dans les couloirs du dortoir. Étrangement, nous n'avions rencontré aucun étudiant, lorsque nous nous engagions dans le couloir étroit, certainement du au fait que tout le monde se préparait pour le match.

Je t'en prie entre, avant que quelqu'un nous voit, m'intima Sean d'un geste de la main.

Je le suivis et entrai dans une chambre similaire à la mienne. La décoration était néanmoins complètement différente. L'extravagance de Sean habitait le moindre bibelot de la pièce. Des murs d'une couleur bleue, orange, avec quelques taches jaunes parsemées càbet là. Une dizaine de consoles de jeux, une étagère remplit de BD, de mangas ... de petites statues de femmes et d'hommes nus ainsi que des menottes dans une vitrine.

Tu as l'œil pour les jolies choses, à ce que je vois, fit-il fièrement en tapotant sur la vitrine. Ne t'inquiète pas, si tu n'as aucune expérience en la matière, je pourrais toujours te conseiller pour ce genre de truc, hein ?

Qu'est-ce que tu en sais, que je n'ai pas d'expérience ? lui dis-je en m'asseyant sur son lit.

Il me fixa pendant quelques secondes, puis éclata de rire. Je ne pensais pas que ça se voyait tant que ça. Au contraire même, quand mes camarades de classe en parlaient, je ne me braquais jamais et posais toutes sortes de questions.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant