Chapitre 23 : Retour À La Maison

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La bonne douche des vestiaires avait revigoré mon corps douloureux. Maintenant, je pouvais à peu près marcher correctement, et mon visage n'était plus trop amoché grâce à l'infirmière. Pour mon ventre et mon dos, en revanche, c'était autre chose. Il était si parsemé de bleus, qu'on aurait pu me confondre avec un Schtroumpf. Si ma mère me voyait dans cet état, elle s'évanouirait ou crierait au meurtre. Je devais donc faire attention à bien fermer la porte de la salle de bain à clé, par précaution.

Je rejoignis donc le portail avec prudence, par peur de tomber en cette nuit sombre. La lune ne pointait pas le bout de son nez, certainement à cause des nuages épais qui assombrissaient le ciel, mais je parvenais tout de même à voir où je mettais les pieds grâce à la lampe torche de mon téléphone. Une légère brise caressait ma peau, et les cris des animaux nocturnes avaient le don de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Dans pas moins de dix minutes, ma mère viendrait me chercher, et je pourrais enfin être dans mon monde, là où je me sens le mieux. Après avoir passée plusieurs jours aussi mouvementée, j'étais surexcitée à l'idée de la revoir, bien que cela signifiait aussi devoir lui mentir sur ma nature.

Tu t'en vas, comme ça ?

Je me figeais sur place et tournai lentement ma tête vers la gauche. Ce moment là, je le redoutais aussi. Angie avait encore les cheveux mouillés qui lui dégoulinaient sur le visage. Ses yeux, pourtant noirs, étaient comme des étoiles dans un ciel obscur : ils étaient comme deux phares gigantesques.

Je rentre chez moi, oui, dis-je après quelques secondes, tout en triturant nerveusement les mèches de mes cheveux encore humides.

— Sans t'expliquer ? commença-t-il en haussant la voix.

J'avais l'impression d'être une petite fille à qui son papa donnait une leçon de moral.

— Et bien, je ne sais pas trop quoi dire ...

— Tu ne sais pas quoi dire ? Commence par m'expliquer ce que tu foutais là-bas ! Si tu veux crever, je peux aussi m'occuper de ton cas, pas besoin de fricoter avec les divinités ! cria-t-il, hors de lui.

Cette fois c'est moi qui m'emportai.

— Je n'avais pas le choix ! Tu crois que ça m'amuse d'être impliquée dans cette merde ?

Angie rit doucement, en secouant la tête de droite à gauche.

— Ce n'est pas un jeu. Je te l'ai déjà répété un bon nombre de fois. Tu aurais du m'en parler. Tu ne me crois pas quand je te dis qu'il a tué ses parents ? Il te faut des preuves pour que tu percutes enfin ?

— Et toi, alors ? Tu m'en as parlé de ton petit secret ? Tu protégeais ta famille, j'ai fait exactement pareil. Je ne voulais juste pas que tu t'inquiètes et... et j'avais pleins d'autres problèmes à gérer, j'étais dépassée.

Je sentis le nez me piquer, signe annonciateur de grosses larmes de crocodiles. Mais je me retins d'exploser devant lui, je ne voulais pas gâcher cette fin de journée et encore moins que ma mère me voit avec des yeux bouffis.

— Écoute. Il s'approcha et pris mon visage en coupe. On s'est promis de s'entraider et de ne plus se cacher des trucs. Tu n'es pas toute seule, d'accord ?

C'était dans ces moments que je me rendais compte de la chance que j'avais. Ma famille m'avait toujours soutenue, et ne s'était jamais opposée à mes choix. Ma mère et Angie me conseillaient en permanence sans me juger. Ils étaient vraiment bienveillants, et parfois je contrastais un peu avec leur positivité. J'étais plus comme mon père à ce niveau là, une personne plutôt discrète et taquine avec les gens que j'aimais. Depuis la mort de mon père, j'avais pourtant appris l'importance d'exprimer ses sentiments. Il ne fallait surtout pas avoir honte de dire je t'aime à ceux qui avaient une place dans notre cœur.

GOD'S RETURNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant