Chapitre 23 - Mia

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– Comment tu le vis ? C'est encore tout ressent. Alors, est-ce que tu continues d'aller en cours ? Me demandait Erica.

– Oui. J'ai repris les cours lundi, la semaine dernière, à la suite des vacances. Pour l'instant, j'ai l'impression de bien le vivre. Mais des fois, je me remémore cette soirée, et et je me sens... je ne sais pas, mal, dégoutante. Comme si depuis cette nuit-là, j'étais une inconnue pour moi-même.

Avoir dit ça me surprenait. Moi qui évitais d'y penser, je replongeais en plein dans ce que je ne voulais pas me souvenir, et ça faisait mal, très mal.

– C'est normal de ressentir ces choses-là. Me disait doucement Erica.

– Si c'était pendant une fête, me demandait Léana, d'autres personnes sont au courant de ce qui s'est passé ?

J'avalais ma salive.

– Oui. Peut-être même tout le lycée. Un article est paru dans le journal, annonçant « qu'une fille » avait été agressé lors d'une fête. Tout le monde savait que c'était moi. Mais ensuite, des rumeurs ont commencés à surgir dans les couloirs.

– Et comment tu le vis, sincèrement ?

– Sincèrement ? Je ne sais même pas. Je peux passer d'un vide complet à un état de colère ou de tristesse. Je peux me sentir triste, et l'instant d'après, j'ai l'impression de ne plus rien ressentir. La plupart du temps, j'essaie de m'occuper, de faire n'importe quoi, tant que je ne pense plus à cette soirée, tout me va.

– On est toute passé par là, c'est normal. Me disait Erica avec un sourire. Mais tu verras, avec le temps, tu finiras par ne plus y penser autant.

Je lui répondais par un sourire reconnaissant.

– Et tu as des gens qui te soutiennent ? Tu n'es pas seule ? Me demandait Rachel.

– J'ai ma famille. Mon frère, mon père, et mes amis. Dis-je avec un petit sourire.

Même si je le disais, je n'en étais pas certain. Mon père se concentrait sur l'enquête, sans vraiment se préoccuper de moi, et mes amis essayaient seulement de me faire penser à autre chose en me posant des questions de temps en temps pour s'informer. Ça m'allait, jusque-là, mais au fond, j'aimerais que quelqu'un comprenne vraiment ce que je ressens.

– Tu as pu te confronter à tes agresseurs ? Me demandait Valentine. Enfin, ceux qu'ils ont retrouvés.

– Oui. En fait, je me suis fait agresser sexuellement par une personne. C'est lui que j'ai rencontré. Il n'a rien dit. Je ne suis resté que quelques minutes devant lui.

– Et qu'est-ce que ça t'as fait, de le revoir ?

– Euh, je ne sais pas vraiment. J'étais dégoûté, je crois. Il me fixait de son regard sombre, mais bizarrement, je n'ai pas eu aussi peur que je le pensais.

– Des fois, on s'imagine des choses à l'avance, et puis, on réagit différemment en vivant la situation qu'on appréhendait. C'est quelque chose de normal pour tout le monde. Disait la psy.

Je continuais de fixer le sol. Je me sentais bien. Sereine et en sécurité. J'étais rassuré de me trouver en présence de personnes qui avaient vécu la même chose que moi, et pour une fois, je n'avais pas envie de fuir ces séances de psy que je trouvais inutile.

***

– Bonjour tout le monde.

– Mia ? Ça va ? Me demandait papa en sortant du salon.

– Oui, très bien.

– Bon. Tant mieux. On mange dans trente minutes.

– Ça marche.

JOHNSON - Sans Lui (Tome 2)Where stories live. Discover now