■ 32 ■

1.2K 129 213
                                    

✅ 30, 31

■:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::■


Sincère ou non, je décide de lui laisser le bénéfice du doute. Ce serait fâcheux de le contrarié maintenant alors que je risque d'être coincée avec lui pour un moment. D'une poigne ferme, j'attrape l'avant-bras de mon camarade et me relève d'un bond jusqu'à atterrir à quelques centimètres de son visage. La lumière vive des dalles blanches se reflète en carrés lumineux dans le verre de ses lunettes. Tiens, je n'avais jamais remarqué qu'il avait les yeux bleus.

— Constance ? me demande-t-il en m'inspectant curieusement.

Puis son regard se dépose sur son bras que je tiens toujours solidement. Immédiatement, un sentiment de malaise s'empare de moi et je me retire brusquement. Mais si la situation l'a amusé ou gêné, le garçon ne le montre pas.

— Allons-y, déclare-t-il simplement avant de se diriger vers le côté sombre de la pièce.

Je ne tarde pas à faire de même. Alors que nous nous approchons de la zone sombre, les dalles s'éclairent pour en révéler d'autres, repoussant la zone d'ombre un peu plus loin devant nous. Nous continuons donc à avancer mais la lumière qui s'allume sur notre passage ne fait qu'éloigner l'obscurité en même temps que la salle semble s'allonger. Purée ! Jusqu'où va cette pièce ?

Quand je me retourne pour jauger la longueur de la salle, je me rends compte que le coin où nous étions assis il y a quelques instants est désormais plongé dans le noir lui aussi.

— À peu près dix mètres, se met à marmonner mon camarade.

— Pardon ?

— Il me semble que la lumière ne s'allume que dans un rayon de dix mètres autour de nous.

— Génial ! Et du coup ?

— Avançons, répond le brun, pas le moins du monde décontenancé par mon sarcasme. On va bien finir par atterrir quelque part.

Mais, au fur et à mesure que nous avançons en direction de l'obscurité, la pièce – ou plutôt le couloir – ne cesse de s'étendre. Impossible de savoir si nous sommes encore loin de la sortie, ou même s'il y a une sortie. Je commence d'ailleurs à sérieusement en douter...

Et si ce couloir était sans fin ? Si depuis le début on ne faisait que tourner en rond ? Et si un décompte apparaissait et, arrivé à zéro, le sol s'effondrait à nouveau pour nous faire chuter à notre mort sur ces abominables pics ? Ou encore pire : si rien ne se passait et que je finissais enfermée pour toujours avec le binoclard ?

— On ferait peut-être mieux de faire demi-tour. On a dû rater quelque chose, c'est sûr !

Soit je n'ai pas parlé assez fort, soit Monsieur le délégué est trop absorbé par ses propres pensées car je remarque avec frustration qu'il continue à avancer à pas réguliers. Je m'apprête à le courser pour lui flanquer un bon coup de pied dans le derrière quand une idée m'interpelle. La lumière nous suit dans un rayon de dix mètres mais que se passe-t-il si nous nous séparons ?

Intriguée, je reste plantée là alors que le garçon poursuit sa marche dans un calme déconcertant. Je jette un œil en arrière. La lumière autour de moi ne bronche pas. Pourtant, celle autour de mon camarade continue de révéler le couloir devant lui à chaque nouveau pas.

— Constance ? Qu'est-ce que... Oh !

Je constate avec délectation la surprise qui s'étale sur le visage de Tomichou alors qu'il remarque enfin ma découverte. Satisfaite de l'effet, je lui offre mon sourire le plus radieux.

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now