[Livaï xR] Ta Main

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(Il est recommandé de connaître le passé de Livaï pour lire cet écrit, sous peine d'être spoilé! Il contient également quelques propos matures, mais rien de bien poussé.)



Livaï n'avait jamais été quelqu'un de très expressif. C'était même tout l'inverse.

D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait connu la misère. Les relations humaines, il s'en fichait pas mal.

Car, dans les bas-fonds, cela ne lui était d'aucune utilité. S'attacher à quelqu'un était synonyme de faiblesse. L'on prenait le risque d'exposer l'un de ses points faibles à l'ennemi, à peine tissait-on quelques liens d'amitié, de famille ou autre.

Livaï, après la mort de ses seuls et uniques amis, qu'il avait considérés comme sa famille, s'était promis de ne plus jamais s'attacher à qui que ce soit.

Il ne voulait plus revivre la douleur de perdre ceux qui lui étaient chers. De perdre tout ce pour quoi il vivait, tout ce pourquoi il continuait de subsister dans ce monde pourri jusqu'à la moelle.

Il avait décidé de combattre ce froid mordant de lui-même. Et de trouver la chaleur qu'il lui manquait par ses propres moyens.

Il se l'était promis....

Et pourtant.

Comme sortie de nulle part, cette jeune femme était entrée dans sa vie. Avec perte et fracas.

Tout le quotidien de Livaï en avait été chamboulé. Lui qui s'était juré de ne plus jamais laisser quelqu'un l'approcher, il n'avait rien pu faire.

Une jeune soldate, de quelques années sa cadette, enjouée et pleine de vie. Bien qu'elle ne puisse prononcer un seul mot. Elle était muette.

Ses mains étaient alors ce qui lui permettait de communiquer avec autrui. Chacun de ses gestes signifiait bien plus que de simples mots. Malgré son handicap, elle avait réussi à devenir l'une des meilleures soldates de sa promotion.

Et Livaï en avait été époustouflé. Cette jeune femme avait réussi, à la force de sa simple et pétillante personnalité, à percer la carapace dans laquelle il s'était enfermé depuis sa jeunesse.

Elle était devenue le soleil de sa vie, plus vite que n'importe qui. Ses mains, aussi chaudes que des rayons de lumière, qui apportaient avec elles tout l'amour dont le brun avait besoin.

Il se rappelait de tout.

La première fois qu'ils avaient échangé une poignée de main, paume contre paume. Elle venait d'arriver dans le bataillon d'exploration, et avait tenu à saluer chaque membre d'elle-même, simplement pour faire connaissance avec ses nouveaux camarades.

Livaï avait été séduit par son immense sourire, plein de promesses et dénué de craintes.

Une étincelle.

Puis, lorsqu'ils marchaient côte à côte, afin de se rendre aux terrains d'entraînement, leurs mains se frôlaient souvent. Si Livaï s'en serait dégoûté d'ordinaire, que quelqu'un le touche avec ses mains sans nul doute pleines de microbes, il n'avait rien dit.

Mieux, même. Il avait sentit son cœur se réchauffer, à chaque fois que leurs mains se frôlaient.

Une flamme.

Un pas avait par la suite été franchi. Toujours dans le silence le plus total, l'amour avait fleuri là où on l'attendait le moins. Leurs mains à présent réunies, leurs doigts entrelacés, ils contemplaient le ciel nocturne, l'immensité étoilée qui s'étendait au-dessus de leurs deux êtres.

Sa main était toujours aussi chaleureuse. Livaï n'arrivait pas à s'en lasser. Il n'arrivait pas non plus à réprimer ces sentiments naissants, quelque chose qu'il n'avait jamais ressentit auparavant. Ou alors s'était-il interdit de le ressentir? Il n'aurait su le dire.

Toujours est-il qu'il se sentait réchauffé de l'intérieur. Et qu'il s'était surpris à apprécier cette sensation. A la désirer toute entière.

Un brasier.

Les halètements et les souffles saccadés avaient embaumé l'air cette nuit-là. Leur première nuit ensembles.

Les mains de sa compagne avaient parcourues son corps nu, chaudes comme à leur habitude. Réchauffant son être tout entier.

Il voulait s'enivrer de ces mains, jusqu'à la fin des temps. A ses côtés, il savait qu'il en était capable. De vivre éternellement. Cela ne lui faisait nullement peur.

Peu importe qu'elle ne puisse prononcer mot. Tout ce qui comptait, c'était que la chaleur de ses mains était toujours là. Bien ancrée dans les siennes, qui ne demandaient qu'à être réchauffées.

Qui ne demandaient qu'à tenir ses doigts jusqu'au crépuscule de la vie.

Il aurait voulu que ce soit le cas.

Il aurait tout donné pour cela. Même sa propre vie.

Alors pourquoi était-il là, à genoux sous la pluie battante, à tenir des doigts maintenant aussi froids que la mort?

Pourquoi la chaleur de ses mains était-elle partie? Pourquoi aucun son ne pouvait-il passer, aujourd'hui encore, la barrière de ces lèvres froides, bleuies et meurtries?

Pourquoi sentait-il le froid mordre douloureusement son cœur, qui avait pourtant réussi à se réchauffer, sous la seule caresse de ses sourires?

Peu importe ce qu'il essayait, il ne pouvait plus sentir que le froid.

La chaleur s'était en allée.

Éteinte.

Shingeki No Kyojin x Reader // One-ShotsWhere stories live. Discover now