Chapitre 27 (partie II)

Start from the beginning
                                    

Il m'observe une seconde et je l'entends claquer des doigts, réprimant un sourire. Sa tête bouge de haut en bas à plusieurs reprises sans qu'il ne dise un mot, avant qu'il n'inspire profondément et bloquant ses iris dans les miennes.

— Tu n'as pas compris un mot de ce que je viens de dire, pas vrai ? demande-t-il.

Je secoue la tête en plissant le nez et je l'entends échapper un rire étouffé qui ne dure que quelques instants, mais cela suffit pour me faire sourire en retour. Il reproduit ma petite moue et me souffle :

— Les résultats sont mauvais et je ne sais pas comment les améliorer.

J'avais déjà compris ces informations lors de son discours, je butais plutôt sur les termes techniques. Mais j'acquiesce tout de même, le laissant comprendre que j'ai bien reçu le message, une deuxième fois. Le silence retombe et Aksel retourne auprès de la machine, ses yeux lisant encore et encore le rapport affiché sur l'écran, au point de m'en rendre malade. 

Je peux sentir mon cœur se contracter devant l'incompréhension du jeune homme. Je sais qu'il déteste être confronté à un échec, qu'il n'a pas l'habitude de ne pas réussir ses sérums, surtout après une aussi longue période. 

Je m'avance vers la machine et appuie sur un petit bouton juste derrière l'écran, ce qui l'éteint aussitôt. Pour autant, Aksel ne bouge pas, ses yeux rivés sur la surface désormais noire. Mais je sais qu'il n'observe pas les résultats, il cherche simplement à comprendre comment réussir le prochain sérum. 

Comme il le fait à chaque fois. Mais je sais aussi, dormant dans la même pièce que lui, qu'il n'a pas eu une seule nuit de plus de deux heures depuis une semaine et que même un cerveau aussi ingénieux que le sien ne peut pas fonctionner dans ces conditions. 

Alors je lui attrape une main et force le jeune homme à se tourner vers moi, ce qu'il fait une demi-seconde après avoir senti ma main sur la sienne, nous surprenant tous les deux.

Il lui suffit d'un regard pour comprendre que je veux lui dire quelque chose. Son visage reste sérieux bien que son regard se fasse plus doux et compréhensif. Je prends une inspiration, sentant mon cœur se contracter violemment dans mon estomac, me faisant prendre des respirations plus courtes et irrégulières. 

Aussitôt, je peux sentir les mains d'Aksel sur mes épaules et l'entendre respirer avec moi, m'aidant à retrouver un souffle plus régulier. Je hoche la tête une fois que je me sens capable d'inspirer normalement sans sentir le nœud dans mes boyaux, bien que je sache qu'il est encore là. 

Je repense à mes visions, surtout celle qui me pose problème. Je sais qu'Aksel ne me jugera pas, mais son regard sur moi changera forcément. Et je ne suis pas sûre de le vouloir. Mais c'est trop tard pour reculer de toute façon, il saura que je lui cache quelque chose si je reprends l'analyse comme si de rien n'était. 

Alors je plonge ma main dans la poche de ma blouse, en sortant mon stylet et mon I-Feuille qui y est roulée, pour poser tout cela sur la table derrière moi. Ma main tremble tandis que j'attrape le crayon, traçant sur le papier tout ce qui tourne en boucle dans ma tête depuis plusieurs mois maintenant. 

Je commence par parler de mon hallucination —il est déjà au courant que j'en ai eu suite au sérum K.T.A —, décrivant ce qui j'y vois et ce que je ressens, avant de faire glisser la feuille vers lui.

Aksel cherche mon regard lorsqu'il attrape la feuille, comme pour s'assurer que je sois certaine de vouloir lui faire lire ce que j'y aie écrit. 

J'inspire fortement et esquisse un sourire d'encouragement avant de hocher brièvement la tête, retenant ma respiration lorsque ses yeux commencent à déchiffrer la première phrase. Je peux observer son visage se durcir au fil de sa lecture, voyant sa mâchoire se contracter, tout comme ses poings, vers la fin. 

Lorsque je parle de la douleur qui semblait avoir pris le contrôle de mon corps et de mon cerveau. Je me souviens encore de la voix de mes parents —si c'était bien eux — et de cette voix inconnue et numérique qui résonnaient dans la pièce tandis que mon cerveau semblait se faire ouvrir en deux. 

Rien que d'y penser, je frissonne, si fort qu'Aksel laisse tomber la feuille pour bloquer mes bras d'une poigne de fer. Je peux lire l'inquiétude dans ses yeux qui a une nouvelle fois remplacé la colère qui y brûlait quelques secondes auparavant. 

L'une de ses mains passe sur mon front, douce et délicate, comme pour me prouver que mon cerveau n'est pas ouvert, qu'il est bien en un morceau. S'assurant que tout va bien, il se baisse pour récupérer la feuille et la pose sur la table, sans un mot de plus. 

Ses doigts pianotent sur ma « tablette » quelques secondes pendant lesquelles je souffle doucement, appréhendant la réaction du jeune homme. Son visage retrouve son expression grave lorsqu'il se décide finalement à parler :

— J'ignorais que le sérum pouvait donner d'aussi violentes et ultra réalistes hallucinations. Mais je comprends pourquoi la majorité des sujets qui sont injectés finissent rapidement par mourir, murmure le jeune homme.

Je récupère la feuille sans réagir au commentaire d'Aksel. Je ferme les yeux quelques secondes, chassant les larmes qui commencent à se former derrière mes yeux. Je mords ma lèvre inférieure, me demandant comment expliquer au jeune homme la réelle raison de ma confession sur cette hallucination. 

Je savais déjà que je faisais partie des rares chanceux ayant survécu au K.T.A, voire l'unique chanceuse à ne pas avoir reçu la dose complète. Je me demande seulement ce que ces hallucinations signifient. 

Pourquoi ai-je vu ce que j'ai vu et non quelque chose de totalement fantaisiste ? Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, des mois après l'évacuation de tout sérum de mon corps, seule l'une de ces hallucinations n'est restée complètement, alors que le reste commence à se dissoudre ? 

Lentement, je trace la question que je me pose depuis quelques jours, une question que je n'ai jamais osé formuler ailleurs que dans le tréfonds de mon cerveau, que je n'ai jamais voulu accepter. Je tourne ensuite la feuille d'un mouvement sec qui fait craquer mon poignet, laissant Aksel lire.

« Et si ce n'était pas une hallucination ? »

« Et si ce n'était pas une hallucination ? »

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Salut les courginettes !

C'est officiel, j'ai perdu la notion du temps ET je ne sais plus lire une horloge.

Pardon pour le retard, vraiment, vraiment, vraiment. J'espère que vous ne m'en voudrez pas. Nouvelle partie de "Felidae", je crois savoir que la prochaine va vous laisser SUR LE CUL. Et je pense que celle-ci aussi ? 

Qu'en pensez-vous ? 

Hallucination ou non ? 

Rêve préfabriqué ou non ?

Réalité ou non ?

Quelle est votre avis là-dessus ? 

See you mardi prochain pour la fin de ce chapitre ^.^ Bonne fin de semaine à tous et profitez bien du soleil !

Felidae [Parties III et IV]Where stories live. Discover now