Chapitre 24 (partie III)

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D'abord mon nom de famille, que je signe devant mon I-Feuille pour la jeune femme dès que mon cerveau parvient à parfaitement visualiser le mot : Felidae Davyn. Je sais que Madigan s'empresse alors de chercher dans toutes les data bases qu'elle peut trouver toutes les informations que je devrais savoir, mais il n'y a rien.

Elle m'avoue à demi-mot qu'Ethel trouve cela très louche et qu'elle a demandé à ce que je sois sous étroite surveillance, d'où les apparitions plus que fréquentes d'Adrien, le frère de Madigan, dans la salle de check-up aux alentours de dix heures du matin. Heureusement, il est très gentil et passe plus de temps à parler avec sa sœur qu'à réellement garder un œil sur moi, mais cela me convient parfaitement.

Les deux jeunes gens sont extrêmement proches et je ne sais pourquoi mon cœur se serre dès que je le vois sourire ou rire avec sa sœur. Je me sens toujours mieux quand il n'est pas dans la pièce, malgré tous nos efforts pour surmonter cette sorte de gêne étrange que je ne peux expliquer.

Mais même après les trois mois de Cure —trois longs mois pendant lesquels je n'ai pas vu Benny, n'ayant des nouvelles de lui que lorsque Madigan accepte de partager certaines informations —, je n'ai presque rien retrouvé, en termes de souvenirs.

Après mon nom de famille, ce sont les prénoms de mes parents qui sont revenus. Henri et Adrienne Davyn. Là encore, Madigan a fait des recherches, seulement pour trouver qu'ils vivaient dans le sud d'Héliantia, pas très loin de l'océan, dans une grande maison qui a été laissée à l'abandon depuis le début du Règne des Androïdes.

Il n'y a rien sur leurs métiers, leurs statuts actuels, pas même la moindre photo. « Ce sont des fantômes », plaisante Madigan tout en m'offrant ensuite un câlin, en voyant mes yeux former des larmes. C'est une sorte de mauvaise blague.

Les seuls souvenirs que je retrouve ne servent à rien. C'est comme si mon cerveau me les donnait exprès, tout en sachant qu'ils ne mèneraient à rien ! La seule consolation que j'ai, c'est que Madigan détache mon bracelet, m'assurant que je ne suis désormais plus en Cure et que je peux me balader plus ou moins librement dans l'enceinte du QG. Elle me promet cependant de rester à mes côtés les premiers temps, surtout si Ethel continue de me vouloir sous surveillance.

« Ce ne te gêne pas, que la Cure n'est pas marché sur moi ? Que mes souvenirs ne soient pas revenus même après trois mois ? », je demande une fois le bracelet détaché et rangé dans le sac de la jeune femme.

Nous sommes dans ma chambre, assises sur mon lit, fixant le lit vide de Benny en silence. Madigan hausse les épaules, les sourcils froncés. Je sais qu'elle ne comprend pas pourquoi la Cure n'a pas fonctionné sur moi.

Plus l'échéance des trois mois se rapprochait, plus elle tentait de nouvelles choses pour booster mon cerveau. Elle a cependant catégoriquement refusé de m'administrer leur sérum, argumentant que mon corps a reçu trop de liquides inconnus et qu'elle ne voulait pas être responsable de ma mort prématurée.

Et je comprends parfaitement sa réaction, même si je ne peux m'empêcher d'être déçue. Après tout, j'aurai adoré en savoir plus sur mes parents, sur ma vie avant mes cinq ans de coma, sur pourquoi je suis encore en vie quand autant d'autres enfants n'ont pas eu cette chance —un détail par lequel Madigan ne semble pas particulièrement affectée d'ailleurs —.

— Si, un peu. Mais il y a tellement de raisons pour lesquelles cela est possible... Je veux dire, jusqu'ici, mes patients n'avaient reçu qu'une dose de C.D.S. Tu en as reçu trois, donc peut-être que ton corps n'a pas encore tout rejeté et du coup, tes souvenirs sont encore bloqués. Ou alors, tes hallucinations dues au K.T.A t'ont plus affecté que tu ne le penses et tu as simplement peur de ce qui pourrait s'avérer être vrai une fois tes souvenirs revenus. Une chose est sûre Felidae, c'est que tes souvenirs reviendront. Je ne sais pas encore quand, mais ça viendra. Et c'est exactement ce que j'ai dit à Ethel lorsque je suis allée lui faire mon bilan ce matin, avoue-t-elle avec un sourire.

Felidae [Parties III et IV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant