Chapitre 24 (partie I)

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Le réveil est douloureux et les souvenirs de cette nuit, flous. Comme prévu, une petite migraine est venue pointer le bout de son nez pendant la soirée, m'arrachant une grimace lorsque la voix aiguë de Madigan résonne dans mes oreilles et mon crâne. 

En ouvrant les yeux, je découvre le sourire narquois de la jeune femme, dont les longs cheveux roux tombent en cascade sur ses épaules. L'un de ses sourcils est haussé et ses poings sont posés sur ses hanches, presque comme si je devais m'attendre à une remontrance. 

Je jette un œil de l'autre côté de la pièce, par-dessus l'épaule de la jeune femme, observant Benny qui semble tout aussi peu réveillé que moi. Sentant une main sur mon épaule, je remue pour la faire tomber tout en laissant ma tête retrouver le confort de l'oreiller quelques secondes. 

Mes yeux se ferment et l'espace d'un instant, j'imagine pouvoir retrouver mes rêves et la vie que j'y mène. C'est alors que mes souvenirs de la veille affluent et je me redresse d'un seul coup, les yeux grands ouverts, devant Madigan qui s'empresse de reculer face à la surprise.

 Je ne suis plus dehors, ou à l'hôpital. Je suis parmi les « Survivants » et « La Cure » commence aujourd'hui !

— Quel enthousiasme !, se moque la jeune femme, tout en s'écartant afin de me laisser me lever.

Je retiens l'envie de lever mon majeur dans sa direction et me contente de lui offrir mon plus beau sourire sarcastique, essayant de copier la posture d'Ethel qui force les gens à détourner le regard. 

En réponse, j'entends Madigan rire et pousser Benny à sortir de lit à son tour. La simplicité de la chambre me saute une nouvelle fois aux yeux, tout comme lors de notre arrivée hier après-midi. Deux lits de chaque côté de la chambre, avec une table de nuit et une petite chaise chacun. 

Comme lors de notre arrivée, il y a un morceau de pain, un verre d'eau et un verre de substance inconnue orangé posés sur la table de nuit et mes vêtements sur la chaise, pliés. Fronçant les sourcils, je baisse les yeux vers moi et découvre – ou plutôt redécouvre, fichue migraine — le tee-shirt marron un peu grand dans lequel j'ai dormi. 

C'est Eloeiz qui me l'a donné en nous installant dans la chambre, faisant de même pour Benny. Je ne sais plus comment elle a nommé cela, quelque chose qui finissait en « jama », il me semble. 

Un vêtement que je ne suis supposée porter que la nuit. Je sens une présence à mes côtés, mais ne relève pas, trop occupée à fixer ce fameux tee-shirt que je ne me souviens pas avoir enfilé.

— Felidae ? Suis-moi, je vais te montrer la salle d'eau, m'interromps Eloeiz d'une voix calme et douce, me faisant lever les yeux.

Le contraste entre les deux filles est flagrant à ce niveau. Là où Madigan peut être irritante et directe, Eloeiz est plus réservée et calme. Parfois, je me demande vraiment comment elles font pour s'entendre tant leurs caractères diffèrent. 

Du moins, si j'en crois ce que j'ai vu jusqu'ici. Je les ai rencontrés il y a moins de vingt-quatre heures, c'est plus que probable que j'ignore environ 80 % de leurs personnalités. Je ne connais même pas l'âge de Madigan, par exemple. 

Quittant avec regret les draps jaunis par le temps, je suis Eloeiz dans le couloir, vêtue de mon haut et les pieds nus. Il n'y a pas un bruit, si ce n'est nos pas et la lumière n'est pas encore allumée. Quelle heure est-il ? Je n'ai pas le temps de réfléchir aux gestes à faire pour poser ma question qu'Eloeiz s'arrête devant une porte portant le numéro « 10 ». 

En poussant la porte, j'y découvre une douche, un lavabo et des toilettes. Me tendant mes vêtements pliés avec un clin d'œil, la jeune femme m'encourage à entrer et j'entends la porte claquer dans mon dos une fois que je suis au milieu de la pièce.

Felidae [Parties III et IV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant