Zoé, putain.

Margaux pousse un cri étouffé et se glisse au sol en enfilant ses vêtements à la vitesse de l'éclair. Je me redresse d'un seul mouvement en étouffant un juron dans ma barbe et en abattant mon poing sur le comptoir, frustré. Elle glousse, les joues rouges, en se dépêchant de griller les toasts pendant que Zoé sort de la chambre avec les cheveux ébouriffés et les yeux bouffis.

— Salut.

— Bonjour, marmonné-je en me grattant la tête.

— Hey ! lance Mags avec un sourire gêné.

Zoé se raidit un instant lorsque Merlin lui tourne autour et que sa queue noire et soyeuse lui frotte les jambes. Elle ose ensuite s'accroupir pour le caresser du bout des doigts.

— Tu as faim ? lui demande-t-elle en déposant le pain à côté des œufs.

— Pas vraiment...

— Il faut que tu manges quand même, Zo.

Je m'approche d'elle pour l'embrasser sur le front et elle me donne un câlin en se frottant les yeux. Lorsque je recule, elle s'étire avant de m'offrir un minuscule sourire.

— D'accord. Je mange.

— Allez, viens ! Noah, tu travailles ou pas ? me demande Margaux en déposant des assiettes sur la table à manger.

Zoé me contourne pour l'aider à transporter trois verres où elle versera du jus.

— J'ai prévenu que j'arriverais un peu en retard.

— Alors reste avec nous.

Nous déjeunons alors à trois.

Zoé ne parle pas beaucoup, mais dévore toute son assiette comme je le lui demande. Elle boit ensuite son verre de jus d'orange sans rechigner et remercie même Margaux pour le déjeuner. J'en fais de même lorsqu'elle a le dos tourné et l'embrasse à pleine bouche pour assouvir une partie de la frustration. Au bout d'une heure, sûr qu'elle est entre de bonnes mains, je vais au travail.

Les huit heures de travail que je suis obligé d'accomplir au cabinet sont pénibles. Après que j'aie vécu un véritable problème avec ma sœur, les dossiers de vol ou de drogue bidons ne valent plus rien. Ça me semble carrément stupide. Je m'accroche à mon professionnalisme toute la journée pour survivre aux rendez-vous chiants et aux allers-retours barbants entre le palais de justice et le bureau.

Je finis par déconner un peu avec Lauren lorsque j'en ai marre de travailler, deux heures avant d'enfin rentrer chez moi. Nous nous amusons à faire bondir des gommes à effacer de nos bureaux jusqu'à la benne à ordures au coin de la pièce.

Ne nous demandez pas pourquoi nous en sommes rendus là.

Tout revient un peu à la normale. Même s'il y a quelques mois, je n'avais pas de quasi petite-amie et une sœur qui doit cacher son existence à des gens dangereux. On s'adapte.

Lorsque je reviens à l'appartement vers vingt heures, crevé et frustré, la seule motivation de survie étant de caresser les chats et d'embrasser ma petite femme, je trouve Zoé assise sur le canapé avec un livre et ce même plaid sous lequel je l'ai trouvée endormie hier en train de grignoter un petit bol de noix.

Sue Me - T1Where stories live. Discover now