32. Un nom

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L'un des policiers à l'accueil accepte de nous conduire à sa chambre.

Je suis très nerveux. Même la petite main de Margaux dans la mienne tout le long du chemin ne parvient pas à me calmer.

Son état la dernière fois a hanté mon subconscient des nuits durant. Je ne sais pas comment elle sera cette fois-ci et j'ai franchement peur de le découvrir.

— Vous avez vingt minutes, dit sèchement notre escort.

Je le fusille des yeux pendant que Margaux tourne la poignée de la porte de Zoé. Mon cerveau entre en apnée pendant qu'elle pousse vers l'intérieur et que la chambre s'offre à nos yeux. Je remarque d'abord les murs blancs dénués de toute décoration. La fenêtre étroite sur le mur d'en face permet aux rayons du soleil d'éclairer la pièce. Il y a une chaise dans l'angle de la pièce. Puis, un lit contre le mur où Zoé est allongée, nous tournant le dos.

Mon cœur cogne violemment contre ma cage thoracique pendant que nous faisons un premier pas dans la pièce en fermant la porte derrière nous. Ma gorge se serre lorsque je vois le petit tube de perfusion enfoncé dans le creux de son coude. Margaux retient son souffle comme moi, avance avec précaution en laissant glisser la courroie de son sac à main de son épaule.

Zoé porte un débardeur blanc et un pantalon de prison bleu foncé. Ses cheveux sont étalés sur l'oreiller. Elle est immobile. Trop immobile.

Et Zoé ne se retourne pas. Zoé ne parle pas.

—  Hey, Zo. C'est Noah, ai-je la force de murmurer.

Ses jambes remuent un peu, mais ne me fait pas face.

— Je ne suis pas là pour te blâmer. Je suis ton frère et je m'inquiète pour toi.

Margaux pince les lèvres devant son manque de réaction.

— Salut, Zoé, dit-elle à son tour d'une voix douce. On ne se connait pas, toi et moi, mais je m'appelle Margaux.

Elle s'assoit sur le bord du lit et pose une main sur son bras. Zoé tressaille au début.
Et finit par se mouvoir un peu à mon plus grand soulagement.

Ma sœur se retourne sur le dos et pose ses yeux bleus cernés sur moi. Son visage est encore plus mince que la dernière fois que je l'ai vue dans cette salle d'interrogatoire.
Puis, elle observe Margaux.

Je desserre ma cravate en me sentant étouffer.

— Salut.

Sa voix est extrêmement faible.

Puis, elle reporte son regard sur la fenêtre.

— On vient s'assurer que tu vas bien, continue Margaux sur un ton posé.

— Je vais bien, chuchote-t-elle.

Mais je vois toujours la perfusion. En m'approchant du sac contenant la substance transparente qui lui est administrée par petites doses. Ce sont des nutriments.

Elle ne mange pas.

— Tu ne manges pas.

Zoé expire dans un soupir et ses doigts jouent avec les cordons blancs de son pantalon.

— À quoi bon ?

— Comment ça, « à quoi bon » ?

Je fais le tour du lit pour m'asseoir de l'autre côté et l'obliger à me regarder dans les yeux. Les siens se sont remplis de larmes en une fraction de seconde.
Je serre les poings, impuissant.

— Parle-moi, Zoé, imploré-je, je ne veux que ton bien, merde, parle-moi.

— J'ai peur, murmure-t-elle d'une voix chargée de larmes. Je ne me sens pas bien ici.

Sue Me - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant