11. Travail

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La cravate encore détachée autour du cou, je verse mon café brûlant dans ma tasse thermos pour conserver la chaleur de ma boisson. En gardant un oeil sur la chaîne de nouvelles, je ferme la tasse et commence à boutonner ma chemise.

Les seuls moments où j'ouvre vraiment ma télévision, c'est tous les matins pour surveiller l'actualité pendant que je me prépare au lieu de lire les journaux, ce qui prendrait un peu plus de temps. Et je fais ça aussi pour ne pas avoir l'air trop con lorsque des clients me sollicitent pour des affaires qui font le tour des journaux et des chaînes de nouvelles.

Aujourd'hui, il a des accidents de voiture, une pénurie de logements, le Sénat qui a fait une autre connerie et la température qui fait un bond de dix degrés par rapport à hier.
La fin de l'hiver m'excite. Les soirées sur la plage avec des amis et les femmes en maillot c'est toujours excitant.

Pendant que je noue ma cravate devant le miroir mural dans ma chambre, une présentatrice annonce une nouvelle de dernière heure.
Un braquage dans une banque en Floride, aucun véritable suspect, caméras coupées et donc aucune preuve.

Rien de vraiment choquant. Des choses comme celles-ci arrivent tous les jours.

Je ferme la télévision et saisis mon sac de travail, fourre mon téléphone dans ma poche et démarre ma voiture à distance pour réchauffer le moteur. Je retiens la porte de l'ascenseur pour ma vieille voisine et réponds à son sourire lorsqu'elle m'en offre un. Je la laisse même tirer sur l'une de mes boucles et la regarder reprendre sa forme en gloussant gentiment.
Je ne pensais pas dire ça un jour, mais madame Johns est adorable. Elle me fait penser à abuela, parfois.

Je bois mon café au volant, prends un raccourci vers le bureau parce que j'ai la ferme impression que je vais arriver en retard et grimpe quatre à quatre les marches de l'escalier de l'immeuble jusqu'au second étage pour avoir les fesses sur mon fauteuil à exactement 7h30 avant que le foutu Archer fasse sa tournée pour vérifier que tout le monde est là et qu'on bosse.

— Salut, mon gars, murmure Lauren, le nez déjà dans ses papiers.

— Salut.

Je m'assois en soufflant, déposant mon sac d'un côté et ma tasse de café de l'autre sur mon bureau.

Pile au moment où Archer darde ses yeux à l'intérieur, me toise parce que je n'ai rien ouvert encore et repart de cette démarche suffisante qui me donne envie de lui crever les globes oculaires avec mes stylos.

— Je n'ai jamais autant haï un humain, annoncé-je laconiquement à mon ami qui ricane.

Il feuillette un dossier avant d'écrire quelque chose sur un post-it et de le coller dessus.

— Et Leroy ?

— Les deux sont au même niveau à ce point.

— Tu m'en dis, des choses.

Je finis ma tasse de café et sors mon ordinateur de mon sac pour l'allumer.

— Tu fais quoi demain soir ?

— J'ai une audience à 18h, mais après ça, je suis tout à toi, mon amour.

— Ne me fais pas vomir. J'ai besoin d'un prétexte pour échapper à ma mère. Elle va me caser avec la fille de l'associé à papa.

— Ta mère veut vraiment t'attacher par les couilles, non ?

Je compose le mot de passe sur mon ordi avant de tirer un dossier de l'un des tiroirs du bureau.

— C'est son rêve le plus cher.

Lauren me jette un regard lourd de sens.

— Résiste, mec, jusqu'à ton dernier souffle. Ne quitte pas la Brigade De La Justice tout de suite.

Sue Me - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant