Sue Me - T1

15. Pertes

J'essuie mes mains moites sur mon pantalon.

Nous passons devant les juges d'une minute à l'autre, Griffith n'est pas là, et, évidemment, le procès est privé.

Aucun civil, aucun photographe et aucun journaliste n'est admis dans la salle sauf nous quatre et les trois Juges.

— Noah !

Je me tourne brusquement la porte du palais de justice que Margaux vient de franchir.

Avec un pantalon de jogging gris, un t-shirt Guns and Roses, des Converse blanches et ses cheveux courts encadrant son visage ovale en désordre, elle court jusqu'à moi.

Je me passe une main nerveuse dans les cheveux en me demandant ce qu'elle fait là. Sa présence me rassure autant qu'elle me donne le trac quand même.

— J'ai... quelque chose à te dire, chuchote-t-elle en s'arrêtant à quelques centimètres de moi.

— Quoi ? dis-je sur le même ton.

Elle repousse ses lunettes sur son petit nez et des mèches éparses derrière ses petites oreilles.

— Les juges qui jugeront l'affaire aujourd'hui ont été choisis personnellement par Griffith.

Je fronce les sourcils.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Margaux cale une main sur sa hanche et pince les lèvres.

— Ils sont de mèche. Peu importe ce qui se passera aujourd'hui, il va gagner.

— Putain, grogné-je en levant le visage vers le plafond voûté, excédé. Comment tu le sais ?

— J'ai fait des recherches, révèle-t-elle en baissant la voix lorsque des policiers passent près de nous. Ce sont toujours les trois mêmes.

Elle sort un papier froissé de son sac à main et me le tend.

Loren Blake.

Caitlyn Miller.

Gabriel O'Brien.

Je le connais tous les trois personnellement. Ces putains de connards.

— Je sais que Miller est parfois en retard aux audiences, murmuré-je en me frottant le menton, les yeux toujours rivés sur la feuille.

Lorsque je reporte mon attention sur Margaux, une lueur déterminée fait briller ses yeux noisette.

— La Juge qui m'a obligée à supprimer les articles, Noah. Elle peut remplacer, non ? Elle est bonne.

Ma nervosité est alors éclairée par un faisceau d'espoir.

— Ouais... ouais, elle pourrait remplacer. Il faut se dépêcher alors, ajouté-je en fourrant la feuille dans ma poche.

Elle m'arrête d'une main lorsque j'esquisse un à peine un mouvement.

— Je vais y aller. Reste ici pour ne pas éveiller les soupçons.

Je fais mine de rouler les yeux, mais elle a raison.

— Tu l'aimes parce qu'elle ne t'a pas mis en taule, c'est ça ?

— Je te déteste parce que tu es un enfoiré, surtout.

Un sourire m'étire les lèvres pendant qu'elle tourne les talons pour gagner l'ascenseur qui mène aux bureaux des juges au second étage de l'établissement. Je m'oblige ensuite à m'asseoir quelque part pour arrêter de gigoter comme un putain d'anxieux. Les minutes passent, Margaux ne revient pas et mon cerveau surchauffe à force de passer et de repasser mes arguments en revue.