Sue Me - T1

23. Ego

le surplus d'imagination me tue.

mais seulement de la meilleure des façons ✌🏼

***

Donc... je me suis fait rejeter par une femme.

Pas par n'importe laquelle, pourtant.
Par Margaux Leroy.

Je ne pensais pas que ça pouvait être possible. Je ne pensais même pas que ses sentiments pouvaient l'effrayer à un point où elle déciderait de couper tout contact entre nous.
Je ne pensais pas qu'elle aurait envie de moi comme ça.

Mon égo en a été sérieusement touché, mais pas pour les raisons stupides du mec macho moyen.

Mon égo en a souffert parce qu'elle prétend que je suis quelqu'un de spécial pour elle, mais que mon esprit est trop débauché pour qu'elle puisse continuer à me fréquenter. Donc, en gros, je suis un connard pervers.

Je vais m'y faire. Je vais m'en remettre.
Ou peut-être pas.

Pour vider ma tête de tout ça, j'ai recommencé à travailler.

Carpenter Inc. est officiellement ouvert depuis trois semaines et je n'ai jamais vu autant de clients dans un cabinet en aussi peu de temps. Nous sommes déjà débordés, mais on va dire qu'on survit. Je fais la tournée des bureaux pour m'assurer que tout roule comme sur des roulettes. Lauren s'occupe du second étage pendant que je vérifie le premier.

La première chose que je remarque est que les employés sont beaucoup plus heureux de venir bosser que lorsque Archer nous gouvernait tous. Ça entre avec le sourire et ça sort avec un sourire aussi, plus fatigué certes, mais c'est tout de même un sourire. Les dossiers sont commencés avec entrain, les allées et venues entre le palais de justice et le cabinet pour des demandes d'audience se font efficacement, les informations sont correctement consignées et les heures sont facturées avec honnêteté.

Ma mère a passé tous les avant-midis de la première semaine avec Lauren et moi pour nous donner les instructions et les explications nécessaires pour que nous puissions gérer le cabinet comme il se doit.

Je me noie dans le travail comme d'habitude. Pour me donner une impression de productivité ou pour éviter de trop réfléchir et de penser à Margaux, je ne sais pas encore.

Je vais dîner avec mes parents chaque vendredi soir, une habitude que j'avais commencé à perdre depuis quelques semaines déjà.

Je sors avec mes potes de temps en temps. Nous allons en boîte. Je ne ramène pas des filles à la maison parce que je n'en ai pas vraiment envie, mais je m'amuse quand même.

« Je n'en ai pas vraiment envie ».
Qui aurait cru que je dirais ça un jour ?

Je n'ai pas recommencé à voir Iris encore, même si j'y songe. Mais chaque fois je pense à elle, des cheveux bruns et courts remplacent les cheveux blonds et longs, une taille plus pulpeuse remplace la taille fine et les yeux bleus sont remplacés par les yeux noisette.

Il faut vraiment que je fasse une désintox.
Ça devient assez malsain.

Ça fait trois semaines, deux jours et treize heures que je ne lui ai pas parlé. Mon téléphone ne résonne plus du tout de ses messages ou de ses e-mails et j'ai peur de lui en envoyer.

Ça ne va pas bien, putain.

Maman a essayé de me tirer les vers du nez, mais il faut se dire que je suis assez coriace. C'était un cuisant échec lorsque je lui ai seulement dit que j'étais constipé et qu'elle a râlé en sachant pertinemment que c'étaient des mensonges.