13. Contrôle parental

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— Noah Carpenter.

Cette fois-ci, c'est un sac à main Gucci qui s'abat brutalement sur mon bureau.

Et je suis encore obligé de baisser l'écran de mon ordinateur pour croiser le regard farouche de ma mère.

Je suis mort.

— Salut, maman, comment ça va ?

Elle s'assied sur la chaise face à mon bureau, ses cheveux tirés dans un chignon sévère et les yeux et les lèvres maquillés discrètement. Elle a l'air agitée. Assez en colère, en réalité.

— Tu as donné de l'argent à Zoé.

Mes épaules se détendent et je retiens à grande peine un soupir de soulagement.

Je croyais qu'elle savait que j'allais défendre un homme qui battait sa femme, demain, au tribunal. Je crois qu'elle m'aurait tranquillement attrapé par les oreilles et accroché au plafond.
Je vous jure qu'elle en serait capable.

Je sais qu'elle finira par savoir lorsque Margaux publiera l'article et que mon nom y figurera malgré moi, mais je m'ingénue à repousser ce moment le plus possible. Peut-être qu'entretemps, je réussirai à convaincre cette putain de journaliste d'effacer mon nom.

Même si je dois lui acheter un chat.
Cette fois-ci, je crois que je le ferais pour de vrai.

Lauren entre dans le bureau au moment même avec les bras chargés de feuilles pour l'imprimante avant de siffler en voyant ma mère.

— Eh, bonjour, madame Carpenter.

— Salut, Lauren, ça va ? lui répond-elle sur un ton jovial même si elle est en train de m'assassiner du regard en même temps.

— Impec'.

Puis elle commence à tambouriner de ses ongles peints en noir sur le bois du bureau en attendant ce que j'ai à dire pour ma défense. Pour être honnête, je n'ai absolument rien préparé alors on va devoir y aller au talent. En commençant par avouer la petite faute de rien du tout.

— Ouais. Je lui ai donné de l'argent.

— Et maintenant elle a disparu quelque part en Floride et elle ne répond pas au téléphone. Je ne sais pas qui est le plus irresponsable, elle ou toi, assène-t-elle d'un ton dur.

Je m'appuie contre le dossier de mon fauteuil en croisant mes bras sur mon torse. Elle continue à me fixer de ce regard implacable que je soutiens de mon mieux.

— Si vous arrêtiez seulement de la traiter comme une gamine. Elle a vingt-trois ans, maman.

— À vingt-trois ans, ta sœur et toi aviez plus de sens de la responsabilité qu'elle.

— Oui, mais Jade et moi on a aussi décidé de nous concentrer sur nos carrières. Elle veut juste vivre sa vingtaine, laisse-la !

Elisabeth joue nerveusement avec son alliance, le regard se perdant dans le vide. Je ferme complètement mon ordinateur et me penche en avant pour saisir ses mains douces dans les miennes.

— Eh, maman. Arrête de t'inquiéter pour rien. Faites-lui juste un peu confiance et je te jure qu'elle s'ouvrira à vous.

— Bah elle ne répond pas au téléphone, marmonne-t-elle en serrant tout de même mes doigts avec les siens.

— Elle est sûrement en pleine gueule de bois.

Maman lève brusquement la tête et me foudroie du regard.

OK. Mauvaise blague.

— Je vais l'appeler pour toi, reprends-je pour la rassurer. Relaxe.

Et c'est ce que je fais.
Je tire mon téléphone de ma poche et appuie sur le numéro de ma sœur dans mes contacts tout en mettant l'appel sur le haut-parleur.

Sue Me - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant