— Mais tu as eu l'audace de me regarder dans les yeux et de pointer fusil sur moi ? hurlé-je en sentant la colère prendre possession de chaque fibre de mon être.

L'adrénaline qui pulse dans mes veines me donne la force de me mettre debout et elle se remet à sangloter en tremblant.

— Ce n-n'était qu'un fu-fusil de son, hoquète-t-elle en se berçant d'avant en arrière. Je n'ai touché à rien. Je n'ai rien fait. Ils ont fait exprès.

J'enfouis mes mains dans mes cheveux et les tire à la racine en faisant les cent pas devant elle.

— Qu'est-ce que tu faisais là ? Pourquoi étais-tu là ? J'ai besoin d'explications, Zoé, putain !

Ses cheveux virevoltent dans tous les sens alors qu'elle secoue la tête en se grattant le bras jusqu'à ce qu'il devienne rouge. Ses yeux plissés sont injectés de sang sont hagards, elle ne se ressemble plus et je ne la reconnais pas.

Je ne reconnais pas ma sœur.

— Dis-moi ce que tu faisais là-bas, tonné-je en appuyant ma main sur la table devant elle.

— N-Non.

— Pourquoi non ?

— Je ne p-peux pas parler.

— Pourquoi ? Qui est-ce que tu essaies de couvrir ? Qu'est-ce que tu fais avec eux ?

Je débite les questions à toute vitesse et elle secoue la tête à chacun d'eux sans me répondre et sans me regarder.

Je tends la main pour lui soulever le menton de force pour qu'elle me regarde dans les yeux.

On nous avait déjà donné une formation en première année l'université pour reconnaître, à partir de la dilatation des pupilles de quelqu'un, s'il a consommé de la drogue ou pas. Lorsqu'elles sont beaucoup trop dilatées dans un endroit où la lumière est aveuglante, c'est un signe fort que la personne est droguée, que les mécanismes de réaction au stimuli habituels sont brouillés par les substances illicites.

Les pupilles de Zoé sont dilatées.

Beaucoup trop dilatées.

Je retire ma main comme si elle m'avait brûlée et je recule de plusieurs pas pendant qu'elle s'essuie la joue d'un air absent.

— Tu prends de la drogue, dis-je sur un ton amer.

Elle ne me contredit pas.
Ça me brise davantage.

— Laquelle ?

— Fentanyl, chuchote-t-elle.

— Depuis quand ?

— S-Six mois.

— Ils te la fournissent.

Aucune réponse.

Je prends ça pour un oui.

Maman avait raison de se méfier de ses fréquentations. Et là, il y a moi qui la laissait « vivre sa vingtaine. »

Amuse-toi, avec responsabilité.

Je suis bouleversé.
Je suis complètement brisé.
Je suis à deux doigts d'envoyer valser la chaise de métal contre le mur.

Bien sûr. Des bisous.

— Je veux un nom, Zoé.

Elle refuse de la tête, tremble de plus belle.

J'ai besoin d'argent.

— Putain de merde.

Pourquoi as-tu besoin d'argent ?

Sue Me - T1Where stories live. Discover now