J'adore la technologie.

— Je vais aller signer les papiers, je reviens, annoncé-je en tirant mes clés de voiture de ma poche.

— Tu as déjà acheté ? s'étonne Luka en se retournant pour me dévisager de ses yeux verts.

— Ouais. Pas de temps à perdre. Soyez productifs, hein ! ajouté-je d'une voix forte pour que tout le monde m'entende.

— Oui, boss ! répliquent-ils tous et je ris en sortant.

Je franchis la porte et tombe nez à nez avec Margaux qui remontait l'allée.

Nous retenons notre souffle tous les deux.

Depuis... cette fois à son appartement, nous avons passé trois longues semaines à s'éviter, je crois. J'ai inconsciemment attendu un signe.
Mais pas d'appels, pas de messages.
Pas d'e-mails.

Elle a écrit cet article sur moi, mais ne me l'a pas envoyé avant pour que je le lise comme la dernière fois. Je me suis réveillé un matin et je suis tombé dessus par hasard.

Je ne sais pas si c'est parce que nous sommes allés trop loin la dernière fois ou parce que je me suis aventuré trop loin sans son intimité qu'elle s'est refermée comme une huître et qu'il y a une gêne invisible entre nous. Je sais par contre que j'aurais pu faire un effort pour la contacter si tel était mon désir, mais... je ne sais pas. Ça me semblait trop étrange.

Je ne sais pas ce qui m'arrive. J'ai l'impression que je suis en train de perdre la tête.

Une petite française qui possède trois chats, dure à l'extérieur, mais molle et sensible à l'intérieur, me fait perdre la tête.

S'il y a deux mois, je voulais lui arracher la tête parce qu'elle racontait des conneries sur moi, je ne ressens plus rien de tel à son égard.
C'est juste vraiment bizarre. Je ne le répéterai jamais assez.

Et elle se pointe là comme une fleur dans un t-shirt blanc, un jogging noir et des Converse blanches hautes avec les lettres HP peintes dessus en doré. Ses cheveux courts frôlant ses épaules et quelques mèches rassemblées en un minuscule chignon sur le dessus de sa tête.
Ses éternelles lunettes noires.
Son visage juvénile et sérieux à la fois.

Je me rends compte que j'ai arrêté de respirer lorsqu'elle murmure :

— Salut.

— Hey.

— Mon petit doigt me disait que tu étais ici, et qu'il y aurait sûrement énormément de changements à faire, commence-t-elle en jouant nerveusement avec un bracelet à breloques dorées autour de son poignet délicat. Alors... bah...

— Tu veux m'aider ? demandé-je presque sans le croire.

Pourquoi est-ce qu'elle voudrait m'aider, en fait ?

Je la sens observer mes bras dénudés et tachés de peinture, mon t-shirt noir et mon pantalon de jogging de la même couleur en réalisant que c'est peut-être la première fois qu'elle me voit dans un habit autre que celui du travail.
Elle prend une courte inspiration.

— Si... si tu as besoin d'aide, bredouille-t-elle en baissant la tête sur ses chaussures.

— Euh...

Je me gratte la tête, extrêmement gêné.

Pourquoi est-ce que je me comporte comme un adolescent, bordel ?

Et puis je me rends compte d'une chose qui me fait honte à même penser : auprès d'elle, je me comporte comme un adolescent. Je rajeunis d'un bon dix ans. C'est à peine si je n'ai pas d'érections incontrôlables parce qu'elle est putain de belle.

Sue Me - T1Where stories live. Discover now