Chapitre 24 (partie III)

Depuis le début
                                    

Je la prends dans mes bras, les larmes au bord des yeux. Au cours de cette cure, Madigan et moi sommes devenues bien plus proches que je ne l'aurai cru possible. Contrairement à Ethel par exemple, la jeune femme ne m'a pas jugé ni sur mon âge, ni sur mon amnésie ou mon mutisme.

Et cela me touche bien plus que n'importe quel souvenir qui pourrait potentiellement revenir. Je m'éloigne de la jeune femme qui m'adresse un petit clin d'œil. Je lui rends son sourire et mes pensées dérivent une nouvelle fois vers Benny.

Ce n'est pas la première fois durant ces trois longs mois de solitude que je me surprends à penser au jeune homme, me demandant comment il gère la remontée de ses souvenirs. Est-ce qu'il se demande aussi comment tout cela se passe pour moi ?

Est-ce qu'il acceptera de m'en parler ou est-ce qu'il va se replier sur lui-même ? Madigan m'a dit que cela était une possibilité, après tout. Parfois, la douleur et le choc prennent le dessus et il faut du temps pour que le patient accepte la nouvelle réalité.

Benny va probablement revenir aujourd'hui, puisque les trois mois sont écoulés. À moins qu'il n'ait besoin d'un mois de plus pour accepter ses souvenirs ? Madigan a dit que la Cure pouvait durer quatre mois en cas de besoin...

Je sens Madigan se lever avant d'entendre le lit craquer lorsque le matelas reprend sa forme originelle. Je lève les yeux vers la jeune femme, arrêtant de faire tourner le stylet entre mes doigts, l'air interrogateur.

La jeune femme me souhaite une bonne nuit et sort de la pièce après une dernière petite plaisanterie qui me fait sourire de nouveau. Je baisse les yeux vers la feuille, avant de taper le côté gauche de l'écran, ce qui fait apparaître une phrase.

Sous les conseils de Madigan, nous avons installé ensemble cette fonctionnalité, me permettant de recopier l'écriture de certains mots afin de réapprendre comment écrire. Si au début c'était assez laborieux de recopier des mots dont je ne comprenais même pas le sens, j'avoue qu'aujourd'hui c'est presque devenu un jeu.

La feuille me donne les définitions de chaque mot ainsi qu'une image qui l'illustre, donc mon vocabulaire s'enrichit en même temps que mon écriture. Je me souviens même de mon excitation lorsque j'ai écrit ma première phrase par moi-même et la fierté sur les visages d'Adrien et Madigan.

Ce jour-là, Adrien a ramené des biscuits qu'il aurait cuisinés lui-même pour fêter ça. En allant me coucher, j'avais mal au ventre, mais le sourire aux lèvres. Et il en va de même pour ce soir, je me couche avec le sourire et le cœur apaisé à l'idée de retrouver Benny le lendemain matin.

Le lendemain, je me réveille par moi-même dans une chambre vide. Je fronce les sourcils et me mettant debout, cherchant Madigan ou Adrien du regard. Je n'ai pas l'habitude de ne pas être réveillée...

J'attrape mes affaires de la veille, remarquant que le petit-déjeuner n'est pas posé sur ma table de nuit. Je sors de la pièce et file prendre une douche rapide, l'esprit encore embrumé. Je m'habille avec hâte et sors du couloir d'isolement, retrouvant le tout premier couloir que j'ai découvert en arrivant dans le QG.

Les patrouilleurs ne sont pas là et je n'entends que des quintes de toux provenant de certaines chambres. Je me souviens Madigan me dire que le mois de mars est le pire mois de l'année en termes de maladie, les gens pensant en général que nous sommes en été, car la température remonte, mais ce n'est pas le cas.

Je m'approche de mon ancienne chambre, ne sachant pas par où commencer pour retrouver la jeune docteure. Pourquoi ne m'a-t-elle pas réveillée ce matin ? Je sais que la Cure est terminée, mais je ne pensais pas que cela signifiait la fin de toutes nos interactions !

Felidae [Parties III et IV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant