𝐟𝐢𝐟𝐭𝐞𝐞𝐧

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eddie est là, devant lui. il l'a laissé entrer sans vraiment réfléchir aux conséquences, mais maintenant qu'il est à l'intérieur il ne sait pas comment agir. le brun à un air embarrassé peint sur le visage et les yeux rougis par les larmes, il se triture nerveusement les doigts, et richie sent son anxiété le gagner. il a envie d'ouvrir la bouche, de laisser les mots s'échapper pour faire remonter à la surface de son ami tous ses souvenirs, pour le convaincre de lui donner encore une chance, pour lui montrer que ce qu'ils ont ne mérite pas d'être gâché. mais il sait que s'il parle, il fera sûrement encore une erreur, et il ne peut plus se le permettre, il refuse de faire le premier pas si eddie recule encore.

le plus petit est déboussolé ; il s'est rendu chez richie dans un mouvement de panique, comme dirigé par son instinct. il se souvient des temps, où, dès qu'il se sentait mal, il enfourchait son vélo pour se rendre chez lui, profiter du confort de son étreinte, de ce halo de sécurité dans lequel il le plongeait. alors c'est ce qu'il avait fait, mais maintenant qu'il se trouve devant le bouclé, les mots ne parviennent pas à franchir sa bouche. il aimerait lui dire tant de choses, mais il ne sait pas s'il en est capable. ses yeux voyagent dans la pièce pour ne pas croiser ceux de son ami, et ils rencontrent alors la boîte en carton sur le lit de richie, où se trouvent également des photos, des papiers, et l'un de ses inhalateur. il retient un sourire lorsque des souvenirs lui reviennent à l'esprit, il sait que ce n'est pas le moment propice, mais il sent une chaleur le remplir à la pensée de tous ces moments qu'ils ont partagés tous les deux. il a envie de tout revivre, de leurs journées aux friches à leurs nuits passées ensemble, des films qu'ils ont vu aux musiques qu'ils ont écoutées, il veut continuer à découvrir le monde avec lui.

mais il se sent avalé par la peur de le perdre et par celle de la réaction des gens, et rongé par la culpabilité de ne pas pouvoir être celui qu'il veut qu'il soit. il aimerait devenir parfait pour lui, tout assumer fièrement sans se soucier des conséquences, avoir l'assurance que tout se passera bien ; mais il ne peut pas. parce qu'il est tourmenté par des "et si" qui l'entourent d'hypothèses au son désastreux, des hypothèses qu'il est incapable de contrer. il lance un rapide regard à richie, qui a toujours ses yeux posés sur lui et semble à la fois inquiet et désemparé, et il sent le rouge lui monter aux joues et son coeur devenir lourd dans sa poitrine. il regrette d'être venu, parce que richie le détestera encore plus s'il ne dit rien, et que sa gorge semble bloquée par la panique. il commence à retirer la peau de son pouce d'un geste nerveux et incontrôlable, il voudrait simplement embrasser richie pour lui faire comprendre ce qu'il ressent, mais il sait que ça ne serait pas assez. le bouclé mérite plus qu'un baiser, il n'a pas le droit d'espérer que cela pourrait l'empêcher de parler.

- je te dois une explication, il parvient finalement à articuler.

- sans blague.

richie ne s'attendait pas à ce que les mots sortis de sa bouche soient prononcés d'un ton aussi froid, c'est comme si son inconscient voulait le repousser, pour l'empêcher d'être blessé encore une fois. il ne sait pas s'il est énervé ou triste, il ne parvient pas à analyser les sentiments qui le traversent en cet instant, tout ce dont il est conscient c'est qu'il a envie que cette torture se termine enfin, qu'eddie remplisse le silence pour le retenir de penser. le brun semble blessé par l'intonation qu'il a donné à sa phrase, des larmes commencent à perler au coin de ses yeux, il est totalement paniqué et richie le voit parfaitement. le plus grand est partagé, une partie de lui aimerait le prendre dans ses bras comme il avait l'habitude de le faire, le réconforter jusqu'à ce qu'il se sente mieux, laisser de côté les problèmes, mais ce n'est pas la solution saine. la dernière fois qu'il a voulu éviter une conversation sérieuse, il a décidé de l'ignorer pendant des semaines. il a besoin qu'eddie et lui parlent.

mais il a également, au fond de lui, cette part de colère froide et pure, tourné vers lui-même autant que vers son ami. vers lui pour toujours avoir fait les mauvais choix, vers eddie pour en avoir fait avec lui. il aurait aimé un quelconque mouvement plus tôt dans l'après midi, il aurait aimé voir plus que des larmes. il aurait aimé qu'eddie le mette au dessus de ses autres priorités, qu'il lui montre qu'il tenait à lui, qu'il lui prouve que la nuit qu'ils avaient passée tous les deux n'était pas qu'une simple erreur. mais il était resté parfaitement immobile. il ne parvient pas à sortir de son esprit cette image de son ami paralysé sur le trottoir, le regardant passivement s'éloigner, il voudrait qu'elle s'efface pour toujours mais il est conscient que cela n'arrivera pas. peu importe ce qu'il est venu lui dire, il ne pourra pas retirer de son esprit le souvenir de son meilleur ami le laissant faire ses adieux.

𝐒𝐋𝐄𝐄𝐏𝐎𝐕𝐄𝐑 ! reddieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant