𝐒𝐋𝐄𝐄𝐏𝐎𝐕𝐄𝐑 ! reddie

𝐞𝐥𝐞𝐯𝐞𝐧

durant trois semaines, richie reste à l'hôpital, son emploi du temps se partage en visites des ses amis et séances avec un psychiatre, et il ne peut nier que contre toute attente, il a parfois l'impression d'aller mieux. pour ce qui semble être la première fois de sa vie, les gens s'occupent de lui et l'entourent de leur amour, et il en est très reconnaissant. stan vient souvent le voir, parfois avec mike ce qui donne lieu à de nombreuses blagues triviales de la part de trashmouth, pour le tenir au courant de ce qu'il se passe dans le monde extérieur. beverly, elle, est la pause clope de richie, elle lui apporte des cigarettes que les deux fument accoudés à la fenêtre de la chambre ; et c'est devenu un jeu pour eux de ne pas se faire voir par les médecins. bill et ben viennent moins régulièrement, mais richie est tout de même heureux de plaisanter avec eux. et puis, parfois, c'est aurora qui entre dans la chambre. la première fois qu'il a vu ses longs cheveux blonds passer l'encadrement de la porte, le bouclé s'est retenu de ne pas lui crier dessus pour la faire partir, son visage lui amenant toujours le souvenir de cette soirée, l'image de ce baiser qui l'a blessé comme jamais il n'avait été blessé auparavant. ses entrevues avec elles ne durent souvent que quelques minutes, où ils parlent de tout et de rien comme deux connaissances. ce qu'il déteste le plus dans les visites d'aurora, c'est qu'il comprend pourquoi elle a plu à eddie, même s'ils ne sont plus ensemble, même si elle lui répète qu'eddie ne l'a jamais réellement aimé.

mais ce que préfère richie, c'est lorsque tous les soirs, son eds vient lui apporter ses cours, comme il l'a fait à de nombreuses reprises pour lui lorsque sa mère lui inventait des maladies saugrenues. il lui explique chaque leçon aussi bien qu'il le peut, parfois agacé par la capacité de son ami à comprendre avant qu'il n'ait l'occasion d'ouvrir la bouche et par son envie de le déconcentrer pour qu'ils arrêtent de travailler. le plus petit l'assène néanmoins d'affection, le prend dans ses bras, dépose rapidement ses lèvres sur ses joues, ce qui plonge richie dans un état de bonheur et de confusion. il ne sait jamais comment agir lorsque son ami est avec lui, envahi par des pensées qui devraient être rayées à jamais de son esprit, par des images qu'il ferait mieux d'oublier.

mais, quand la nuit tombe et qu'il est temps pour eddie de partir, le bouclé ne peut jamais empêcher son coeur de se briser encore et encore, comme dans un cercle vicieux, et c'est alors le retour des voix qui lui répètent sans cesse la même chose sans lui laisser de répit. même les antidépresseurs que lui ont prescrit les médecins ne parviennent pas à les faire taire, il reste donc des nuits entières éveillé, torturé par ses propres idées autodestructrices qui semblent attachées à lui. il a toujours des problèmes, et sait au fond de lui que peu importe les progrès qu'il pourra faire, il en aura toujours. même s'il a de l'aide, il a toujours cette part de lui qui le pousse à se détester toujours un peu plus sans qu'il ne puisse le contrôler. il n'en parle pas aux docteurs pour ne pas inquiéter les gens autour de lui, mais il se fait encore vomir tous les jours à cause des repas qu'on lui force à manger, parce qu'il ne peut pas stopper cette haine qu'il a envers lui-même, cette violente volonté de se purger.

mais d'un point de vue extérieur, les progrès de richie tozier sont indéniables, et c'est donc après trois semaines de thérapie et de soins qu'il le laissent repartir chez lui. ses parents sont ravis de le revoir à la maison, mais les sentiments du bouclé sont très éloignés de la joie lorsqu'il pénètre dans sa maison. l'avantage de l'hôpital était qu'il s'agissait d'un espace stérile de tout souvenir, alors que ce lieu est rempli de démons et de fantômes. lorsque son père l'aide à monter ses affaires dans sa chambre, il doit s'empêcher de réagir devant cette pièce dans laquelle il a passé tant d'heures à pleurer et à se détruire ; il doit absolument garder un visage neutre pour ne pas blesser ses parents.

- je suis fier de toi, richie, dit soudain wentworth en s'asseyant sur son lit.

le bouclé le rejoint, croisant ses jambes en tailleur, intrigué par les mots de son père. il ne sait pas ce qui pourrait le pousser à dire ce genre de chose insensée, alors qu'il n'est qu'une coquille vide incapable de réussir quelque quoi que ce soit.