So Beautiful or So What

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Il y a des odeurs inédites dans la cuisine. Gabriel a reçu un livre de recettes végétariennes pour Noël, et il est bien décidé à s'amuser avec ça. Pour ce soir, il avait prévu du Karé Udon, avec des patates douces.

Il savait que Bee allait rentrer tard, et il pourrait cuire les Udon quand iel arriverait.

Bee ajustait sa dernière couche de maquillage. Ces derniers temps, iel se faisait violence pour ne pas gratter les pustules et éviter de les aggraver, mais il y avait toujours des traces. Les cacher miraculeusement demandaient beaucoup d'énergie, alors le maquillage humain était une option plus facile. Rangeant son miroir de poche, iel se prépara pour monter sur Terre, mais lança un "A demain" joyeux à ses collègues avant de partir. Personne ne lui répondit, iel était le dernier.

L'odeur de curry vint chatouiller ses narines. "Hmmm... Qu'est-ce que c'est?
-Des nouilles, du bouillon, du curry... Je suis sûr que ça te plaira. Tu as passé une bonne journée?"

Auparavant, cela l'aurait révulsé, cette familiarité, ce petit baisé volé juste un instant, ce bonheur domestique auquel iel ne pensait pas avoir droit. Maintenant...

"J'ai hâte d'y goûter."

C'était une belle soirée, installée dans une confortable routine. La nuit venue, ils écouteraient quelques disques avant d'aller se coucher. Gabriel ne dormirait pas. Belzébuth... Eh bien, cela dépendrait.

Iel se surpris à glousser lorsque l'Archange le pris dans ses bras et commença à caresser ses omoplates à travers sa chemise. C'était toujours un miracle de constater qu'il aimait ses ailes, et iel les fit apparaître pour en entourer son amant.

"Éteins la lumière...
-Tu ne veux pas la laisser allumée? J'adore te regarder, tu sais."

Amère, Belzébuth rangea ses ailes. C'était une trop belle soirée jusque là, il fallait que ça finisse par déraper, à un moment donné. Iel se leva pour éteindre la lampe iel-même, et disparu quelques instant dans la salle de bain.

Le maquillage, ça tachait les draps. Il fallait bien l'enlever, que ce soit pour dormir ou pour... autre chose.

Quand iel revint vers la chambre, iel eu la désagréable surprise de trouver la lumière allumée à nouveau. Se cachant les yeux (ou plutôt le visage), iel commença à râler.

"Gabriel! Imbécile, je ne veux pas de cette lumière...
-Chuuut, viens là, moucheron. Donne-moi tes mains.
-Mais...
-Je sais à quoi m'attendre. Je veux te voir, c'est tout."

Sans trop comprendre comment, ses mains se retrouvèrent emprisonnées dans celles de Gabriel, bien plus grandes. Iel sentit son regard perçant glisser contre sa peau, et la honte germer dans sa gorge.

"Laisse-moi.
-Attends." Il garda l'une de ses mains emprisonnant ses poignets et fit glisser ses vêtements de l'autre. Pris de panique, le petit Prince se dégagea violemment. Peut-être même qu'iel donna un coup de pied dans la mâchoire de l'Archange.

"Aouach...
-Tu joues pas à ça avec moi, Gabriel."

Le plus grand releva les mains. "Okay, pardon, je m'excuse.
-Je préfère ça."

Son regard était redevenu calme et normal. Il regardait Belzébuth comme n'importe quel jour, et cela lui donna des frissons.

"Tu veux voir? Eh bien, regarde."

Très lentement, iel déboutonna sa chemise. Après le travail, iel laissait souvent tomber son nœud et sa veste de costume, et mettait un pull appartenant à Gabriel quand il faisait froid (ce qui réchauffait son corps de ses genoux jusqu'à son cou).

Gabriel n'en ratait pas une miette. Ce qu'il ne pouvait habituellement que sentir, il en voyait enfin les formes, de sa poitrine menue aux traces de brûlure qui barraient son torse et entaillaient ses avants-bras. Bientôt, il ne restait au Prince que ses ridicules chaussettes en résille, ce que l'Archange trouvait franchement irrésistible.

Il l'admirait. Cela se voyait à l'éclat de ses yeux, et cela brûla Belzébuth. Pas comme le feu de l'enfer revigorant, pas comme les brûlures atroces de la chute. Ce sont ses joues qui brûlaient, heureux d'être le centre de l'attention de Gabriel, le point de gravitation même de son monde. C'est le creux de ses reins qui brûlait, plein d'envies et de désir.

Ce n'est pas cette nuit qu'iel dormirait. Gabriel ne lui accorderait aucun instant de répit, iel le savait déjà.

"Tant de beauté...
-Quoi?"

C'était presque un croassement. L'attente rendait Belzébuth très nerveux, et ces quelques mots murmurés était autant de pincement sur ses nerfs tendus à vif comme les cordes d'un instrument.

"Ou...
-Ou quoi?
-Tant de beauté. Juste toi. Parfait... pour moi."

Il est difficile de dire lequel des deux s'est jeté sur l'autre. Probablement était-ce un mouvement d'attraction mutuel, de toute façon.

Le résultat était le même: Des mains qui explorent, des soupirs milles fois entendus qui gagnent enfin une expression. Iel en profitait autant que lui, souhaitant graver dans sa mémoire le visage qu'il avait lorsque iel le touchait ici... ou là...

Une nouvelle cartographie voyait le jour, mêlant tous les sens connus, en plus des sens éthérés qui ajoutait une dimension mystique à leur union.

Peut-être que c'était juste si beau...

Et peut-être que c'était juste ces deux-là.

La première fois que Belzébuth entra dans la librairie sans maquillage, Aziraphale décida de ne pas le faire remarquer. A la place, il lui offrit une tasse de thé et des biscuits, comme d'habitude, en fait.

Crowley se glissa entre les rayonnages et regardait son ancien patron. "Ben quoi, t'as oublié de récupérer ta commande chez Make Up Revolution?
-Crowley!
-C'est la première fois qu'iel sort des Enfer au naturel, j'ai le droit d'être curieux, non?
-Crowley, parfois, je ne me pose même pas la question de la raison de ta chute tellement c'est évident."

Belzébuth n'était pas vexé. Iel rit même aux éclats. "J'en avais marre de devoir cacher... tout ça. C'est long, c'est chiant, et Gabriel m'aime comme ça, donc bon...
-Ma chérie, vous êtes magnifique comme vous êtes et vous avez tout à fait raison. Allez, prenez votre thé, il va refroidir..."

Quand Gabriel passa chercher son Prince un peu plus tard et que les deux époux les virent partir main dans la main dans les rues de Soho, indifférents aux regards des humains qui jugeaient ce couple étrange - lui, grand et beau, à l'air un peu stupide, et elle, mais était-ce une "elle"? hargneuse, petite, défigurée et qui dégageait une aura de danger -, le démon juste assez gentil se tourna vers l'ange juste assez malicieux pour lui demander...

"Bon, avec le mariage d'Anathème et Newt en mai et celui de Tracy et Shadwell en juillet, il ne reste plus beaucoup de temps pour leur organiser le leur. Tu t'occupes des invitations, mon ange?
-N'essaye pas d'être trop bon avec eux, mon cher. Ils sont grand, ils sauront se débrouiller."

Après tout, ils avaient tous le temps du monde. Toute l'éternité, même.

🕊🐝

Et voilà, la fic est complète! je n'ai rien de plus pour le moment et comme c'est les vacances, je vais prendre un peu de repos avant de reprendre l'écriture.

Je vous souhaites déjà à toutes de joyeuses fêtes! merci pour les votes et les commentaires, cela m'a toujours fait plaisir.

A bientôt!

So Beautiful or So WhatWhere stories live. Discover now