La nuit des Morts [FINI]

Partie 8

- 10-14.

Le code parvint aux oreilles du commandant Madryga. Sa conversation avec le nouveau shérif, Bellamy, fut donc perturbée par ce code que seul le représentant du Sud reçut. Suite au braquage de la banque du Nord, le commandant s'était précipité sur les lieux avec deux patrouilles en renfort ; les restantes sont restées dans le secteur de la ville et banlieues, guettant aux alentours des supérettes et banques. De nombreuses personnes étaient tentés de commettre des attaques envers ces endroits fréquentées régulièrement. Malgré la forte présence policière, deux épiceries ont été braquées. 

Après avoir arrêté les braqueurs du Nord, grièvement blessés, les deux supérieurs étaient en pleine discussion pour savoir comment mieux sécuriser les lieux vulnérables au braquage. Bien que ces délits ne s'arrêteront pas, il était nécessaire de renforcer ces lieux de prédilection au banditisme. 

- Adam 59 ? Est-ce que vous êtes toujours en état de communiquer ? demanda-t-il dans le talkie-walkie.

Seul le grésillement numérique lui répondit, se mêlant aux jappements de coyotes aux alentours. La brise les accompagnait, faisant bercer quelques morceaux de tôles et déplacer de quelques centimètres des bouteilles en verre et canettes. Bellamy le regardait impassible, mais sa contrariété se laissait transparaître à ses dépens. Le blond du Nord soupira et demanda d'un ton agacé :

- J'peux savoir ce qui vous contrarie ?

- Si je vous dis "10-14" vous comprendrez...

- Ok, je vois... Vous savez à peu près vers où ça été dit ?

- Malheureusement, je n'ai pas été assez attentif aux dires de 59... 22 t'as écouté la radio ou pas ?

Ce dernier, surpris par la demande, releva sa tête. Le sergent au matricule 22 s'était pris un éclat de verre, provenant probablement d'une des vitres de voiture de police, sur l'arcade. La médecin-cheffe, Kelly, se retint de jurer devant le mouvement de son patient.

- Pardon commandant ? Je n'ai pas entendu la question...

- As-tu écouté la radio dernièrement, répéta d'une voix distincte le commandant.

- Ouais, enfin d'une oreille... J'étais concentré sur les types dans la banque... Vous voulez savoir quoi ?

- Où se dirigeait l'adam 59.

- A l'hosto j'crois... Pourquoi ?

- Pour savoir...

- Qu'est-ce qui se passe avec l'adam 59 ? Il s'est passé quelque chose ? questionna 22 en se levant.

- Arrête de bouger bordel, sinon ça va encore plus s'infecter ! râla Kelly à ce dernier.

Le sergent souffla du nez, montrant son exaspération. Lui et 59 étaient proches, ils se faisaient confiance et ils faisaient des patrouilles assez souvent, d'où est né un lien d'amitié entre les deux représentants de la loi. Il s'apprêta à prendre la radio pour tenter de joindre son ami quand une voix l'interrompit. C'était dans la radio. 22 regardait perplexe son supérieur, qui était rempli de stupeur et de haine.

- Salut domnule Madryga. Nu ne-am mai văzut de mult. Ți-am spus că ne vom întâlni din nou într-o zi. *

- Qu'est-ce que...

- C'est du roumain, déclara Madryga d'un ton glacial. C'est ma langue nat...

Une vibration le fit sursauter ; sa main se crispa sur son holster, comme s'il était face à un ennemi. Il savait que c'était un signe de vie de son téléphone portable, mais il ressentait une vieille angoisse. Du roumain. À Los Santos. Rares sont les compatriotes qui sont roumains, et encore plus ceux qui se connectent à la radio... Il frissonna en constatant que c'était le seul Roumain entre toutes les unités, policières et médecines, à avoir une radio. D'une main tremblante, il sortit le téléphone de la poche de son jeans couleur crème, devenu un peu plus assombri suite aux passages dans les sentiers boueux.