Partie 4

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Moe, le chauffeur expérimenté de taxi, était à une centaine de mètres du comissariat lorsque l'obscurité se fondit sur lui. Il s'inquiéta aussitôt. En effet, il voyait les lumières des gratte-ciels s'éteindre brusquement. L'obscurité était là. Son angoisse remonta de plus belle lorsqu'il vit les lampadaires s'éteindre aussi. Encore un blackout ? C'est pas possible ! Un client lui a pourtant dit que les boîtiers servant à déstabiliser les forces de l'ordre étaient disparus... Etait-ce un mensonge ? Il écarquilla ses yeux et regarda frénétiquement les rétroviseurs, cherchant une voiture banalisée le suivant. C'était facile de reconnaître la voiture de service de Moe : couleur jaune et bleue, avec un panneau lumineux. Il accéléra en passant devant le commissariat. Des concitoyens apeurés s'étaient attroupés devant la porte d'entrée, et les portes refusaient de s'ouvrir. L'homme au béret abandonna l'idée de forcer la foule pour retrouver Johnson. Il ne veut pas avoir des âmes sur la conscience. 

Il continua alors sa course vers une destination inconnue. Il s'effraya en constatant qu'il pensait à ce mot. Inconnu. Sept lettres, sept lettres qui effraient et fascinent. Inconnu qui désigne un nouveau monde, une nouvelle personne, tout ce qui touche à la nouveauté. Et inconnu ayant une représentation sombre : l'au-delà, la disparition.

La mort.

Moe avait peur de mourir. Malgré son air méprisant et je m'en foutiste, il avait une crainte de mourir. Depuis que son père est mort d'un accident de moto, il redoutait ce mot si familier et étranger à la fois. Ses bras tremblèrent à ce souvenir. Son père. L'homme qu'il admirait, celui qu'il considérait comme immortel, protecteur envers ses proches.

Le chauffeur de taxi tourna brutalement le véhicule afin d'entrer dans une petite ruelle. Ruelle où la voiture a décidé de tomber en panne. 

- Putain de merde !

Moe frappa de sa paume le volant du taxi en voyant le symbole rouge de la pompe à essence clignoter. Un mouvement à sa gauche le fit sursauter. Il sortit son arme par réflexe et visa le mouvement. Mouvement composé de quatre pattes, un poil soyeux grisâtre, et deux yeux brillant comme des billes.

- Putain c'est qu'un chat... T'as peur des chats, Moe ? se réprimanda-t-il.

L'humain fixa le félin, se toisant du regard. L'animal avait l'air d'être le maître des lieux dans cette ruelle. En effet, le pelage était hérissé, les griffes des pattes furent visibles à la lueur de la lumière que dégageait les phares et le panneau publicitaire du taxi. Son regard était semblable à celui d'un fou, d'un psychopathe. Ils se regardèrent longuement, jusqu'à que la bête sauta sur un escalier d'un bâtiment abandonné. Une fois arrivé en haut, il s'allongea et guetta les environs.

- Tu m'acceptes ? demanda Moe en jetant un coup d'oeil au félin.

Il ouvrit la portière en fixant le félin. A peine il eut le temps de sortir du véhicule qu'une masse tomba sur lui. Il tombit en avant et hurla de douleur lorsque sa tête rencontra le montant métallique. Il essaya de se débattre malgré la souffrance soudaine, mais deux poignes fermes maintenait les épaules du chauffeur. Ses jambes plièrent sous le coup lancé derrière la rotule, contraintes. Les bras se retrouvèrent immobilisés, les poignées ainsi que les coudes mis au contact d'un lien qui semblait être une corde. Moe baissa alors toute tentative de s'échapper. Il baissa sa tête, prêt à mourir.

- Bonsoir Mr Vannetang, commença une voix.

Le dénommé remonta la tête et tenta de voir son interlocuteur. Mais il se fit tout de suite rappeler à l'ordre par une lame mise sous sa gorge. Contraint, il détourna son regard et se mit à fixer le sol.

- Je vous ai dis "Bonsoir". Il serait judicieux de répondre "Bonsoir" aussi, vous ne pensez pas ? continua la voix, d'un ton sarcastique.

- Bonsoir, répondit l'otage.

La nuit des Morts [FINI]Where stories live. Discover now