Chapitre Neuvième

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Link reprit lentement conscience. Son esprit s'étira paresseusement pour aller réactiver ses sens. Le brouillard s'estompa petit à petit et il commença à percevoir son entourage.

Le sol sur lequel il était allongé semblait étrangement confortable, et il se sentait enveloppé d'une agréable chaleur. Les sons qui parvenaient à son tympan n'étaient pas habituels, plus rudes. Il commença à distinguer des voix humaines, bien qu'un peu lointaines. La curiosité l'emporta sur l'engourdissement, et le Hulaan contraignit ses paupières à l'ouverture.

Devant ses yeux embrumés apparut une commode, couronnée d'une vasque. Des vêtements et de l'équipement reposaient sur un petit tabouret à côté. Où était-il ?

Les engrenages de son cerveau se mirent enfin en mouvement, ramenant à la surface ses souvenirs. Ils étaient arrivés dans un village à la nuit tombée, et elle avait vivement insisté pour passer une nuit dans des lits dignes de ce nom.

Le Hulaan se redressa à contrecœur et s'assit sur son lit. Il tourna la tête vers la droite où se trouvait le second lit de la chambre. C'est à peine si elle avait enlevé ses pièces d'armure pour s'affaler de tout son long sur le matelas. Zelda était encore endormie, un air apaisé sur le visage.

Link se dit que c'était peut-être la première fois qu'il la voyait ainsi, habituellement elle était debout aux aurores pour venir le secouer. Lui était plutôt du genre à succomber au sommeil.

Ses yeux se baladaient lentement sur le moindre recoin du visage de la dormeuse, et un pincement vint se nicher dans son cœur. Depuis que Zelda lui avait fait part de son secret, il n'arrivait plus à la regarder sans un sentiment de tristesse. Comment pouvait-elle rayonner à ce point d'énergie et de volonté avec un vécu pareil ?

Il tourna brusquement la tête vers la gauche et inspecta son équipement. Ses yeux s'arrêtèrent sur la paire de bottes flambant neuves qui attendaient sagement devant le tabouret supportant le reste. Après le troisième sanctuaire, il avait fallu acheter de nouveaux vêtements, en particulier des chaussures.

Ils s'étaient rendus dans le Marais de la Mort Noire, à la frontière kurahsienne, pour trouver la dernière Orbe. C'était une immense zone marécageuse à l'embouchure de deux fleuves, que la légende disait la demeure des restes du monstre qu'avait affronté Bilaes. L'endroit était assez déserté, à cause de son impraticabilité, les voyageurs préférant passer plus en amont ou par bateau au niveau de l'embouchure. Là, ils avaient découvert une étrange structure, abandonnée, qui avait fini –non sans beaucoup d'efforts de leur part– par leur remettre la dernière Orbe.

Ils avaient ensuite, sous les indications du parchemin, continué en direction de Kyr'ahsig, jusqu'à arriver à un village. Là, Zelda avait décidé qu'ils passeraient la nuit à l'auberge, pour la première fois depuis qu'ils avaient débuté cette quête. Il avait eu beau protester que ce n'était pas sûr, qui plus est en territoire étranger, la jeune femme avait été intraitable.

Link enfila ses vêtements et équipements et sortit le parchemin pour le consulter. Peu de temps après, Zelda commença à remuer dans son lit, puis ouvrit les yeux.

—Bien dormi ? interrogea Link en se tournant vers elle.

Elle ne répondit pas. La jeune femme s'assit à son tour et entreprit de remettre en ordre ses cheveux. Elle commença ensuite à refaire la coiffure qui permettait de dissimuler l'unique preuve de son ascendance.

Link se dit qu'à force de devoir cacher ses oreilles à tous, ces gestes devaient avoir atteint l'ordre du réflexe...

—J'ai rêvé de ma mère, dit laconiquement la jeune femme, sans arrêter le mouvement de ses mains.

The Legend of Zelda : Shades of the PastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant