- Ce n'est pas ma maison ! cracha-t-elle à voix basse afin que personne d'autre de les entende.

Morad resta silencieux pendant un bref instant.

- Sais-tu au moins où c'est, ta maison ?

Cléophée fixa ses prunelles dans celles de Morad. Quelques jours auparavant, elle aurait répondu « Avec toi » mais maintenant, elle l'ignorait. Elle avait toujours vécu à Céfir, mais son dernier séjour n'avait pas été aussi plaisant que dans ses souvenirs.

- C'est un endroit accueillant et confortable, où je pourrais rester indéfiniment sans songer à partir, où je me sentirai heureuse et aimée, et où je pourrai toujours me réfugier en cas de besoin.

- En fin de compte, dans mes bras, conclut Morad.

Cléophée cligna ses yeux, déstabilisée par sa réponse.

- Tu veux me fuir, mais tu sais que tu ne seras bien nulle part ailleurs, ajouta-t-il. Réfléchis-y !

La jeune fille détestait le fait qu'il soit aussi sûr de lui.

Morad s'était déjà détourné vers une autre Semi-Syrès prénommée Jessica et discutait avec la belle brune comme s'ils étaient de vieux amis. Cléophée le vit même lui sourire et elle ressentit un petit pincement au cœur ; le dernier sourire qu'il lui avait adressé remontait à bien longtemps. Il est vrai que les derniers jours avaient été difficiles pour eux.

Elle détourna les yeux, car la jalousie commençait à monter en elle, ce qui était totalement absurde ; elle avait mis un terme à leur relation trois jours plus tôt. Point final.

Cléophée s'exerça seule toute la journée, et son entraînement devint vite redondant. De plus, elle avait si froid qu'elle claquait des dents. Elle avait l'intention de retourner chez elle à l'heure du midi pour se changer, mais Morad leur ordonna d'aller directement se chercher de la nourriture à la place publique et de revenir immédiatement après. La jeune fille n'eut pas le choix de retourner en vitesse rejoindre les autres après avoir choisi son casse-croûte parmi un grand choix étalé sur des tables à l'ombre.

En après-midi, le temps ne s'était guère amélioré, et Cléophée, en jetant un regard aux autres, se rendit compte qu'elle n'était pas la seule à regretter de ne pas s'être habillée plus chaudement le matin. Les hommes étaient moins frileux et ricanaient en voyant leurs consœurs sautiller sur place pour se réchauffer. Amiel réchauffait Paige en la serrant contre lui, du moins c'était ce que devinait Cléophée, car il n'arrêterait pas de disparaître avec elle, et de plus en plus longtemps. Alice, Kimberly et Éloïse portaient toutes les trois des chandails longs ; elles ne ressentaient donc pas autant le froid que Cléophée, qui était seulement en débardeur. Pour se réchauffer, celle-ci approchait la flamme de plus en plus près d'elle. En fin d'après-midi, son visage était à environ un centimètre de la boule de feu qu'elle tenait dans ses mains, quand Morad arriva à côté d'elle.

- Arrête ça immédiatement ! aboya-t-il.

La flamme s'éteignit subitement et Cléophée leva la tête vers Morad.

- Tu ne contrôles ton pouvoir que depuis quelques jours, alors cesse d'être aussi téméraire. C'est dangereux !

Il annonça alors que l'entraînement était terminé.

- Il tient vraiment à toi, lui murmura Amiel à l'oreille. Il te surveille sans cesse et tu dois bien être la seule qu'il n'encourage pas à pousser encore plus loin ses limites. Je crois qu'il a peur que tu te blesses.

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Where stories live. Discover now