Ça a commencé comme les histoires de ce genre commencent dans les livres. Un coup du sort improbable.
Nathaniel venait juste récupérer des justificatifs d'absence sur la solide cinquantaine que devait lui rendre Castiel (un lundi classique), et comme le coloré n'était ni sur le toit à fumer, ni à traîner dans la cour, ses pas s'étaient naturellement dirigés vers le sous-sol du lycée, QG officiel de son ennemi. Et lorsqu'un gémissement tremblant s'était répercuté dans le couloir gris (pas un lundi classique), il avait accéléré, mu par... sans doute par sa responsabilité de délégué. Toute relation sexuelle était formellement interdite dans l'établissement, règle que les élèves prenaient un malin plaisir à bafouer dans les toilettes ou derrière le gymnase. Et le blond aurait bien des fois rêvé de se passer les yeux à la javel après avoir interrompu deux tourtereaux dans leurs ébats. Mais tant pis s'il ne pouvait plus jamais se décoller de la rétine l'image de Castiel et sa copine en pleine démonstration d'amour mutuel, le travail est le travail.
Alors il poussa un peu la porte, qui s'entrouvrit sur une scène bien plus dérangeante que tout ce à quoi il aurait pu s'attendre.
Les cheveux rouges étaient étalés contre le mur, sa tête renversée et sa bouche ouverte, gémissante, mais au lieu qu'entre ses jambes une fille soit agenouillée, un gars musclé s'y tenait fièrement debout, le torse contre celui de Castiel et les bras de celui-ci fermement arrimés autour de son cou. Son érection disparaissait entre les jambes vacillantes du coloré, le pantalon aux chevilles, et ses coups de bassin ne laissaient pas le moindre doute sur l'origine des soupirs extasiés qui emplissaient la pièce.
Qu'est-ce que j'ai vu ? pensa Nathaniel. Il referma légèrement la porte, choqué, sonné, et s'éloigna avec toute la délicatesse dont il était capable. Si les amants l'entendaient, il était mort, au moins. Et il était presque sûr que son ennemi irait avec joie pisser sur sa tombe.
Un gloussement nerveux lui échappa. Le rebelle du lycée, Mr. Badboy avec ses cheveux rouges et son joli sourire moqueur, aimait se faire baiser ? Il était sûr que Peggy adorerait un scoop pareil... Autrement dit il aurait tous les papiers dont il avait besoin. Il se laissait trois jours avant d'utiliser son atout contre Castiel. Ce n'étais pas le move le plus fair-play de l'Histoire, loin de là, mais hé, ce connard n'avais qu'à rendre ses papiers à temps ! Ou à être un peu plus discret, tout aussi doué que soit le jeune homme qu'il avait à l'intérieur. Il se demandait bien qui pouvait être son partenaire d'ailleurs. Un visage anonyme que le délégué recroiserait sûrement demain et tous les autres jours dans les couloirs sans même le reconnaître.
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Nathaniel se réveilla en sueur, détrempé, le visage rouge et les yeux écarquillés.
Il n'était pas stupide. A l'instant même où il avait pris pleine conscience de ce qui s'était passé, il avait su que rêver qu'un Castiel nu s'empale et rebondisse sur sa queue n'était pas un rêve anodin. Qu'il aurait du se branler dans une chaussette et admettre raisonnablement que aussi beau que soit ce mec il n'avait aucune chance, il ne pouvait décemment pas espérer quoi que ce soit avec son ennemi. Que la chose à ne surtout pas faire était de nier l'évidence de son attirance pour le physique parfait du coloré, de se frustrer et enfin de culpabiliser en nettoyant la main honteuse. Mais parfois l'instinct est plus fort que la raison, et il fit exactement ce qu'il n'aurait pas dû.
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Le blond essaye sincèrement d'obtenir les papiers, le lendemain. Il n'a pas spécialement envie de détruire la vie de Castiel, pas du tout même ! Alors il le harcèle presque (plus que d'habitude en tout cas) avec ses justificatifs et ses papiers à remplir, à chaque intercours il est là à lui demander de signer ces foutus papiers. Et après l'avoir trouvé sur le toit avec Lysandre en train de fumer une cigarette, les toilettes sont le théâtre d'une séance de plaisir solitaire.
