Chapitre 23 : Dormez heureux

Start from the beginning
                                    

Alessandro se frotta nerveusement la nuque. La phrase de Philippe ne lui offrait pas le choix de dire que tout allait bien. Il le connaissait trop pour cela.

- Excuse-moi, j'ai la tête ailleurs, avoua-t-il simplement, acceptant le briquet que son ami lui tendait. Depuis que Zita est partie... Je ne sais pas... je ne sais plus où j'en suis.

- Elle te manque ?

La question fit l'effet d'un marteau qui lui tombait sur la tête et le rappelait à la réalité. Il n'avait pas pensé un instant à Zita depuis ce mardi soir à l'Université, et il le réalisait en cet instant même. C'était encore une fois de plus la preuve de ce qu'il s'était refusé de s'avouer jusqu'à présent. Il secoua la tête, comme pour décliner la question. 

- On a passé tellement de temps ensemble dernièrement, commença-t-il, incertain, avant de laisser échapper un lourd soupir.

- Phil, je déconne complètement... Si tu savais, j'en ai honte, mais... c'est presque un soulagement de me retrouver seul le soir en ce moment.

Les yeux de Phil s'arrondirent, mais il acquiesça finalement d'un air entendu.

- Je sais ce que tu vas me dire... que tu avais raison, continua Alessandro, qui n'avait pas quitté des yeux l'extrémité rougeoyante de sa cigarette. 

- Non, non, l'interrompit Phil d'une voix plus sérieuse qu'à l'habitude. Je suis désolé pour toi, vraiment.

Alessandro accueillit cet aveu les mâchoires serrées, comme le signe visible de son échec. 

- Je commençais à être convaincu tu sais, ajouta Phil d'un air pensif, j'avais l'impression que ça allait mieux dernièrement, et puis les dernières semaines... Tu étais tout de même sacrément à cran (il jaugea la réaction de son ami du coin de l'œil avant de reprendre). Tu as l'air plus fatigué. Caroline aussi l'a remarqué.

Alessandro prit une grande inspiration à ces mots. Ses yeux agités ne trouvaient pas un endroit où se poser. Il secoua une nouvelle fois la tête.

- J'ai des semaines compliquées...

Il se frottait les mains, remarqua Phil, comme il le faisait parfois, lorsqu'il était pris dans une intense réflexion qu'il gardait pour lui. 

- Je ne sais pas comment le dire à Zita, j'ai l'impression que tout sort de travers... Je suis convaincu que les choses peuvent fonctionner entre nous tu sais, et j'ai envie que ça marche. Je ne sais pas quoi faire... 

Alessandro reporta son regard sur Philippe à ces mots, pour découvrir avec surprise qu'il était perdu dans ses pensées, le regard l'évitant soigneusement, comme s'il était tracassé par une idée qu'il avait peur de partager. 

- Il faut que je te dise, finit-il par articuler. Caro a parlé à Zita.

- Quoi ? rétorqua prudemment Alessandro, le visage exprimant l'incompréhension et une pointe d'exaspération.

- Oui, tu sais comment elle est...

Un flottement subsista dans l'air. Philippe montra des signes d'hésitation, mais il finit par s'en débarrasser. Les mains jointes, il avoua :

- Zita pense que tu vois quelqu'un d'autre.

Alessandro ne répondit pas tout de suite. Sous le choc de cette annonce, il se perdit d'abord en pensées. Alors, elle aussi... ? Ses yeux rencontrèrent ceux de Philippe, les abandonnèrent. Aussi, sa réponse sonna plus faiblement qu'il ne l'aurait souhaité. 

 - Quoi ?... Mais, c'est ridicule.

- Oui, c'est ce que je lui ai dit, rétorqua lentement Phil.

Son visage ne parvenait toutefois à dissimuler son étonnement, qui se transforma très vite en incompréhension.

Parle-moi du bonheur (professeur-élève) - TERMINÉEWhere stories live. Discover now