VII- L'heure du constat

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Un homme venais de nous adresser la parole, les vingt ans passé, les cheveux courts et gris balayés sur le coté, il était souriant comme un gamin devant une boîte de bonbons. Il semblait sympathique mais la lance de près de deux mètres soixante attaché dans son dos ainsi que le grand manteau noir trônant sur sa chemise bleu ne dégageait pas une atmosphère propice à la relaxation. L'inscription BNED surmontée de deux bandes blanches sur l'épaulière rappelait son grade. Face à nos regards le dévisageant il décida de se présenter :
« Masahiro Duval, je suis japonais tout comme vous je suppose ».
Il nous avait percés à jour, tout comme Pito, ce qui en soit était assez flippant. Mais ce qui l'était encore plus c'était l'étrange coïncidence du moment. Est-ce que le bar attirait tous les terriens ou alors il n'y avait que ça malgré les mises en gardes de Yokami ? Apparemment la question ne brûlait pas que mes lèvres puisque Toshiko interpella le patron :
« C'est un magasin pour nécromancien ou tout le monde est mort dans cette ville... et au sens propre ! »
Face à un tel niveau d'humour les intéressés ont explosé de rire.
« Parce que tu crois qu'un cyber café en 1907 ça parle à beaucoup de gens ! Balança Masahiro littéralement plié en deux ».
La réponse était toute bête mais la question elle-même l'était encore plus. Dans cette situation le seul moyen que l'on ai trouvé à été de les rejoindre dans leur fou rire laissant le pauvre Toshiko seul à patauger dans sa gêne. Clairement il y avait une logique derrière ça, néanmoins on était mal informé sur ce monde. Je dit ça non pas pour remettre en question l'enseignement de Yokami mais on n'avais pas vraiment pris le temps de creuser le sujet. D'un côté je n'aurais même pas imaginé le temps qu'il aurait fallut pour apprendre le fonctionnement entier d'un monde alors que cela prenait des années à l'habitant lui-même.
Pour faire court on a évoqué le sujet plus en profondeur avec Pito et Masahiro et le bilan est assez perturbant pour un terrien... Tu te souviens de notre mission, trouver un bébé « beast-men », et bien il semblait que ce monde n'avais aucune limite au niveau de la biologie. Les espèces peuvent en effet se reproduire entre elles... Oui tu as bien lu, pas besoin de relire plusieurs fois pour être sûr de bien avoir saisis. Essaye de voir le bordel que ça peut créer. Il semblerait néanmoins que l'humain sois plus disposé à ce type d'échange interracial (comme par hasard). Certaines espèces sont même privées de ce genre de pratique due à la dangerosité de leur descendance. Il faut imaginer que toutes les bestioles chelou que tu croisé dans la mythologie pouvait du coup exister. Par exemple : humain plus chauve-souris fais une harpie... (si t'allais dire Batman je te tue, vraiment, c'est nul comme blague. C'est du niveau à Karan donc très peu pour moi merci).
Tout cela pour dire que si on n'avait pas encore croisé ce genre de bizarreries était uniquement dû à la sympathie de Yokami qui avait daigné nous larguer dans la zone principalement humaine.
La discussion s'en est arrêtée là, à vingt-deux heures trente, et on est allé se coucher sans manger. A vrai dire la journée avait été très dure psychologiquement et cela ne participait pas à nous attiser l'appétit. En y réfléchissant, à ce moment là on avait juste touché la partie émergée de l'iceberg et le plus dur restait à surmonter. Je crois que l'on s'est tous couchés après s'être tant bien que mal réchauffés en prenant une douche et se changeant avec les vêtements que nous avais prêtés Pito. On était dans des chambres individuelles situées à l'étage, c'est tout ce que j'ai relevé sur le coup. Malgré la fatigue le sommeil de venait pas, comme si quelque chose en moi voulait se réveiller à ce moment là. Je fus alors pris dans des images de ma vie antérieure, elle semblait si lointaine et pourtant cela faisait à peine douze heure que je l'avais quittée. Des images d'anniversaires, de cours au lycée et même d'avant me revenait. Des moments passés en famille, entre amis ou inconnus. Ce fut vraiment le moment le plus dur de cette journée et peut-être même de ma vie. Un goût amer s'empara de ma bouche, les larmes se profilaient sur mes yeux pour venir ruisseler doucement sur mes joues. Bien que mal en point intérieurement, je n'était visiblement pas celui qui souffrait le plus de cette mise à l'épreuve. Dans la nuit silencieuse, comme si elle-même cherchait à nous accorder ce moment seul face aux faits, seul les gémissements de Karan parvenaient à percer ce calme plat. Un cri de l'âme, un appel à l'aide face à une situation quasi désespérée. Il est vrai qu'il avait perdu, dans cet instant fatal, une chose de plus que nous : sa petite amie. On aurait dut fêter son anniversaire pendant ce voyage mais, a cause de cet accident, elle s'apprêtait à passer le pire de tous. Il étaient ensembles depuis peu de temps mais c'était déjà largement assez pour provoquer ce genre de traumatisme. On était plus ou moins vivants mais il nous était malheureusement impossible de leur dire. Est-ce que les mettre au courant de notre sort aurait changé quelque chose ? Avec le recul je me dit que oui même si une séparation aussi brutale aurait tout de même été dure a digérer. De nous tous, ce fut le premier à crier mais, comme les chœurs suivant l'orchestre, deux autres voix s'accordèrent sur les lamentations de mon ami. Je ferais bien le bonhomme en affirmant ne pas avoir pleuré de la sorte mais j'en menait vraiment pas large à ce moment là et je crois bien que j'aurais bien fait autant si je ne m'était pas autant violencé à l'éviter.
Les deux heures qui suivirent furent celle de la lamentation, des regrets et du constat.

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