Muette

Chapitre 1

Un bruit incessant me perturbe.
Mon corps est douloureux comme jamais et mes paupières ne veulent pas obéir à mon cerveau.
Je suis comme prise au piège dans mon corps.
J'essaye de toutes mes forces de trouver quelque chose pour me repérer. Mis à part le bruit strident d'une machine à côté de moi, je n'entends rien. Je ne vois rien. Je respire un peu plus fort, essayant de trouver une odeur.
Mon odorat est titillé par une horrible sensation. Je sens non loin de moi des produits chimiques. En très grande quantité.
Je me concentre finalement une nouvelle fois sur mon ouïe, et au loin je peux entendre plusieurs choses comme des pas précipités, des pleurs, des hurlements, et d'autres bruits horribles. Un « bip » strident qui est très désagréable à l'oreille.
Je me concentre encore pour essayer de bouger. Mes paupières ne répondent toujours pas aux ordres de mon cerveau. J'essaye de bouger ma main droite, mais je ne sens aucun changement de position. La gauche, et j'ai le même résultat. J'essaye de bouger mes membres inférieurs, et cette fois ci, je sens un drap froid frôler mon orteil.
J'utilise toutes mes forces pour renouveler l'action et j'y arrive.
Je pense deviner où je suis.
Je suis dans un hôpital.
Je cherche dans ma mémoire. Comment est-ce que j'ai pu atterrir ici ? Où sont mes parents ? Où est mon frère Alix ?
Des questions similaires à celles-ci me viennent en tête par dizaine.
Je commence à angoisser et je sens les battements de mon cœur s'accélérer. J'entends les « bips » s'accélérer. J'entends des pas précipités venir dans ma direction. On m'enlève le drap qui devait sûrement me couvrir. On me dépose quelque chose de froid sur la poitrine. Un linge humide est positionné sur mon front. Je me sens convulser sans savoir pourquoi et comment. Je ne suis plus maître de mon corps. J'ai l'impression de n'être qu'un pantin que l'on guide.
Des hurlements que je ne distingue pas clairement me parviennent. Je sens quelque chose de carré et froid se poser sur mon torse et une décharge électrique figé mon corps.
L'électrocardiogramme s'accélère. Je panique encore plus à ce son.
Je parviens à entendre une phrase.

« On est en train de la perdre. »

Suivant ses quelques mots, une autre décharge traverse mon corps.
Ma cage thoracique se lève brusquement et retombe lourdement sur le matelas.
J'étends les battements de mon cœur se calmer avant de redevenir normaux.
J'entends les présences autours de moi discuter et les voix me deviennent de plus en plus clair. Je reconnais sans mal la voix qui a hurlé un peu plus tôt.
Je sens soudainement une piqûre dans mon cou. L'aiguille traverse ma peau pour finalement se planter dans ma veine. Un liquide froid est mélangé à mon sang et je sens soudainement la fatigue prendre le dessus.
Je me laisse alors glisser dans les abîmes sombres du néant. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour être dans cet état, mais je m'inquiète de ne pas savoir où se trouve ma famille.