Chapitre 9

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Tikki soupira profondément, et vola vers la joue de sa porteuse pour la câliner.

— Je n'ai pas envie de te perdre... souffla la petite kwami. Tu es la meilleure Ladybug que j'ai jamais eue... Et votre ennemi n'est pas n'importe quel ennemi, c'est un porteur de Miraculous...
— C'était déjà le cas, cette fois-là ? vérifia Adrien.
— Oui, soupira à son tour Plagg. Sauf que c'est le Miraculous du Bœuf qui avait été corrompu. En plus, il n'était pas un ennemi dès le départ, son porteur, il était d'abord un allié des autres porteurs actifs.
— C'est pour cela que c'est dangereux, Plagg ! insista la kwami de la coccinelle.
— Non, Tikki, pas entre nos porteurs. Tu sais très bien qu'ils sont fait pour fonctionner en binôme, parce qu'ils sont complémentaires, et que c'est ce qui les rend plus forts ! Ta coccinelle et mon chat sont plus efficaces lorsqu'ils sont vraiment des partenaires, comme ces deux-là. Aucun des autres Miraculous ne fonctionne comme ça ! Les autres, ce sont des coéquipiers, pas des partenaires. Et effectivement, c'est plus prudent lorsque seuls la Coccinelle et le Chat savent qui sont les membres de leur équipe.
— Ah parce qu'en plus, on est censés savoir qui sont les autres aussi !? s'indigna Adrien.
— Je... je croyais que le gardien me les avait fait choisir pour... parce que...
— Oui ? demanda le jeune homme en se tournant à nouveau vers elle, les sourcils froncés.

— Enfin je ne sais pas mais... j'ai l'impression que maître Fu m'apprend tout cela pour... pour que je le... que je le remplace, peut-être, un jour...
— Le connaissant, ça ne m'étonnerait pas, remarqua Plagg en levant les yeux au ciel. Il t'aime bien. Il n'en a jamais dit autant aux précédents porteurs de Miraculous qu'à toi. Et comme il commence à avoir vécu particulièrement longtemps, pour un humain...
— Il est si vieux que ça ? s'étonna Adrien.
— Il a plus de cent quatre-vingt ans, indiqua Tikki en haussant les épaules.

Les deux héros ouvrirent de grands yeux ronds.

— Mais... mais c'est impossible ! s'écria Marinette, héberluée. Je sais bien que Plagg et toi, vous avez des millions d'années, mais nous, les humains, on ne peut pas vivre aussi longtemps que ça !

Plagg ricana. Avant de se détourner d'eux et d'aller se resservir en camembert. En le voyant faire, Marinette réalisa qu'elle avait complètement oublié de proposer quelque chose à manger à Adrien. Elle se pencha précipitamment vers l'assiette en rougissant, et tomba à moitié sur le jeune homme.

Celui-ci la rattrapa aussitôt, instinctivement, et l'aida à retrouver son équilibre. Avant de vite la lâcher afin de ne pas la mettre mal à l'aise par cette proximité plus ou moins imposée. Adrien ne voulait surtout pas risquer de la faire fuir. Il était donc hors de question de tenter le moindre rapprochement amoureux.

La jeune fille plaça l'assiette sur le bureau entre eux deux, les joues rouges, et lui proposa de se servir. Plagg se mit à râler parce qu'il allait devoir se déplacer à nouveau pour manger, et Adrien ricana nerveusement, gêné par le comportement grossier de son kwami.

Tikki soupira et se tourna vers les deux jeunes gens.

— Je sais bien que c'est impossible pour les humains, habituellement. C'est... c'est un vieux secret de Gardien... Même s'ils dépassent rarement les cent cinquante ans, habituellement.

Marinette et Adrien échangèrent un long regard, déstabilisés tous les deux. Il y avait encore tellement de choses qu'ils ignoraient !

— Bref, revenons-en à nos moutons, intervint Plagg après avoir avalé son morceau de camembert. Si Tikki n'avait pas arbitrairement décidé de changer les règles, vous auriez dû pouvoir vous connaître totalement dès le début, vous deux, afin d'apprendre à fonctionner ensemble. C'est ça, un binôme, et c'est comme ça que nous devons normalement fonctionner. Heureusement, déjà, que maître Fu a bien compris que vous deviez être complémentaires pour être efficaces !
— Mais il ne faut pas que vos identités interfèrent avec votre travail de super héros ! rappela la kwami de la coccinelle en fronçant les sourcils.
— Tu comprends mieux, gamin, pourquoi ta Ladybug est aussi stricte ? intervint Plagg d'une voix cynique en levant les yeux au ciel. Ils font très bien le boulot, Sucrette, ce n'est pas maintenant que ça va changer, j'en suis sûr.
— Tu ne changeras jamais, toi ? Arrête de m'appeler comme ça ! râla-t-elle.
— Tu crois vraiment que les gens changent au bout de plusieurs millions d'années ?

Marinette et Adrien avaient encore plein de questions à poser à leurs kwamis, plein de choses encore à évoquer l'un avec l'autre aussi. Malheureusement pour eux, le téléphone d'Adrien sonna, les faisant sursauter tous deux.

S'excusant auprès de Marinette et des kwamis pour l'interruption, il décrocha sans enthousiasme. Stricte et factuelle, Nathalie lui demanda s'il avait bientôt terminé sa session de travail, car il se faisait tard. En soupirant, il répondit qu'il allait rentrer, mais qu'il faudrait sûrement qu'il revienne un autre jour, car ils n'avaient pu terminer.

Le jeune homme doutait beaucoup de lui en disant ces derniers mots. Cela ne se faisait pas, de s'inviter ainsi chez les gens. Mais Marinette hocha fermement la tête en signe d'approbation et Adrien se sentit passablement plus léger. Au moins, sa Lady ne le rejetait pas, et semblait tout à fait prête à discuter à nouveau avec lui ainsi.

Il raccrocha en soupirant, et lui indiqua que son chauffeur serait bientôt là, avec l'air d'un condamné sur le visage. La jeune fille grimaça et lui souffla avec hésitation :
— On dirait que la pluie se calme... Si ça se confirme, on pourrait se retrouver pour patrouiller, tout à l'heure... enfin si tu veux bien, hein !

Le cœur réchauffé à cette pensée, il opina avec enthousiasme, et ils convinrent de fixer leur rendez-vous précis par SMS, afin de ne pas risquer de s'attendre pour rien. À regret, Adrien ramassa son sac et rappela Plagg, qui se glissa dans sa chemise..

Le jeune homme regarda sa partenaire en se frottant la nuque avec embarras. Il n'avait aucune envie de la quitter, mais aucune excuse pour rester. Au moins, savoir qu'elle acceptait de le revoir comme ça était rassurant. Pris d'une impulsion subite, il ne put s'empêcher de lui faire une proposition qu'il craignit aussitôt qu'elle ne refuse.

— Peut-être... peut-être qu'on pourrait renforcer notre lien d'équipe, enfin de binôme, comme Plagg a dit, en faisant des trucs ensemble, si tu es d'accord ? Comme jouer à Ultimate Mecha Strike III, ou bien aller au cinéma si j'arrive à me libérer, ou bien des trucs comme ça ?

À son grand soulagement, Marinette accepta sans la moindre hésitation et avec un large sourire.

— Tu as raison, c'est une bonne idée. Tu t'es entraîné, depuis la dernière fois ?
— Oui, mais tout seul, ce n'est pas pareil, indiqua-t-il en haussant les épaules. C'est presque trop simple. Je préfère jouer avec toi. Même si c'est beaucoup plus facile derrière un écran qu'à l'intérieur de l'un des robots !

Ils éclatèrent de rire ensemble au souvenir de leur combat contre le Gamer avant de se diriger vers la rue, le chauffeur d'Adrien lui ayant envoyé un message pour lui indiquer qu'il l'attendait. Le jeune homme ne pensait pas qu'elle le suivrait jusque-là, mais en eut le cœur étrangement réchauffé.

Savoir qu'il comptait au moins un peu pour elle lui faisait un bien fou, même s'il tentait de s'en défendre. Elle était tellement importante pour lui, et d'autant plus désormais qu'il savait qu'elle l'était doublement. Ce n'était certainement pas le moment de faire l'imbécile et de risquer de la perdre, certainement pas, donc, le moment de tenter la moindre forme de séduction..

Un peu gênés l'un et l'autre, ils se dirent au revoir sous le regard bovin du chauffeur d'Adrien, avant que le jeune homme ne montât en voiture avec un soupir. Durant le trajet retour, il ne put s'empêcher de croiser les doigts pour que la pluie cessât pour de bon, afin qu'ils pussent se retrouver pour la patrouille qu'elle avait évoquée.

La (très) grosse bourde de Chat NoirWhere stories live. Discover now