Chapitre 3

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Le lendemain matin, Adrien émergea du sommeil avec une étrange impression de malaise. Il lui semblait avoir fait un rêve particulièrement prenant, mais n'arrivait pas à remettre la main dessus. Le jeune homme se frotta les yeux, tout en bâillant. Décidément, la pensée de ce rêve le minait. De quoi avait-il donc bien rêvé ? De sa Lady, peut-être... ?

Il n'eut pas le loisir d'y réfléchir davantage. En effet, très vite, Plagg était entré dans son champ de vision pour lui réclamer du camembert. Le jeune homme leva les yeux au ciel, avant d'ouvrir le petit frigo de sa chambre afin d'en sortir une tranche de fromage pour son kwami, qu'il lui tendit avec un sourire indulgent et amusé. Il savait très bien que celui-ci était capable de se servir tout seul, puisqu'il pouvait passer à travers la porte, et qu'il ne s'en privait pas lorsqu'il le voulait vraiment.

Après avoir engouffré son morceau de camembert avec sa gloutonnerie habituelle, Plagg se tourna vers son porteur et le regarda avec curiosité.

— Alors, prêt à affronter cette journée, Roméo ?

Le jeune homme fronça les sourcils. Pourquoi son kwami lui disait-il cela ? Il bâilla une fois de plus, et eut brusquement l'impression de recevoir une douche glacée. Les souvenirs affluèrent à sa mémoire comme un flux tourbillonnant. Il s'agissait bien de sa Lady, mais... Ce n'était pas un rêve... C'était tout sauf un rêve. Et lui était un parfait imbécile.

Il n'avait pas été capable de s'apercevoir, alors qu'il côtoyait quasiment tous les jours et Ladybug et Marinette... qu'il s'agissait d'une seule et même personne. La fille la plus merveilleuse, la plus extraordinaire du monde entier. Elle était intelligente, créative, altruiste, une excellente meneuse, en un mot douée pour tout. Et tout autant d'un côté de son masque que de l'autre, au point que le jeune homme se demandait comment il n'avait pas fait le rapprochement jusque-là.

Bref, la fille qu'il aimait s'avérait être encore plus sensationnelle que ce qu'il avait cru jusque-là. Ladybug était Marinette et Marinette était Ladybug. Marinette était son amie... Une amie très spéciale, à vrai dire, parce que, depuis leur réconciliation sous la pluie, au tout début de l'année scolaire, sa présence lui avait toujours fait chaud au cœur. Et elle était tellement adorable, avec ses rougissements et la manière dont elle sursautait, parfois !

D'ailleurs, à bien y repenser, il y avait eu quelques fois, bien que rares, où Ladybug s'était comportée d'une manière similaire devant lui, dans des moments où il ne portait pas son masque. Cela aurait pu, peut-être même aurait dû, lui mettre la puce à l'oreille. Oui, mais voilà : lui-même était bien trop troublé par la présence de sa partenaire, dont il était follement amoureux, pour être capable de raisonner objectivement dans ces moments-là.

Ladybug était Marinette, et Marinette était Ladybug. Cette pensée ne cessait de tourner dans la tête d'Adrien. C'était... d'une certaine manière, c'était bien trop beau pour être vrai. C'était peut-être pour cela qu'il n'avait jamais osé faire le rapprochement, en fait. Que Ladybug soit Marinette la rendait encore plus époustouflante que ce qu'il croyait jusque-là. Mais, malheureusement, cela la mettait surtout davantage encore hors de sa portée.

D'autant plus que, comme il en était certain, il avait gâché toutes ses chances avec elle : il avait trahi sa confiance de la pire des manières... Il le savait, pourtant, depuis des mois qu'ils combattaient ensemble, qu'elle tenait au secret de leurs identités. Il savait que c'était une question de sécurité. Jusque-là, il avait toujours soigneusement veillé à respecter la demande de sa Lady, malgré son désir profond de partager leurs identités.

S'il avait pu le faire, Adrien aurait remonté le temps, rien que pour ne pas la perdre. Car le bonheur immense de savoir enfin qui elle était et, encore plus extraordinaire, de savoir qu'elle avait été à ses côtés tout ce temps, était mêlé à l'horrible douleur de l'avoir faite fuir loin de lui. À chaque fois que l'image de l'expression choquée sur le visage de sa partenaire lui revenait en mémoire, il avait une horrible boule dans la gorge.

Mais le temps passait, et Adrien sursauta vivement lorsque l'on frappa à la porte de sa chambre. Tandis que Plagg se glissait prestement dans l'une de ses cachettes habituelles, le jeune homme invita la personne à entrer. Nathalie tourna la poignée et passa la tête par l'embrasure de la porte, un air passablement inquiet sur le visage.

— Vous allez bien, Adrien ?

— Euh... oui, oui, oui... répondit-il précipitamment tout en se frottant la nuque.

— Vous n'avez pas entendu votre réveil, peut-être ? Il est quasiment l'heure à laquelle votre chauffeur vous emmène au collège.

— Oh, déjà ? Je vais vite me préparer !

— À moins que vous ne soyez malade ? Auquel cas vous pouvez rester ici, bien sûr.

— Non ! s'exclama-t-il d'une voix forte. Euh... Je veux dire, reprit-il poliment, je vous remercie Nathalie, mais je me sens très bien, je peux parfaitement aller au collège. Pouvez-vous avoir la gentillesse de demander aux cuisines que l'on me fasse un petit déjeuner à emporter, s'il vous plaît, le temps que je me prépare ?

— Bien sûr. Vous le trouverez sur la table de la salle à manger.

— Merci beaucoup, Nathalie ! s'exclama-t-il, soulagé.

Lorsqu'Adrien poussa la porte de la salle des casiers, ce matin-là, son regard fut aussitôt attiré par Marinette. Marinette, sa Lady ! Troublé, le cœur battant à tout rompre, il s'arrêta à l'entrée de la pièce, tout à la contemplation de la fille qui hantait ses moindres pensées. Et qui les hantait d'autant plus depuis la veille au soir. Réalisant pleinement en la voyant à quel point Marinette avait toujours été spéciale pour lui, à quel point elle lui avait toujours été chère.

D'autres personnes étaient présentes dans la pièce, à commencer par Alya, en pleine discussion avec sa meilleure amie, ou bien Nino, en train de ranger des choses dans son propre casier. Mais il n'y avait pas pris garde, trop concentré sur Marinette. Celle-ci referma son casier et se tourna vers la porte afin de rejoindre leur classe. Leurs regards se croisèrent, et ils se mirent tous deux à rougir. Fort de son éducation, Adrien s'obligea néanmoins à prendre sur lui-même. S'avançant vers elle, il déglutit nerveusement avant de la saluer poliment.

Toujours aussi rouge, Marinette balbutia des mots sans queue ni tête en guise de réponse et s'enfuit à toutes jambes, passant la porte sans même le frôler. Adrien eut l'impression que son cœur plongeait dans son estomac et son sourire factice se fana. Au moins, avant de savoir qu'il était Chat Noir, elle ne le fuyait pas comme ça... Il avait vraiment l'impression d'avoir détruit leur partenariat, et ne pouvait s'empêcher d'avoir un goût amer dans la bouche.

Figé sur place, Adrien ne remarqua pas qu'Alya et Nino échangeaient quelques mots. Ce fut seulement lorsque son meilleur ami lui toucha le bras, après avoir plusieurs fois tenté de lui parler sans succès, qu'il sembla sortir de sa transe.

— Tout va bien, mon pote ? lui demanda Nino avec sollicitude lorsqu'il tourna la tête vers lui.

— Ouais, ouais... répondit Adrien sur un ton évasif, peu désireux d'entrer dans les détails avec qui que ce soit à part elle.

— C'est Marinette qui te fait cet effet-là ? vérifia Nino sur un ton curieux.

Adrien rougit si fort que Nino écarquilla les yeux. Il leva ensuite un sourcil face aux dénégations enfiévrées et embrouillées de son meilleur ami. Ça ne ressemblait pas du tout à Adrien, un tel comportement... À vrai dire, cela ressemblait plutôt à Marinette vis à vis d'Adrien. Cette pensée fit ricaner le jeune DJ. Décidément, Alya avait raison, ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre.

Nino finit par tapoter amicalement l'épaule d'Adrien.

— Allez, mon pote, t'en fais pas ! Je suis sûr que ça va aller, t'inquiète.

Adrien grogna, au grand amusement de son meilleur ami. Celui-ci ne réalisait pas l'ampleur du problème ! Il s'était méchamment mis dans le pétrin, et il aurait de la chance si elle acceptait de lui reparler vraiment un jour. En même temps, il n'était pas forcément pressé de parler à nouveau à Marinette. À cause de ce qu'il avait fait, elle n'aurait peut-être plus jamais confiance en lui. Et elle voudrait peut-être aussi le remplacer par Rena Rouge et Carapace...

Sans même réaliser qu'il n'était pas allé déposer dans son casier les affaires dont il n'aurait pas besoin durant la matinée, Adrien suivit Nino jusqu'à leur salle de classe en traînant les pieds, plein d'appréhension à l'idée de la colère méritée que lui ferait certainement subir Ladybug à la première occasion, loin des oreilles indiscrètes, qu'elle trouverait.

La (très) grosse bourde de Chat NoirΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα