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Quelques jours après leur arrivée, Cléophée et Amiel se promenaient et exploraient la cité d'Arbollis pendant que Morad rencontraient le Roi Bahr et que Paige se reposait.

- Paige a hâte de venir vivre avec moi à Céfir, lui dit Amiel à voix basse alors qu'ils marchaient dans la forêt reposante.

C'était devenu normal de chuchoter en tout temps.

Cléophée s'immobilisa, surprise. Elle croyait que Paige et lui habiteraient avec Morad et elle à Atlansià. Tous les quatre, ensemble.

- Vous allez retourner à Céfir ? s'étonna Cléophée.

- Oui, lorsque tout sera rentré dans l'ordre entre les esprits de la nature et les humains. Et lorsque nous aurons visité quelques villes ensemble tel que promis. Je n'ai pas oublié.

Cléophée eut un petit sourire triste.

- Je sais, mais lorsque ce sera terminé, nous serons séparés, alors que nous nous étions jurer de rester ensemble pour toujours...

- Je sais, mais nous n'avions pas encore trouvé l'amour, dit Amiel. Je n'aurais d'ailleurs jamais pensé que tu te fiancerais au Roi d'Atlansìa. Ce n'est pas moi qui pars ; c'est toi.

La jeune fille soupira.

- Pourquoi Paige et toi ne viendriez-vous pas habiter avec nous ? Nous pourrions nous voir tous les jours et nous ferions plein d'activités tous les quatre. Ce serait amusant !

Son ami secoua la tête.

- Elle ne veut pas. Atlansìa lui rappelle de mauvais souvenirs et, à l'exception de quelques visites de temps à autres, elle ne veut pas rester là-bas.

- Je crois plutôt qu'elle veut nous séparer, toi et moi.

Amiel fronça les sourcils et son visage devint furieux.

- Comment peux-tu dire cela ? Elle sait que tu comptes beaucoup pour moi...

- Mais elle préfère t'avoir pour elle seule.

Le Semi-Syrès éleva la voix.

- Je t'interdis de la juger. Je viens de Céfir et j'y retournerai. S'il y a bien quelqu'un qui veut te garder pour lui seul, c'est Morad. Si tu pars vivre avec lui, tu seras séparée de ta famille et de tous ceux que tu aimes. C'est vraiment ce que tu veux ?

- Ma famille ! s'écria Cléophée, hors d'elle. Quelle famille ? Mes parents ont déménagé et m'ont laissée seule dans leur ancienne maison. Pendant tout le temps que j'ai été à Céfir, tu n'es même pas venu me voir. Je ne manquerai à personne, tandis que Morad m'aime !

- Ce n'est pas toi qu'il aime, c'est Donoma.

La jeune fille resta interdite pendant un moment et fut incapable de prononcer un seul mot. Amiel n'avait jamais été méchant avec elle, mais cette fois-ci, elle sut que leur amitié venait de se briser.

- Cléo, dit-il, Morad a été attirée par toi parce que Donoma et toi êtes la même personne.

- Tu racontes n'importe quoi.

- Non. Bess a failli mourir il y a cinquante ans et une Sièlstre l'a sauvée : elle s'appelait Donoma.

- Elle était une Sièlstre ? s'étonna Cléophée. Morad ne me l'a jamais mentionné.

- Je n'en doute pas. Sais-tu pourquoi elle a sauvé ta mère ? Parce que, selon ses dires, Bess serait la clé des retrouvailles entre Morad et elle. Elle lui a alors promis de se réincarner afin qu'ils se retrouvent un jour.

- Je ne vois toujours pas quel est le rapport, affirma Cléophée.

- Tu es la réincarnation de Donoma. Les preuves ne manquent pas. Tu fais des rêves de ton ancienne vie, tu éprouves de puissants sentiments pour Morad et tu as le pouvoir de résurrection. Seuls une Sièlstre le peut.

Cléophée était estomaquée. Elle ne voulait pas y croire, mais une petite voix en elle lui disait que c'était la vérité. De plus, le fait que son Skadowee représentait l'Amérindienne prenait désormais tout son sens.

- Morad a été attiré par ton âme dès la première fois qu'il t'a vue. Au début, il ne savait pas qui tu étais, mais il a très vite fait le lien.

La jeune fille se remémora les rêves qu'elle avait fait. En vérité, c'était ceux de son autre vie, alors qu'elle incarnait Donoma.

- Je suis désolé, Cléo, mais Morad n'est avec toi que parce qu'il a retrouvé l'âme de Donoma. Je voulais te le dire avant, mais le bon moment ne s'est jamais présenté. Il t'a dissimulé la vérité depuis le début.

Cléophée sentit son cœur se briser en mille miettes. Elle en tomba à genoux. Elle qui croyait que Morad l'aimait, elle s'était trompée ! Elle poussa un cri de rage et de douleur, puis éclata en sanglots.

- Je suis désolé, répéta Amiel et s'agenouillant à ses côtés.

- Vas-t-en, lui dit Cléophée, le visage dans ses mains.

- Non, je ne veux pas te laisser seule.

- Laisse-moi ! s'écria-t-elle en se relevant rapidement.

Elle se mit à courir à travers les arbres, en pleurs. Morad s'était immédiatement rendu compte de la détresse de Cléophée, et il avait compris ce qui avait pu provoquer une telle réaction chez elle. Il entreprit de la chercher, mais ce n'était pas chose aisée à Arbollis.

La jeune fille, quant à elle, ne voyait plus où elle mettait les pieds, les larmes l'aveuglant, et elle percuta ainsi un arbre de plein fouet. Elle s'affaissa contre son tronc, ses pleurs redoublant. Ce n'est que lorsqu'elle entendit une voix qu'elle sursauta :

- On peut dire que ton arrivée est assez percutante, ma chère. 

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Where stories live. Discover now