17*Cassiopée à Inverness

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Ho,merde. Il pleut.

J'ai faim.

Je suis fatigué.

Je suis perdue.

Les chaussures à talons que j'ai acheté vont prendre l'eau.

Mes cheveux vont devenir une masse informe et hirsute.

Mon maquillage va couler.

Et ma dignité aussi, je présume.

Soit ! Je prends les choses en main. Je suis en pleine rue, les passants sortent leurs parapluies ou leurs anoraks, la circulation dans la rue se fais plus pressante, et les gens se réfugient dans des boutiques. Après quelques magasins je me suis rendu compte de mon incapacité à communiquer avec les écossais. Leurs accents est à couper au couteau et ils ne savent parler que l'anglais ou le patois. Je n'ai pas un super niveau d'anglais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, et mon incompréhension est au summum. Je suis habituée à l'anglais des collèges parisiens, pas à celui des écossais pure souche. Même pour demander si les soldes comprennent aussi ces rayons de nouveautés, les vendeuses me regardent avec un air perplexe. Et me juge. Oui, c'est vraiment le pire. Que les gens te regardent comme si tu n'étais rien, en appliquant leurs propres préjugés sur toi, alors que tu ne veux rien de tout ça. Je veux juste faire du shopping, arrêtez de me regarder comme une moins que rien, et essayez de me comprendre ! Bien sûr, je ne leur dis rien de tout ça. Je balaie d'une main ce que j'ai demandé devant la vendeuse rousse, ou la serveuse aux piercings et je pars rouge tomate. Je déteste me faire humilier, encore plus dans une situation pareille. Mon visage me brûle, mes mains tremblent, et je fais encore plus de bêtise qu'a l'arrivée. Oui, c'est vraiment le pire.

Maintenant, l'eau me dégouline du visage, et rien ne peut m'abriter. Ils ne rigolent pas avec leurs "petites pluie à 15h" ! C'est comme les orages de Thaïlande ! Je fais un pas mais je glisse sur le pavé mouillé, et je reprends mon équilibre. Au revoir le style, bonjour l'anorak fluo. Avec un soupir, je le cherche dans mon sac. J'essaie par la même occasion de me chercher un abri alors je vais au milieu de la rue piétonnes, où les gens se pressent, pour trouver un abri. Le nez dans mon sac, je ne pouvais certainement pas voir la personne qui arrivait en courant. Et qui me percute. Violemment. Je crie :

-Hé ! Vous ne pouvez pas faire attention ? Merde, alors !

C'est devant son regard médusé que je comprends que j'ai parlé en français. je le fixe pour qu'il comprenne que il peut partir, que c'est ce que normalement les bousculeurs font. Vous savez, ils vous bousculent, vous murmure un "désolé", et repartent de plus belle, pour aller bousculer une autre personne, là-bas, un peu plus loin.

Je commence à ramasser mes affaires éparpillées par terre, sur le sol inondé. Et là, il parle. D'une voix grave où, même sans le regarder tu peux deviner un sourire au coin, et une effronterie dans le regard.

-Je vais t'aider à ramasser. Tu vas bien ?

Il me tend ma paire d'écouteur. Je la prends, et la range dans mon sac. Il se relève et me tends sa main. Je la prends et me rends compte qu'il a parlé français. Je m'exclame :

-T'a parlé français !

Il rigole :

-Ouais, mad'moiselle ! Enchanté, moi c'est Aïdan.

Sa paume est douche et chaude, alors que la mienne est frigorifiée. Je lui lâche la main et lui souris brièvement.

-Ouais, salut. Tu pourrais me dire où je peux aller pour manger et qu'on me comprenne ?

Il reprend ma main.

-Je suis ton homme.

Et il commence à courir à travers la ville. Je ne mémorise pas les rues et les virages qu'il prend, mais je sais qu'il porte un sweat noir, sur un jean noir. Et qu'il a les cheveux noirs. Mi-longs. Je déteste les cheveux longs. Au bout d'un moment, il s'arrête et me désigne de sa main :

CassiopeiaWhere stories live. Discover now