2*Pauline

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Oui, le divorce a été l'une des périodes les plus difficiles de ma vie. Sans que je m'en rende compte, je m'effaçais petit à petit et mon mari, que dis-je, mon ex-mari, n'a plus donné de nouvelle depuis. C'était il y a 10 ans. On s'était rencontré lorsqu'il était de passage en Ecosse, pendant ses vacances. Moi, je n'étais qu'une fille de bergère et je n'avais jamais rencontré de garçon qui m'avait fait autant d'effet à part cet amour, mon seul et unique amour jusqu'alors. Il s'appelait François. Il était français, comme Pierre-mon-ex-mari. Lui n'était pas en vacances lorsque je l'ai rencontré mais ses parents avaient décidé de venir vivre en Ecosse. Quand je l'ai vu, j'ai tout de suite su. Il allait devenir mon premier amour et j'espérais mon seul et unique. Mon vœu s'est réalisé, dans un sens. Quand j'ai rencontré Pierre, je n'avais pas vraiment oublié François. Alors, j'ai sauté sur l'occasion pour l'oublier et je me suis exilé en France avec Pierre. Une grosse erreur, comme je l'ai constaté plus tard. Pierre était un homme à femme et il aimait bouger, ne pas se posé. J'ai toujours dit qu'il voulait garder sa jeunesse, en agissant comme ça. Il n'a pas supporté le fait de rester plusieurs années au même endroit, et avec la même femme. Je ne lui suffisais pas, mais j'étais tombée éperdument amoureuse de lui, comme obsédé. Il était devenu ma raison de vivre, celle pour qui j'avais quitté mon pays ! Il me maintenait en vie car je n'étais pas à ma place en France. Et surtout à Paris. Les gens étaient trop hypocrites, pas assez authentique. J'avais vécu dans l'authenticité toute ma vie, alors être devenue une parisienne mondaine qui suivait son mari dans toutes les fêtes et les occasions ne m'a pas réussi. Quand il m'a quitté, parce que l'arrivée de notre fille a était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il m'a avoué qu'il voyait une autre femme et qu'il ne supportait plus vivre avec moi. Les mots étaient durs et depuis je ne cesse de me les repasser dans ma tête. Cassiopée avait alors 5 ans. On avait déménagé à Paris pour son travail, et là, il voulait déménager chez l'autre femme. Je n'ai jamais cherché à savoir qui elle était, j'étais trop occupé à détester Pierre et je n'avais pas assez de haine pour eux-deux.

Quand il est parti, c'était ma fille qui me faisait tenir. Le jour de son anniversaire, le 11 mai, il n'a même pas appelé, alors j'ai su que je l'avais perdu. Pour toujours. Je suis resté à Paris pour que Cassiopée ai un environnement stable. Je n'avais pas fait d'étude, j'avais quitté l'Ecosse trop tôt. J'avais seulement mes maigres connaissances en animaux, étant donné que j'avais passé mon enfance dans une ferme. Mes visites en Ecosse se sont raréfiées au fil du temps que je me refermais sur moi-même. C'était dure. Et ça l'étais encore plus lorsque j'ai pris la décision d'aller vivre en Ecosse. Il fut un temps, Cassiopée avait conscience de l'absence de père et ça lui manquait. Elle a commencé à se faire des problèmes et beaucoup d'actes qualifiés de "délinquance" par le psy qui la suivait. J'ai arrêté nos rendez-vous avec ce psy. Alors, j'ai tout fait pour elle. Je l'ai changé d'école, et j'ai modifier mon éducation qui était instable. J'ai tout fait pour que sa vie soit stable, justement. J'étais rationnelle, logique, je faisais tout pour être une bonne mère. Mais quelque chose me manquait. L'amour. A force de tout faire pour les autres, j'en manquait moi-même alors comment pouvais-je en donner aux autres personnes ? Finalement, elle évoluait dans cet environnement et quoi qu'elle en dise, ça l'a calmée. Elle s'est faite de nouveaux amis et même un petit copain ! Il venait parfois. Mais moi, je n'en pouvais plus. Je n'étais pas heureuse. Cela faisait 2 ans que je n'avais pas vus mes parents, et c'est quand ils m'ont appelé pour mon anniversaire et que j'ai répondus (je n'avais pas assez de force pour leur faire croire que tout allait bien) que je me suis rendu compte que je n'allais pas bien.

Face à leur sollicitude j'ai fondu en larme accroché à mon portable. Ils m'ont dit de revenir. Et j'ai accepté. Enfin quelque chose que je faisais pour moi ! Mais quand je l'ai dit à Cassiopée, ça ne lui a pas plu. Forcement. Elle est allée pleurer dans sa chambre et je ne l'ai pas revu pendant deux jours. Puis, elle est sortie l'annoncer à ses amis. Cassiopée est une enfant rationnelle, comme je l'ai élevé. Elle n'aime pas qu'on chamboule son monde si ce n'est pas elle qui provoque ce changement. Elle a vite renoncé à plaider sa cause et a accepté la situation. Je pense qu'elle ne s'est jamais vraiment rendu compte de ma souffrance.

Sa nouvelle teinture de cheveux, noir au lieu de sa couleur naturelle, du beau auburn, m'a fait un choc. Elle savait que j'adorais ses cheveux (et elle aussi les adorait !). Elle est naturellement pourvue de cynisme et d'humour noir, un trait qu'elle tient de son père mais que j'ai encouragé lors de mon changement d'éducation. Ça lui a valu certains problèmes, quand elle se frottait à des plus forts qu'elle mais elle ne l'avait jamais utilisé contre moi. Quand elle l'a fait, ce fameux soir de la découverte de sa coiffure, j'ai été déstabilisé. Encore une autre facette de ma fille que je n'avais jamais expérimentée. Ce voyage allait nous faire redécouvrir l'une l'autre.

Je n'ai été témoin de sa tristesse seulement quand je l'ai vu pendus aux bras de sa meilleure amie, Briana, en pleurs lors du départ. Elle a encore plus pleuré que quand je lui avais annoncé notre exil. J'avoue que ça m'a brisé le cœur. Et que j'ai faillis renoncer à mon projet.

CassiopeiaOn viuen les histories. Descobreix ara