4*Cassiopée

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Je déteste les toilettes sans ouvertures. Je ne suis pas claustrophobe mais imaginez que votre verrou se bloque ? Vous serez bien content d'avoir une issue par où s'enfuir ! Et puis, les toilettes entièrement fermées ce n'est pas rassurant. Voilà à quoi je pensais, assise sur les toilettes de l'aéroport, en contemplant l'ouverture à mes pieds.

-Cassiopée !! Notre vol part dans une demi-heure ! On n'a pas le temps pour tes conneries.

Désolé, Maman, mais je ne compte pas sortir d'ici. Je ne lui ai pas répondu. Mais c'était sans compter la persévérance de ma mère, décidé à me faire sortir du cabinet de toilette. Même s'ils étaient très confortables. Elle passa au crible tous les cabinets en regardant par en dessus, et me trouva, au dernier. Elle passa sa main sous l'ouverture et me piqua mon sac, qui était à mes pieds. Et pour finir son opération sauvetage-de-Cassiopée-au-toilette elle tambourina contre la porte. Ce qui ne me laissait aucun choix, je devais ouvrir. J'imaginais toutes les femmes qui étaient là, assistant à la scène. Et je détestais être au centre de l'attention. Tient, devrais faire une liste de toutes les choses que je déteste ! En soupirant, j'ouvrais la porte. Ma mère apparus, visiblement très énervés et la peau toute rouge. Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et me dis, tout bas :

-Tu as une minute pour me suivre hors de ses toilettes, ou sinon tu seras puni de sortie et de téléphone dès notre arrivés chez tes grands-parents.

Elle me fit un sourire de façade et sortis en trombe des toilettes. Sentant des regards sur moi, j'adressa un sourire d'excuse dans le vide et me dirigea vers les lavabos. Si je devais vous donner un conseil pour faire baisser votre tension, ce serez de vous lavez les mains. Je ne sais pas pourquoi, ça me calme. Alors je me lave les mains et me jette de l'eau sur mon visage. J'inspecte mon reflet attentivement. Un visage rond, que j'essaie de faire paraître mature grâce au maquillage et à ma coiffure. Des yeux bleu-gris. Mon carré court noir. Mon long cou, et mes larges épaules. Un grand nez. Des sourcils trop épais. Des grandes paupières qui me donnent toujours un air ébahi. Oui, je n'aime pas trop ce que je vois. J'inspecte ma tenue. J'aime toujours bien m'habiller et mon gout pour la mode est une des choses qui ne changera jamais chez moi. Je porte un legging pour être à l'aise pendant le vol, noir. Et un énorme sweet-shirt noir lui aussi, à capuche. Dans sa poche, j'ai mes écouteurs et mon téléphone. Je soupire et sors un gloss de mon sac, que ma mère a jeté à mes pieds. Je l'applique. Le gloss est le seul maquillage que je me permets, aujourd'hui. Je déteste vraiment l'avion.

Je rejoins ma mère dehors. Elle me lance un regard, empoigne sa valise et part à grandes enjambés dans une direction. Je suppose que je n'ai pas le choix. Je la suis à travers le grand aéroport de Roissy.  

***

Je m'assois à côté de ma mère, pour 3h40 de vol. Elle me sourit et commence à me parler :

- Ma chérie. Je ne sais pas si tu avais remarqué mais j'étais très malheureuse à Paris. Il fallait que je change d'air, de ville. Et pour ça, il fallait que tu quittes tes amis. Mais je n'avais jamais voulu ça, tu sais ? Tout ce que je demandais c'était d'être à nouveau heureuse après le départ de ton père. Mais je n'arrivais pas donc... Elle leva ses yeux au plafond. Je devais partir. Et je m'excuse de t'avoir poussé à quitter Paris.

Elle me fixa en attente d'une réponse. Non, je n'avais jamais remarqué à quel point elle était malheureuse. Mais on n'était tout de même pas obligé de quitter la France ! Je lui en voulais pour ça. Mais pour plus encore. Je lui en voulais de m'avoir caché sa tristesse, et de s'être réfugier dans le travail et dans le déni. Et j'en voulais aussi à Papa, de nous avoir laisser. Puis-je encore d'ailleurs l'appeler Papa ? Je m'apprêtais à lui répondre lorsque l'hôtesse de l'air entrepris de nous montrer les gestes de secours. On n'aurait pas pu faire aussi mauvais timing.

Je soupirai et mis mes écouteurs contre mes oreilles. Je sortis Les hauts de hurlevent de ma poche et je me calai sur le siège peu confortable. C'est partis pour 3h40 de vol, en route pour Inverness !



CassiopeiaWhere stories live. Discover now