Chapitre 58 Tyler (Tome 2)

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Depuis le début de la journée, j'enchaînais vidange sur vidange au garage, à croire que tous les clients s'étaient passé le mot. C'était dingue !

J'avais les mains remplies d'huile à moteur, ainsi que mon t-shirt et mon front. Après tout ce temps, j'aurais dû être habitué à la saleté de ce travail, à avoir de la crasse en permanence sur les mains ou même dans mes cheveux, mais à croire que je ne m'y ferais jamais, même si j'adorais ce job. Selon moi, c'était le seul inconvénient. Non que ça me dérange, mais à la longue c'était assez frustrant. Selon Dom, d'ici quelques années, je n'y ferais tout simplement plus du tout attention, que ce n'était ni plus ni moins qu'une question d'habitude.

J'avais hâte de terminer ma journée, ayant pris le jeudi et le vendredi afin de pouvoir partir en long week-end à Holly Beach avec Elena. Nous en avions bien besoin, le fait de changer de décor, de paysage, m'aiderait sans aucun doute à me détendre et à faire le vide. Je pourrai pendant ces quatre jours tout oublier de ma vie à Dayton, ou n'importe quelle chose qui me reliait au gang. Là-bas, loin de tout ce que je connaissais, rien ne pourrait m'atteindre.

Les deux dernières semaines s'étaient relativement bien déroulées, toutefois, je restais sur le qui-vive, n'arrivant pas à lâcher prise totalement. J'étais toujours à l'affut que quelque chose de tordu se produise. Et la visite de ce crétin de Miles l'autre jour à Elena n'avait pas vraiment arrangé les choses.

J'avais donné son espace à mi angel, ne lui demandant à aucun moment ce qu'elle comptait faire vis-à-vis de ce que ce débile lui avait demandé. Cependant, je mentirais si je ne disais pas avoir vraiment envie de savoir ce qu'elle comptait bien faire en fin de comptes.

Ces derniers jours, depuis le début des vacances de spring break, je m'étais surtout consacré à mon travail au garage. Je commençais à huit heures et terminais à vingt heures, cherchant toujours un prétexte pour rester à chaque fois plus longtemps. Le fait de travailler m'occupait l'esprit et m'empêchait ainsi de trop cogiter.

J'essayais de me montrer détaché en présence d'Elie, de lui faire croire que tout allait mieux et certes, d'un côté c'était le cas, mais je ne pouvais tout simplement pas dissoudre toutes mes préoccupations d'un simple claquement de doigts. J'aurais voulu, mas ce n'était tout bonnement pas possible.

Tant que j'aurais cette dette envers le gangs et que ce connard de Jay respirerait, rien n'irait. J'avais confiance en Elie, c'était en Reid que j'en avais pas. Comment aurais-je pu après toutes ces années ? Il essayait peut-être de changer comme Elena prétendait, mais ne saisirait-il pas l'opportunité pour me rabaisser et m'humilier ?

J'étais prêt à ravaler mon orgueil. Je ferais vraiment n'importe quoi pour m'enlever ce poids des épaules une bonne fois pour toutes, je voulais tout laisser derrière moi et entamer une nouvelle vie auprès de la personne que j'aimais, loin de Dayton et de ce que nous connaissions. Un endroit où nous pourrions construire des souvenirs ensemble sans craindre de se rappeler de mauvaises choses. C'était mon souhait le plus cher. Mais en même temps, je serais redevable à Reid pour toujours. Et s'il m'aidait, il ne le ferait pas à cause du sang commun qui coulait dans nos veines, non, il le ferait pour Elena. J'avais l'impression qu'il ferait tout pour elle.

Mais comme j'avais déjà dit, je n'allais pas faire mon difficile alors que je voyais enfin un peu d'espoir face à ma situation critique. Non, il fallait se montrer pratique. Mon orgueil démesuré devait cette fois rester dans un coin et ne pas s'interposer entre moi et ma liberté.

C'était un reproche qu'on me faisait beaucoup, ma mère la première. Elle avait toujours dit que j'étais borné et têtu comme une mule. Mais aussi que mon orgueil causerait ma perte, et pour le coup, elle n'avait pas eu tort. Il m'avait créé bien des problèmes au fil des années. Elle m'avait une fois dit que je ressemblais énormément à mon père de ce côté-là, qu'à chaque fois que je me montrais orgueilleux, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Après cette révélation, j'aurais sans aucun doute dû m'en débarrasser, voulant lui ressembler le moins possible, mais il m'en était tout simplement impossible. Cela faisait partie de moi et je devais apprendre à le maîtriser, comme j'essayais de le faire avec les autres facettes de ma personnalité.

Paradis Brisé (Tome 2 de Paradis Secret) ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant