ғᴀʟʟ ᴅᴏᴡɴ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

³| << S'excuser...? >>

Finalement qui est le plus détruit de nous deux ?

Je rêvasse un peu maussade depuis plus d'une heure devant mon chocolat chaud, lorsqu'enfin j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Je suis rentré de ma journée de travail assez tôt aujourd'hui, alors que tu avais une journée assez longue pour ta part.

Résultat, c'est le regard fatigué mais noyé d' une lueur de contentement que tu poses ta main sur le dossier du canapé et rapproche ton visage du mien. Ton parfum masculin me fait chavirer et dans un mouvement consenti nos lèvres se lient.

Ce n'est que tendresse profonde, me faisant oublié où je suis, puis tu te recules et je caresse délicatement tes joues de mes doigts rendus chauds par le récipient de ma boisson. Tu me souris, les cernes de tes yeux remontant adorablement.

<< ta journée s'est bien passée ? >>

<< oui ça va, je suis tombé sur aucun client chiant. >>

<< tant mieux... >>

Souris-je, toi dégageant ton visage doux de mes mains. Tu baisses le regard, incertain, puis tu sors une enveloppe déchirée sur l'ouverture de ta poche de jean.

<< par contre, on a reçu une lettre du commissariat... >>

Un pic d'angoisse me prend alors que je suis dans l'incompréhension. Le simple mot commissariat me fait repenser au passé, à tout ça... Et ce n'est pas bon.

Tu souffles en sortant la lettre. Je vois que tu ne veux pas me dire ce qu'il y a dedans mais que tu l'as déjà lue, car tes orbes bruns me lancent un appel à l'aide. Tu cherches un moyen pour éviter le sujet pendant quelques secondes, mais finalement, tu capitules.

<< ils nous demande notre accord ou notre désaccord quand à la demande de Monsieur Jung Hoseok sur je cite "la demande d'une adresse où vous domicilez, Jeon Jungkook et/ou Kim Taehyung. Cette demande est motivée par la nécessité personnelle de vous rencontrer." >>

Un mutisme taciturne prend possession de tout l'appartement alors que je te regarde avec des yeux agrandis que je sais perdus. Jung Hoseok ? J'aurais voulu l'oublier mais malheureusement chaque regard et chaque coup de pied qu'il m'a donné je m'en souviens très bien.

<< je... >>

<< on va répondre non. >>

Me coupes-tu, prenant un visage fermé. Je referme ma bouche en suivant des yeux ton corps qui se dirige vers la cuisine. Faisant passer la lettre d'une main à l'autre pour ne pas la lâcher, tu retires ta lourde veste qui recouvrait ton costume de serveur.

Que faire ? Que dire ? Pourquoi je garde toujours le silence, pourquoi je te laisse décider à ma place ? Est-ce que j'ai peur de Hoseok ? Oui. Oui beaucoup. Mais, ce n'est pas Namjoon. Yoongi et Hoseok, ce n'est pas comme Namjoon. Peut-être que ce Jung a changé. Peut-être qu'il veut s'excuser.

<< peut-être qu'il veut s'excuser... ? >>

Tu te tournes vers moi, perplexe, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Tu sembles réfléchir à toute vitesse avant de venir vers moi toujours assis sur le canapé, me tendant la lettre.

Je te la prends lentement des mains et la déplie pour la lire en entier, tombant d'abord sur le bandeau de la police nationale. Il n'y a pas d'autre motif que "nécessité personnelle", mais le rôle de la police est de nous protéger après tout. S'il nous demande notre autorisation, c'est qu'ils savent qu'il n'y a pas de danger potentiel, ça doit être uniquement une histoire d'interdiction de divulguer des données personnelles sans autorisation.

Mais la question se pose quand-même. Suis-je assez fort aujourd'hui pour voir de nouveau le visage d'un de mes anciens agresseurs ? Je ne sais pas... Ça m'intrigue qu'il veuille me voir... Mais ma méfiance est grande. En plus, c'était aussi une espèce de "pote" pour toi, peut-être que tu as encore plus peur que moi de le revoir.

<< Taehyung... Mon cœur ne te prends pas la tête avec ça, on choisira demain, d'accord ? >>

Sur ces mots tu me retires délicatement la lettre des doigts, et nos regards se rencontrent. Tu me fais un petit sourire et je te le rends, ouvrant mes bras pour que tu t'y blotisses.

Tu t'assoies sur moi et m'enlaces, et je ne peux tout simplement pas m'empêcher de plonger ma tête dans ton cou. J'hume ton odeur chaude si rassurante, me sentant en sécurité dans tes bras qui se resserrent autour de mon corps.

Tu es là, avec moi, pour moi, je le sais, et j'en suis reconnaissant. Je sais que je suis devenu ta vie, ta perle. Et je sais que tu es ma coquille, qui me sublime, me protège, encaisse pour moi.

Et tout ça, tu le fais parce que tu m'aimes, mais aussi parce que tu crèves de culpabilité et de remords. Je le sais bien, et c'est ça qui me met mal. Savoir que certaines de tes attentions à mon égard ne sont pas vouées d'amour, mais de repentir, parce que tu t'en veux cruellement pour ce que tu m'as fait subir, ça m'attriste profondément.

Je sais que toi aussi tu as souffert, je le vois, je le sens, tu me le montres parfois. Et moi aussi je m'en veux, moi aussi je suis déçu de moi-même, car je n'ai pas ta force, car je ne t'épaule pas aussi bien que tu le fais.

<< Jungkook, serre-moi fort parce que tu m'aimes, et pas parce que tu veux te faire pardonner... >>

Mon murmure se perd dans tes mèches brunes, ces mèches que j'ai envie de caresser, puis tu souffles amusé dans mon cou, me faisant frissonner. Ta voix douce et grave me répond avec une espèce de malice.

<< et quelle est la différence, concrètement ? >>

<< je veux ressentir ton désir et non ta peine... >>

Tes bras qui entourent doucement mes épaules se desserrent un peu, puis je sens tes mains glisser rapidement sur mon dos avant que ta paume ne se pose sur ma hanche et mon épaule. Ta poigne se resserre autour de ma chute de reins et de mes omoplates, invitant la courbe de mon corps à imiter la tienne, collant possessivement mon corps au tient.

Mes mains se posent sur ta nuque alors que ton nez se frotte contre l'épiderme au creu de mon cou. Tes lèvres elles se mettent soudainement en avant, caressant ma gorge de leur douces formes humides. Je ferme les yeux, comme ça c'est parfait, je me sens bien, je me sens vivant, je me sens aimé.

Quand est-il de toi, te sens-tu aimé ?